En 2012, quels sont les dossiers qui retiendront particulièrement votre attention? Les élections au Québec? Les compressions prévues dans le budget fédéral? Les présidentielles aux États-Unis et en France? Les relations orageuses entre l'Iran et l'Occident?LES COMMENTAIRES DOIVENT ÊTRE SIGNÉS. MAXIMUM DE 150 MOTS.

Jocelyn Coulon

Directeur du Réseau francophone de recherche sur les opérations de paix affilié au CÉRIUM

GRANDES PUISSANCES AUX URNESL'année 2012 sera riche en événements politiques et économiques internationaux. Pour la première fois de mémoire d'homme, les dirigeants de quatre grandes puissances - Russie, France, États-Unis et Chine - feront face à l'électorat ou, dans le cas chinois, transmettront le pouvoir à d'autres. On connaît déjà le résultat en Russie et en Chine où les autocrates se redistribueront les postes. En France et aux États-Unis, les jeux sont ouverts. En Europe, il faudra suivre le déroulement de la crise de l'euro au lendemain d'un message des Fêtes où Angela Merkel prévoyait une année pire que celle qui vient de se terminer. Ailleurs sur la planète, là où ça compte de plus en plus, les événements qui s'y déroulent ne sont pas à négliger. La région qui couvre le Maroc à l'Iran reste une zone de graves turbulences : les intentions des pouvoirs issus du printemps arabe restent difficiles à déchiffrer; le conflit israélo-palestinien perdure, l'Iran menace, la Syrie sombre et l'Irak renoue avec la violence. Plus à l'est, le danger est toujours présent en Afghanistan, au Pakistan et en Corée du Nord. Enfin, au sud, le Brésil est devenu la sixième puissance économique en déclassant le Royaume-Uni. Cela en dit long sur le pouvoir au sein du système international.

Jocelyn Coulon

Mélanie Dugré

Avocate

BOMBES À RETARDEMENTLe réflexe initial veut que nous nous sentions d'abord interpellés par les dossiers qui ont un impact direct et concret sur notre propre réalité. Nous sommes par ailleurs fortement influencés par le traitement que réservent les médias aux événements qui font l'actualité. D'emblée, une attention significative sera accordée aux sables mouvants sur lesquels les acteurs politiques provinciaux évoluent et sur les décisions, souvent discutables et bien loin des valeurs québécoises, du gouvernement Harper. Bien que nous puissions nous sentir peu concernés par le climat tendu en Iran et l'instabilité économique en Europe, cette indifférence pourrait nous jouer des tours puisque ces situations constituent de véritables bombes à retardement  susceptibles de mettre en péril la sécurité et l'économie mondiales. Lever le nez sur ce qui se passe ailleurs sur notre planète serait donc une erreur. Déformation professionnelle oblige, je serai personnellement intéressée par l'évolution de la commission Charbonneau et par les immenses défis qui attendent ses procureurs. Comme mère de famille, les dossiers qui concernent l'éducation me toucheront particulièrement. Et parce que la vie ne doit pas seulement être inquiétudes et préoccupations et qu'elle peut aussi nous apporter du pain et des jeux, je m'intéresserai également aux victoires, je veux dire aux déboires, du Canadien de Montréal...

