Le droit de vote à 16 ans. Des élections à date fixe. Des référendums déclenchés par la seule volonté des citoyens. Que pensez-vous de ces propositions qui seront soumises au conseil national du Parti québécois?LES COMMENTAIRES DOIVENT ÊTRE SIGNÉS. MAXIMUM DE 150 MOTS.

Louis Bernard

Consultant et ancien haut fonctionnaire au gouvernement du Québec.

DISCUTER DE L'ACCESSOIRE POUR ÉVITER L'ESSENTIEL



Pour «faire de la politique autrement», le Parti québecois discutera encore une fois de la nécessité de modifier nos institutions démocratiques, comme si c'était là le problème. Il ne semble pas venir à l'esprit de nos politiciens que ce qui cloche, ce ne sont pas tant nos institutions elles-mêmes que la façon dont on les utilisent. Comme l'a dit le philosophe Alain: «C'est une idée puérile de vouloir changer la forme du violon, au lieu d'apprendre à s'en servir comme il faut». Ce qui presse, en effet, c'est de changer les comportements de nos élus, notamment à l'Assemblée nationale. C'est de respecter les principes démocratiques plutôt que d'essayer de les mettre de côté, comme on l'a fait récemment, en voulant remplacer le projet de nouvelle carte électorale définie par une commission indépendante par une carte bricolée de façon partisane et clairement antidémocratique. C'est de renoncer à contourner le plus possible les prescriptions de la Loi électorale en ce qui concerne le financement des partis politiques. Arrêtons de discuter de l'accessoire pour aborder franchement le comportement des acteurs, même si, pour cela, il faudrait faire de nombreux mea culpa. Car ce genre de discussions, qui probablement ne mènera nulle part, ne fait qu'occulter les véritables problèmes.


Richard Vigneault

Consultant en communication et membre de l'Idée fédérale.



SI ON NE PEUT CHANGER LE PQ, CHANGEONS LA DÉMOCRATIE



Le PQ dévoile des propositions pour combattre le cynisme et amener les citoyens à participer plus directement à la démocratie, en même temps que plusieurs de ses députés affirment que les électeurs qui ont élu librement un adversaire libéral dans Bonaventure ont manqué de jugement ou ont voté par ignorance! Bel exemple de respect de la démocratie! N'oublions pas que c'est dans la panique d'une crise interne sans précédent que le PQ et certains de ses élus ont accouché de propositions visant d'abord et avant tout à diriger les projecteurs sur autre chose que la contestation interne de leur chef et les démissions en cascade dans leur caucus. Après tout, si on ne peut changer le PQ, pourquoi ne pas changer les règles de la démocratie? Pourtant, oui il faut améliorer la vie démocratique. Mais la bouchée des changements proposés par le PQ est grosse. Vote à 16 ans, chambre des régions, consultation sur les référendums, etc. Le vote à 16 ans se discute. Toutefois, si on l'accorde, devrait-on  permettre à ces mêmes jeunes d'acheter du tabac et de l'alcool? Après tout s'il l'on considère qu'ils ont assez de maturité pour choisir leur député, pourquoi en seraient-ils dépourvus pour acheter ces produits? Compte tenu de la baisse croissante du taux de participation aux élections, ne serait-il pas plus approprié d'encourager ceux qui ont déjà le droit de vote à l'exercer plus massivement? On voit que rien n'est simple. Pourquoi pas un référendum sur tous ces changements, plutôt que sur l'option péquiste? Voilà ce qui serait très démocratique et utile.

François Bonnardel

Député adéquiste de Shefford.