Mélanie Dugré

Marc Simard

Professeur d'histoire au collège François-Xavier-Garneau, à Québec

LES ÉCUEILS: L'EURO ET L'IRANBien que l'actualité politique nous affectant sera très effervescente en 2012, avec des élections présidentielles aux États-Unis (Obama réélu) et en France (Sarkozy déchu) et une probable campagne électorale au Québec (Charest battu), ces phénomènes risquent fort d'être relégués à l'arrière-plan par de graves problèmes financiers, économiques et militaires. La première menace provient de la stabilité de la zone euro, qui sera encore fragilisée par les difficultés financières des pays méditerranéens, soit la Grèce, l'Italie et l'Espagne, en plus du Portugal. La mise en faillite technique d'un de ces pays (et par conséquent l'implosion de la zone euro) demeure une possibilité réelle qui aurait des répercussions sur les banques, les bourses et l'économie mondiale, et provoquerait une récession qui nous frapperait et atteindrait même la Chine. La seconde menace provient du programme nucléaire iranien, que la communauté internationale désire surveiller et restreindre au domaine énergétique, mais dont tous soupçonnent qu'il a pour objectif la production de la bombe. Si les sanctions internationales n'arrivent pas à faire plier les dirigeants islamistes de l'Iran, alors il ne restera que l'option militaire, unilatérale de surcroît, puisque la Russie et la Chine n'admettraient pas une intervention parrainée par le Conseil de sécurité de l'ONU. Si une invasion américaine paraît douteuse, le bombardement des sites nucléaires iraniens par Israël semble désormais une affaire de mois plutôt que d'années. Ce qui produirait une flambée des prix du pétrole et par le fait même une crise boursière et économique, sans compter le risque d'un élargissement du conflit. Sans compter une nouvelle menace de fin du monde, prévue pour le 21 décembre prochain (calendrier maya). Carpe diem!

Robert Asselin

Directeur associé de l'École supérieure d'affaires publiques et internationales à l'Université d'Ottawa

TROIS GRANDES QUESTIONS2012 sera marquée par trois grands questionnements - trois grands chantiers si on veut - qui, à mon avis, auront des incidences géopolitiques majeurs. D'abord, comment l'Europe fera t-elle face à la crise économique et financière qui sévit dans le vieux continent? Verra-t-on émerger une Europe fragmentée, divisée et incohérente - avec des conséquences dévastatrices pour le monde entier - ou plutôt une Europe renouvelée par une gouvernance plus efficace ainsi qu'un mouvement collectif résolu à faire face à des mesures de redressement difficiles, mais nécessaires? Avec le leadership politique actuel, rien n'est moins sûr. Ensuite, quelles seront les suites au printemps arabe? Des dictatures impitoyables seront-elles remplacées dans les faits par des régimes totalitaires tout aussi réfractaires à l'idéal démocratique? Les états arabes fragiles tomberont-ils dans les mains des extrémistes religieux? Jusqu'où ces régimes pousseront-ils vraiment l'audace de la démocratisation? Et enfin, que feront les Américains pour se sortir collectivement du marasme économique et politique dans lequel ils se sont engouffrés? Profiteront-ils de la présidentielle de novembre pour exprimer leur colère et chasser Barack Obama de la Maison-Blanche? Ou analyseront-ils sagement les forces en présence pour conclure que l'alternative républicaine risque d'isoler et d'affaiblir encore davantage la plus grande économie mondiale? En définitive, beaucoup de questions non banales à résoudre en 2012!

Robert Asselin

Pierre Simard

Professeur à l'ÉNAP à Québec

L'ANNÉE DU SACRIFICEPourquoi se creuser la tête à faire des prédictions? Comme une fatalité, les années passent et se ressemblent. À moins que les prophéties mayas nous délivrent de l'emprise de nos gouvernements, l'année 2012 se présente comme une autre année de sacrifices. Les politiciens vont continuer à nous sacrifier pour notre propre bien : hausse de la taxe de vente, hausse de la taxe sur les carburants, hausse de la contribution santé, etc. Cette année encore, nos gouvernements ont impérativement besoin de notre argent : ils croulent sous le poids des dettes et des déficits. Le fédéral a besoin de 12 milliards $, le provincial de 4 milliards $ et les municipalités de 800 millions $. Pour boucler le budget 2012? Non, pour se rendre à l'année du sacrifice 2013. C'est comme ça! Le bonheur du peuple a un prix et, dans le monde politique, le sacrifice des autres est une vertu. Il suffit de prélever toujours davantage de revenus dans la poche des contribuables et de laisser la clairvoyance politicienne promouvoir votre bonheur. Je sais, je sais, l'important c'est « d'être heureux comme peuple », dixit le ministre Raymond Bachand. Mais être heureux ne veut pas dire niaiseux, même si parfois... sacrifice!

Pierre Simard

Raymond Gravel

Prêtre dans le diocèse de Joliette

TOUT DEVIENT POSSIBLE!Si l'espérance est la foi à son meilleur, comme le disait Charles Péguy, j'ose espérer qu'en 2012, les femmes et les hommes travailleront ensemble à plus de justice, d'égalité, de dignité pour tous. Sur tous les plans : politique, social et religieux, il nous faut réfléchir avant d'agir et lorsque vient le temps d'agir, il faut penser à la collectivité. Sur le plan politique, je souhaite que Barack Obama soit réélu aux États Unis d'Amérique. Malgré la crise économique qui sévit, je crois sincèrement que ce président, à son deuxième mandat, pourra poser des gestes plus audacieux, qui permettront à toute la planète de retrouver la paix tant désirée et si nécessaire à la survie de l'humanité. Il faut éviter à tout prix une guerre contre l'Iran et Israël doit reconnaître qu'il vit sur une terre palestinienne...C'est le prix de la paix! Sur le plan social, je souhaite ardemment que tous les indignés du monde puissent travailler ensemble, non seulement pour dénoncer les injustices, mais aussi pour trouver des solutions durables, afin que toutes les femmes et tous les hommes de la terre puissent vivre dans la dignité et le respect de leurs différences. Sur le plan religieux, je souhaite que tous les dirigeants des grandes religions du monde s'accueillent et se respectent mutuellement pour un mieux vivre ensemble, dans l'harmonie avec les non-croyants et celles et ceux qui n'appartiennent à aucune d'entre elles. Tous les pays doivent être laïques, où toutes les religions peuvent s'exprimer librement, afin de nourrir spirituellement celles et ceux qui s'y retrouvent. Enfin, au Québec comme ailleurs, il nous faut faire du neuf...mais cela ne veut pas dire nécessairement élire un nouveau parti où tous les opportunistes s'y retrouvent parce que les sondages les favorisent.

Raymond Gravel

Richard Vigneault

Consultant en communication et membre de l'Idée fédérale

PAS ASSEZ DE JOURS EN 2012!Les hommes et les femmes évoluent beaucoup moins rapidement que la science ou les technologies. Chaque changement engendre sa résistance. Toutefois, si on le compare au Québec des années 60, le Québec de 2012 n'est plus le même. Ouvert sur le monde plutôt que renfermé, accueillant plutôt que frileux, riche en ressources, en promesses et en génie, fort d'entreprises qui rayonnent partout dans le monde et d'institutions démocratiques vigoureuses, le Québec est également peuplé des hommes et des femmes parmi les plus libres du monde, protégés par une impressionnante panoplie de droits. Se rappeler tout cela est un devoir afin d'éviter que dans nos désirs irrépressibles de changement, on jette ce qu'on devrait garder. Ce dont on devrait se débarrasser  en 2012, ce sont des réflexes  comme le cynisme, la dérision et le mépris, notamment envers la classe politique. Ce qu'on devrait regarder sérieusement en 2012, ce sont, entre autres, les moyens de faire face au vieillissement de la population, à la réduction du  fossé entre les riches et les pauvres,  au retour à l'équilibre financier des gouvernements, à l'encouragement à l'épargne  pour les individus. Des questions qui sont des bombes à retardement. On n'aura pas assez d'une année pour imaginer des solutions à tous ces problèmes. 2012 sera aussi l'année pendant laquelle François Legault devrait sans doute nous révéler où il compte concrètement amener les Québécois. Prétendre qu'il va faire mieux est une chose, nous  dire comment  en est une autre. Il va devoir cesser de répéter ce dont il ne veut pas parler (la souveraineté vs le fédéralisme) pour nous dire enfin ce qu'il va faire.