DES IDÉES ADÉQUISTES



Plusieurs propositions qui seront débattues par le PQ sont adoptées par l'ADQ depuis plus d'un an. Encore une fois, le PQ est à la remorque de nos idées. En effet, lors d'un congrès de notre parti en novembre 2010, nos militants de l'ADQ ont adopté plusieurs propositions qui sont aujourd'hui aussi proposées par le PQ. Vous pouvez d'ailleurs consulter les propositions adoptées sur notre site internet (adq.ca). Ainsi, nous proposons plusieurs réformes de notre régime démocratique et pour améliorer la gouvernance et l'éthique du gouvernement. Nous suggérons l'élection du premier ministre au suffrage universel, de mettre en place un mode de scrutin proportionnel mixte et en place une procédure de destitution des députés, d'autoriser les référendums d'initiative populaire, d'instaurer des élections à date fixe le dimanche et de diminuer la contribution maximale à un parti politique à 1000$ et de diminuer le plafond des dépenses électorales. Enfin, nous voulons élargir les pouvoirs du vérificateur général, permettre la tenue de votes libres à l'Assemblée nationale. Bref, nos idées sont encore fois reprises par d'autres et les Québécois peuvent s'en réjouir.

photo archives La Voix de l'Est

François Bonnardel

Denis Boucher

Associé au sein d'un cabinet de relations publiques.



D'AUTRES PRIORITÉS PLUS IMPORTANTES



Plutôt que de penser à donner le droit de vote à des enfants de 16 ans, nous serions mieux de réfléchir à ce que nous pouvons faire comme société pour transmettre à ces enfants, une province qui ne sera pas endettée jusqu'aux oreilles et qui sera en mesure de continuer à soutenir les services auxquels nous avons eu droit depuis une cinquantaine d'années. J'ai certaines réserves quant à la perspective de voir un enfant de 16 ans pouvoir devenir député.

La notion des élections à date fixe n'a rien de nouveau. Dois-je vous rappeler que les élections municipales ont lieu à date fixe? Il faut vraiment se questionner à savoir si cela constitue vraiment une priorité pour la société de voir la même approche utilisée pour le provincial. Les lois électorales donnent au gouvernement le droit de déclencher les élections à sa discrétion. C'est peut-être injuste pour les partis d'opposition mais cela donne quand même au parti au pouvoir la capacité de prendre des décisions difficiles et ensuite de laisser la poussière retomber un peu. Pour ce qui est des référendums, le PQ en a fait sa marque de commerce. Alors que les électeurs ont de la misère à se rendre aux urnes pour les élections générales, il ne faut pas penser que ceux-ci se rueraient pour exprimer leur point de vue sur une question précise. Le pouvoir de déclencher des référendums à propos de tout et de rien pourrait même nuire au processus démocratique puisque celui-ci serait maintenant à la merci des groupes de pression. Une autre belle manière de paralyser l'économie d'une province.

Le PQ aurait peut-être avantage à réfléchir un peu plus sur la manière d'attirer des investissements étrangers, de nous donner des infrastructures dignes du 21e siècle, d'assurer que nos entreprises soient concurrentielles, que notre niveau d'imposition favorise l'entrepreneurship, de réduire notre déficit et notre dette.

Denis Boucher

Léo Bureau-Blouin

Président de la Fédération étudiante collégiale du Québec. 

LA SURVIE DE LA DÉMOCRATIE PASSE PAR LES JEUNES

Faible participation, cynisme, perte de confiance, les maux qui affligent notre système démocratique sont nombreux. L'avenir de notre démocratie est particulièrement inquiétant lorsqu'on constate les taux de participation anémiques des jeunes lors des élections. Pour renverser la tendance, des gestes forts s'imposent. En ce sens, donner le droit de vote dès 16 ans m'apparaît comme une avenue intéressante. Ce changement augmenterait le poids électoral des jeunes tout en les initiant plus tôt à la vie politique. À terme, cette modification pourrait rapprocher les jeunes de la politique et ainsi augmenter la participation électorale de ce groupe d'âge. Des pays comme l'Autriche et le Brésil ont d'ailleurs déjà fait ce choix. Certains diront que les jeunes ne sont pas assez matures à 16 ans, mais la maturité politique n'est pas qu'une question d'âge et certains «adultes» n'ont pas de leçons à donner en la matière. Pour s'assurer que les jeunes votent d'une manière éclairée, il apparaît cependant logique de mieux outiller ces nouveaux électeurs en bonifiant les cours d'éducation à la citoyenneté offerts au secondaire. C'est sans compter qu'à 16 ans, la plupart des jeunes vivent avec leurs parents. On peut donc penser que ceux-ci vont initier leurs enfants à l'importance d'aller voter pour que cela devienne une tradition. En somme, ayons confiance en la jeunesse et elle pourrait nous surprendre.