Louis Bernard

Consultant et ancien haut fonctionnaire au gouvernement du Québec

À SURVEILLER: LE MONDE ENTIER

Il suffit de vouloir faire la liste des évènements qui, au cours de 2012, devraient retenir notre attention pour se rendre compte de ce qui signifie, pour chacun d'entre nous, le phénomène de la mondialisation. Car, en plus des sujets évidents comme la possibilité d'élections au Québec, les compressions budgétaires exigées par la lutte aux déficits, la réfection des infrastructures routières, et même de certains grands évènements internationaux comme les élections américaines, la crise de l'euro, les dangers du Moyen-Orient, la guerre en Afghanistan, la situation au Pakistan, etc., il faut maintenant compter avec une foule d'autres possibilités moins médiatisées qui sont également susceptibles d'affecter notre vie quotidienne au Québec. Par exemple, la possibilité que la Chine connaisse des perturbations sociales entraînant une baisse subite de sa croissance économique, ou que le dollar américain connaisse une crise de confiance, ou que notre refus de combattre le réchauffement climatique entraine un boycott de nos produits sur les marchés extérieurs. Notre prospérité dépend désormais de ce qui se passe non seulement chez nous, mais également en dehors de nos frontières. C'est une nouvelle lecture qu'il nous faut faire de la fameuse maxime: «Rien de ce qui est humain ne m'est étranger.»


Sébastien Grammond

Doyen de la section de droit civil de l'Université d'Ottawa

ATTENTION À L'IRANL'évolution des tensions entre l'Iran et les pays occidentaux me semble être le sujet le plus préoccupant. Le printemps arabe a entraîné une redistribution des cartes dans la région, qui n'est pas terminée. L'Iran semble vouloir tirer profit de cette situation pour s'imposer comme puissance régionale. Un conflit dans la région pourrait avoir des effets majeurs sur les prix du pétrole. Si de tels effets sont appelés à durer, ils pourraient nous forcer à modifier nos habitudes de consommation bien davantage qu'une taxe sur le carbone...

Guy Ferland

Professeur de philosophie au collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse

LES JEUNES PRENDRONT-ILS LEUR PLACE?Bien sûr, il y a les indignés qui feront encore parler d'eux en 2012 puisqu'ils remonteront leurs tentes pour occuper différentes villes un peu partout en Occident lorsque le beau temps reviendra. Bien sûr, il y a les relations orageuses entre l'Iran et l'Occident qui font craindre un conflit armé pour la libre circulation de l'or noir par le détroit d'Ormuz. Bien sûr, il y a les élections présidentielles aux États-Unis, en France et en Russie qui changeront la donne sur le plan de la politique internationale. Bien sûr, il y a le printemps arabe qui se poursuivra en faisant tomber les têtes de dictateurs comme cela se produira en Syrie prochainement. Bien sûr, il y a les compressions budgétaires du gouvernement Harper qui feront mal surtout aux plus démunis. Bien sûr, il y a une possibilité d'élection au Québec avec un vent de changement qui risque de porter au pouvoir un parti politique qui n'a pas de programme précis. Bien sûr, il y a la crise financière mondiale qui pourrait s'envenimer par la crise de l'euro. Mais au Québec, ce qui sera surtout à surveiller, c'est la capacité des jeunes à se mobiliser pour contrer la hausse des droits de scolarité annoncée pour l'automne prochain. Va-t-il y avoir un printemps arabe au Québec qui commencera par un mouvement étudiant de grève générale illimitée?

Jean-Pierre Aubry

Économiste et fellow associé au CIRANO

DES CHOIX DOULOUREUX À FAIRE

2011 a été une année marquée par un ralentissement de la croissance économique dans les pays développés et par une première véritable  prise de conscience du fardeau de la dette des gouvernements et de la difficulté qu'auront ceux-ci à remplir les engagements à long terme qu'ils ont pris envers leur population qui est vieillissante.  Les baisses dans les cotes financières de plusieurs pays souverains, notamment ceux de la zone euro, ne font que refléter cette difficulté de nombreux pays développés à rencontrer leurs engagements futurs. Cette prise de conscience se poursuivra en 2012.  Puisque les gouvernements des pays développés ne peuvent plus retourner à l'équilibre budgétaire en comptant uniquement sur la croissance économique, ils devront réduire leurs dépenses (services à la population)  et/ou taxer davantage les contribuables.  Dans certains pays, plusieurs gouvernements qui ne sont plus en mesure d'accroître leur endettement, devront faire ces ajustements dans un environnement de décroissance économique ce qui aura pour effet d'accroître leur taux de .chômage qui est déjà élevé.  À ceci, va s'ajouter les difficultés de nombreux régimes publics et privés de retraite à réduire significativement  les déficits actuariels causés par les piètres rendements des dernières années, incluant 2011. Les populations qui devront faire des choix difficiles. Accepter de réduire collectivement leur endettement et leur niveau de vie pour vivre selon leur moyen ou continuer d'être dans le dénie et de miser sur des solutions sans douleurs. Je m'attends à ce qu'ils y aient relativement peu leaders politiques en 2012 qui aideront leurs concitoyens à faire face à la réalité, mais plusieurs leaders qui les aideront plutôt à continuer de croire à des solutions sans douleurs pour ainsi vivre un peu plus longtemps au dessus de leurs moyens, histoire de se faire élire ou, réélire?

Jean-Pierre Aubry

Jean Bottari

Préposé aux bénéficiaires

LE POUVOIR À TOUT PRIX

2012 sera possiblement une année électorale au Québec. Cela dépend évidemment et comme toujours des résultats des firmes de sondage qui prendront le pouls de l'électorat. Si les sondeurs favorisent le PLQ et M. Charest, parions que nous irons aux urnes cette année. Sinon le premier ministre pourra continuer à gouverner le Québec un an de plus et tenter de charmer l'électorat avec son Plan Nord et possiblement d'éventuelles baisses d'impôts, comme ce fut le cas en 2008. Peu importe la date de ce futur scrutin, sa tenue dépendra, non pas de nos préoccupations tel que la santé ou l'éducation, mais bien plus de la fenêtre temporelle favorable à un quatrième mandat. Cela dit, le réseau de la santé, qui a toujours été la priorité du gouvernement Charest est-il pour autant plus performant et surtout plus humain? L'année 2012 apportera aussi d'importantes compressions budgétaires du gouvernement de Stephen Harper envers les provinces. Pendant que les chefs de grandes entreprises gagnent des salaires en moyenne 189 fois plus élevés que le vôtre et le mien, M. Harper va réduire considérablement les avantages financiers accordés aux provinces. En bout de ligne, à qui les provinces refileront-elles la facture ? Pourtant, depuis qu'il est en poste, ce même gouvernement a réduit de façon considérable l'impôt des entreprises. En effet, il est passé de 22% à 15,5%. Les salaires et les investissements ont-ils augmenté de la même façon? 2012 ressemblera aux années passées lors desquelles nos politiciens, envers qui nous sommes cyniques et totalement désabusés, donneront le meilleur d'eux-mêmes, non pas pour le bien commun mais plutôt afin de garder le pouvoir à tout prix.