Pierre Simard

Professeur à l'ENAP.



UN BEAU DÉBAT EN PERSPECTIVE!



Abaisser l'âge du droit de vote à 16 ans aux élections provinciales et municipales. Voilà l'idée originale du PQ pour se sortir du marasme et, probablement, pour occuper nos ados. Considérant qu'à cet âge, ils n'ont pas le loisir de fréquenter les bars ni de conduire sans leur maman, occupons-les en leur faisant choisir un pays ou les dirigeants de nos municipalités! Outre notre profonde incohérence sur la question de la maturité des jeunes, il reste que l'idée d'abaisser l'âge du droit de vote à 16 ans n'est pas nouvelle: plusieurs pays, dont le Canada, ont déjà débattu de la mesure. L'idée de redonner confiance en nos institutions démocratiques est louable. Discuter du droit de vote à 16 ans, d'élections à date fixe et de référendums d'initiative populaire ne peut qu'être salutaire pour combattre le cynisme ambiant à l'égard de la classe politique québécoise. Ce qui m'inquiète, par contre, c'est qu'au moment où Pauline Marois présentait le cahier d'animation de son congrès de janvier, les députés Kotto et Blanchet traitaient les électeurs de Bonaventure d'ignorants et de troublés pour avoir voté libéral à l'élection partielle de lundi. Hum... Pauline devra encore une fois redoubler d'ardeur pour réconcilier sa députation «démocrate» à la petite graine de dictateurs péquistes méprisants qui voudraient voter à la place des électeurs. Un beau débat en perspective!

Pierre Simard

Nestor Turcotte

Théologien et philosophe.



ÇA SENT LA DIVERSION



Des élections à date fixe? René Lévesque en parlait déjà en 1976. Rien de bien nouveau là-dedans. Un scrutin à double tour? J'ai proposé cela en... 1970. Des référendums selon la volonté des citoyens? Un mirage. Qui va déterminer, en bout de piste, si la volonté générale est suffisamment grande pour que l'exécutif... s'exécute? Les groupes de pression? Les organisations syndicales? Mais alors, à quoi pourront bien servir les législateurs si c'est la masse organisée qui décide? Le vote permis à un adolescent de 16 ans? Une autre fumisterie pour attirer le vote des jeunes en vue d'un éventuel référendum. Les Québécois ne vont pas voter; les jeunes n'y vont pas plus. En général, ils sont désabusés et désintéressés de la politique. Ils connaissent à peine le nom de leur député et le nom de leur circonscription, même à 18 ans. Qui fait et qui va faire l'éducation politique de ces jeunes? Voter est une chose sérieuse. Le citoyen doit s'informer, soupeser, et décider. Certains souhaitent enlever le permis de conduire aux jeunes de 16 ans tout simplement parce qu'ils n'ont pas la maturité pour conduire un véhicule. Pour en ajouter, on les ferait voter? Tout ceci sent la diversion. Le leadership de Mme Marois bat de l'aile. Elle ne pourra pas éviter la contestation majeure qui s'aligne un peu partout avec des propositions à l'allure innovatrice, mais qui, dans le temps, ont déjà pris racine, mais n'ont jamais été prises au sérieux par les partis politiques.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE NESTOR TURCOTTE

Nestor Turcotte.

Jean Bottari

Préposé aux bénéficiaires.