Caroline Moreno

Écrivain et comédienne

LE PRIX DES LUNETTES ROSES 

Le nombre d'États augmente mais peu d'entre eux sont entrés de plain-pied dans le XXIe siècle, lequel, avec ses 7 milliards d'habitants, exige un changement radical des mentalités et des habitudes de vie. Ainsi donc, la guerre du pétrole se poursuit de plus belle avec l'Iran dans la mire cependant que l'appétit insatiable des grandes puissances pour l'or noir se traduit par des pertes de vie et d'argent, par une multiplication des actes de violence, la dégradation des services publics et de l'environnement. Les dirigeants politiques gouvernent, plus souvent qu'autrement, en fonction des intérêts de leurs bâilleurs de fonds au détriment des populations  avec pour résultat un fossé allant s'élargissant entre riches et pauvres, une tendance plus marquée à l'individualisme, au chacun pour soi.  2012 sera-t-elle la dernière année inscrite à notre calendrier ? Quoi qu'il en soit, tel que le pronostiquait avec justesse  Albert Einstein, le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal mais par ceux qui le regardent sans rien faire. Les marchands de lunettes roses feront des affaires d'or. Mais à quel prix ?

Jean Gouin

Directeur général de la Fédération des médecins résidents du Québec

2012 SERA FÉBRILE

2011 fut fertile en rebondissements sur les plans économique et politique. 2012 risque d'être grisante. À certains égards, nous verrons l'aboutissement des chamboulements amorcés l'année précédente. Les événements majeurs à prévoir se retrouvent autant sur toutes les scènes. Localement, j'aimerais bien être fixé sur l'avenir de la Ville de Montréal. Qu'arrivera-t-il des projets pour le pont Champlain, l'échangeur Turcot et les infrastructures qui demeurent déficientes ? Au niveau provincial, la venue d'un nouveau joueur sur la scène politique, la Coalition Avenir Québec, changera sûrement la donne. Assisterons-nous à des élections ? Seul le premier ministre le sait, mais on ne risque pas de s'ennuyer. Sur la scène nationale, ce n'est pas tant le budget Flaherty qui retient mon attention que la mauvaise habitude que le gouvernement a prise, depuis qu'il est majoritaire, de se foutre littéralement des partis de l'opposition et de ce que pensent les Canadiens. Cela aura sûrement un impact sur la politique canadienne, tant intérieure et environnementale qu'étrangère. Sur le plan international, la crise de l'euro sera un dossier à suivre, en raison de son impact sur l'économie mondiale. La rivalité républicains-démocrates en période d'élection sera aussi un enjeu de d'importance. Le rapport de force entre l'Iran et l'Occident est à craindre, tout comme le potentiel de conflit nucléaire entre Israël et l'Iran. Par ailleurs, la détermination de certains peuples à se démocratiser changera à coup sûr la donne dans les relations internationales. Si 2011 a été fertile, 2012 sera sûrement fébrile.

Jean Gouin

Léo Bureau-Blouin

Président de la Fédération étudiante collégiale du Québec

UNE ANNÉE CITOYENNE

Manifestations, élections, soulèvements : les citoyens joueront un rôle de premier plan en 2012. Du côté des étudiants québécois, la mobilisation contre la hausse de 1625$ des droits de scolarité atteindra un point culminant au courant du printemps 2012. Les étudiants sont résolus à tout mettre en oeuvre pour faire changer d'avis le gouvernement Charest et ainsi préserver l'accès aux études universitaires. Ce mouvement fera grand bruit et en dira long sur la capacité qu'ont les citoyens à faire changer les décisions politiques. Toujours sur la scène québécoise, les rumeurs d'élections générales se font insistantes. La question n'est pas de savoir si élections il y aura, mais plutôt de savoir quand elles auront lieu. De l'autre côté de la frontière, les élections américaines auront une influence considérable sur la géopolitique mondiale. Chose sûre, la bataille sera rude pour le président Obama. Les Français seront également appelés aux urnes dans un contexte de crise de la zone Euro. Sur le thème du soulèvement, le printemps arabe n'a pas fini de faire couler de l'encre. Après la Tunisie, l'Égypte et la Libye, d'autres pays comme la Syrie pourraient suivre. En 2012, les citoyens québécois et d'ailleurs détiendront les outils qui façonneront le monde de demain. N'est-ce pas là une perspective stimulante pour la nouvelle année?