L'OPTION DE DESTITUTION



Il semble que le PQ soit à court d'idées et tente de séduire l'électorat à tout prix. En quoi l'nstauration du droit de vote à 16 ans changera t-il la situation politique du Québec et la perception générale des jeunes envers les politiciens? Les jeunes, comme la plupart d'entre nous, sont désabusés, méfiants et cyniques face à la classe politique. De plus, la majorité n'est-elle pas reconnue par le législateur et atteinte à 18 ans au Québec? La proposition de pouvoir déclencher un référendum avec l'appui de 15% de la population me semble bonne. Pour autant que l'on y inclut une option de destitution du gouvernement en place. Autrement dit, 15% de la population pourrait décider de tenir une consultation populaire sur l'avenir du gouvernement élu qui ne tient pas ses promesses électorales ou qui gouverne de façon à mettre en péril le bien commun. Si 50%+1 votent en faveur de la destitution, le gouvernement sera dissous et des élections seront tenues dans les trois mois suivants. Cette possibilité mettrait fin selon moi au cynisme et à la méfiance que nous entretenons envers nos dirigeants politiques. Les élus se verraient ainsi forcés d'êtres plus conciliants et surtout plus transparents envers leurs commettants. Le scrutin à date fixe est aussi selon moi une bonne proposition. Le système actuel permet au premier ministre d'être le seul maître à bord et lui accorde le privilège ultime de déclencher des élections au gré des sondages favorables à son parti. Les élections à date fixe forceraient aussi un gouvernement à diriger le Québec de façon différente et en préconisant le long terme plutôt que de gouverner à la petit semaine, comme c'est le cas actuellement. Cela dit, le PQ n'est pas au pouvoir pour l'instant et nous n'avons aucun pouvoir décisionnel face à ses propositions qui seront débattues par les délégués du parti en janvier.



Jana Havrankova

Endocrinologue.



PROPOSITIONS INTÉRESSANTES



Les Québécois ne font plus confiance au gouvernement et à ses institutions. Remède du PQ : «Changeons la politique». Rendre la gestion de l'État plus transparente et rapprocher les décisions gouvernementales des citoyens n'est ni original ni controversé. Mais comment faire? A-t-on vraiment besoin d'autres structures et commissions? «Les référendums d'initiative populaire "assortis" des consultations populaires sur les référendums» méritent bien des explications quant aux modalités. Par ailleurs, il est grand temps de réformer notre mode de scrutin. Les propositions du PQ vont dans la bonne direction, mais s'avèrent plutôt timides. Que nous n'ayons pas encore les élections aux dates fixes pour empêcher le parti au pouvoir de manipuler les électeurs en déclenchant le scrutin au «moment opportun» est une honte pour notre démocratie. Aussi, le système uninominal à deux tours présenterait une amélioration. Toutefois, il serait plus courageux d'instaurer un scrutin en partie proportionnel pour refléter la multiplicité des points de vue des citoyens. Quant au vote à 16 ans, il devrait s'accompagner de l'éducation civique dès le début du secondaire. Peut-être pourrait-on simuler des élections pour les jeunes de 16 à 18 ans pour les préparer au vote réel? Laissons le PQ débattre!

Jana Havrankova

Jean Gouin

Directeur général de la Fédération des médecins résidents du Québec.



AGIR PAR OPPORTUNISME



Il sera intéressant de voir ce que fera le Parti québécois de certaines propositions qui seront débattues lors de son prochain conseil national. Demander que le droit de vote s'applique à partir de 16 ans est pour le moins surprenant. La très grande majorité des pays du monde acceptent la majorité civile et juridique à compter de 18 ans. Certains, comme l'Écosse, la Grèce, le Népal, et quelques pays d'Asie centrale permettent le droit de vote à 16 ou 17 ans. Mais à 16 ans, on n'est pas en mesure de faire la juste part des choses. On est beaucoup trop idéaliste et on veut révolutionner le monde, peu importe les conséquences. Un peu jeune pour accorder le droit de vote à cet âge. Quant au référendum d'initiative populaire entre deux élections, cela ressemble davantage à une demande de l'Opposition qui, incapable de faire passer adéquatement son message, s'en remettrait à la population. La population a quatre ans pour évaluer les actions du gouvernement qu'elle a choisi, alors à quoi serviraient des référendums d'initiative populaire sinon que pour faire valoir le point de vue de l'Opposition. Ce sera à la population de juger le moment venu si le gouvernement doit être puni ou récompensé. La seule proposition qui, à mon avis, est louable, ce sont des élections à dates fixes, qui permettraient de mettre une fois pour toutes sur la touche l'opportunisme politique de certains.

Jean Gouin