Si vous êtes Pauline Marois, que faites-vous? Vous démissionnez, ou au contraire, vous vous accrochez à votre poste de chef du Parti québécois, à l'approche des élections? LES COMMENTAIRES DOIVENT ÊTRE SIGNÉS. MAXIMUM DE 150 MOTS.

Mélanie Dugré

Avocate.

AU REVOIR


«À vous tous qui m'avez encouragée et appuyée au cours des dernières décennies, je tiens à vous témoigner ma sincère reconnaissance et vous informer que le temps est venu pour moi de tirer ma révérence au nom de l'avenir du Parti québécois. Ma passion étant toujours aussi vive et mes convictions aussi profondes, je pourrais rester en poste et m'accrocher désespérément à mon rêve, depuis si longtemps nourri et caressé, de vous gouverner.  Mais en m'acharnant, je donnerais raison à mes détracteurs qui me croient assoiffée de pouvoir et d'ambition personnelle. Or, j'ai trop de respect pour mon parti et ses membres et trop de loyauté envers les causes que j'ai défendues pour laisser mes intérêts dominer ceux du Québec. J'espère laisser dans mon sillage la trace d'une politicienne aguerrie et intègre et avoir prouvé que le Québec est prêt à élire une femme comme première ministre. J'ai compris que ce ne serait pas moi mais j'aurai contribué à une certaine évolution. J'ai consacré ma vie à cette aventure politique et la militante en moi est toujours bien vivante. Je cède les commandes du navire mais je ne quitte pas l'équipage. Et je compte bien faire partie de la haie d'honneur le jour où le bateau entrera au port. Sincèrement, Pauline Marois.»

Mélanie Dugré

Guy Ferland

Professeur de philosophie au collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse. 



VAUT MIEUX QUITTER



Alors que le capitaine Costa Concordia quitte le paquebot avant qu'il ne chavire, Pauline Marois garde les deux mains sur la barre d'un navire qui tangue dangereusement à la suite d'avaries multiples et d'une série de mutineries sur le pont. Même si un pilote d'expérience se pointe à l'horizon pour redresser la situation et ramener le vaisseau de l'indépendance à bon port, la capitaine Marois s'entête à garder le contrôle du gouvernail. Est-ce par orgueil mal placé que la chef du PQ affirme contre vents et marées vouloir affronter la tempête à la tête d'un parti qui risque de sombrer aux prochaines élections selon les sondages? Pourtant, en son temps, Jacques Parizeau a déjà montré la voie à suivre lorsqu'un second se dresse et semble mieux prendre en charge la traversée vers la terre promise. Le devoir d'un bon capitaine n'est pas de rester le dernier sur l'épave du navire, mais de mener à bon port les passagers partisans de la souveraineté. Voilà pourquoi Pauline Marois devrait quitter le plus rapidement possible la timonerie et laisser la barre à un pilote aguerri qui connaît bien les courants menaçants et les bas-fonds d'un des fleuves les plus périlleux à naviguer, celui donnant accès à l'indépendance d'une nation.

Jana Havrankova

Endocrinologue.



UN NOUVEAU VOTE DE CONFIANCE



Si j'étais Mme Marois, je me présenterais devant l'assemblée des membres du PQ et je dirais: «En avril 2011, vous m'avez honorée d'un appui de 93%. Depuis, il y a eu des défections, comme chacun sait. Alors, est-ce que vous ne me faites plus confiance? Ou entendons-nous seulement le tumulte de la minorité dissidente? J'aimerais vous redemander si vous voulez toujours que je sois votre chef. Votez, s'il vous plaît!» Par ailleurs, il n'est pas clair que c'est Mme Marois qui constitue le problème. Le PQ décline dans les intentions de vote et l'option souverainiste semble ennuyer les gens. Pourquoi la population a-t-elle perdu l'intérêt pour discuter de la souveraineté? La pédagogie de l'indépendance a-t-elle été insuffisamment servi par les péquistes? Quand une formation va mal, on est tenté d'en changer la direction. Le PQ devrait peut-être regarder ce qui arrive au Canadien une fois que l'entraîneur-chef a été congédié. L'équipe ne se porte pas mieux, elle décline plutôt. Lors du prochain congrès, les militants devraient examiner aussi froidement que possible les raisons de la déroute du PQ et de l'option souverainiste. Sans un bon diagnostic, le traitement s'avère rarement efficace.

Jana Havrankova

Pierre Simard

Professeur à l'ENAP à Québec.



LES LOUPS



Mme Marois doit partir. Suivant la tradition, les chefs péquistes sont toujours responsables des insuccès du parti (jamais le programme!). Mais où est ce politicien qui réussira à conduire le Québec au nirvana d'une souveraineté sociale-démocrate? À en croire les médias, les prétendants sont légion. Ils seraient nombreux à étaler, en privé, leur abnégation à la cause souverainiste. Paradoxalement, tous ces honnêtes et altruistes candidats à la direction du PQ multiplient les trahisons, les magouillages et les alliances douteuses pour conquérir le poste de Mme Marois. Comme des loups à l'affut d'une proie blessée, ils sont prêts à n'importe quelle bassesse pour y arriver. On dit souvent qu'à l'instar d'un bon boxeur, le politicien se doit d'être pugnace et sans pitié pour ses adversaires. Mme Marois avait peut-être ces qualités, mais elle s'est trompée d'adversaire. Elle a compris trop tard que ses vrais ennemis se trouvent dans ses troupes. Elle aura fauté de vertu en étant incapable de faire passer la politicaillerie devant la politique. La bonne nouvelle, c'est que le noble successeur de Mme Marois prétendra avoir réunifié le parti.  La mauvaise nouvelle, c'est que le grenouillage est une maladie incurable chez les péquistes. Finalement, le PQ foisonne de politiciens d'expérience.

Pierre Simard

Francine Laplante

Femme d'affaires.



DÉCHIRÉE



Si j'étais Pauline Marois, j'avoue que je serais complètement déchirée entre mon coeur et ma raison. Mon coeur me dirait de rester parce que Mme Marois a prouvé plus d'une fois être sincèrement dévouée à sa cause, mais ma raison me dirait de partir pour donner toutes les chances de réussites à mon parti en vue des élections prochaines. Je crois sincèrement que Pauline Marois est une femme qui a des convictions profondes et inspirantes pour bon nombre de Québécois et qu'elle a tout fait ce qu'elle pouvait faire, mais en vain... Ce qui est dommagem très dommage même, car son retrait repoussera aux calendes grecques la possible accession d'une femme au pouvoir.

Jean Gouin

Directeur général de la Fédération des médecins résidents du Québec.



LE TEMPS DE PASSER À AUTRE CHOSE



Les temps sont durs pour Mme Marois. Critiquée de toutes parts, même par ses alliés les plus indéfectibles, Mme Marois n'est plus à l'heure du bilan. Sa réflexion doit davantage se porter sur son avenir politique. Le conseil national du Parti québécois qui se tiendra le week-end prochain aura à se prononcer sur son leadership. La question se pose. Mme Marois peut-elle se permettre de s'offrir en pâture à ses militants pour passer à autre chose, ou bien, doit-elle affronter la tempête qui fait rage, en sachant qu'au sein de son parti, celle-ci est loin d'être terminée. Déjà, en coulisses, des prétendants au trône fourbissent leurs armes et préparent leurs troupes dans l'ombre. Et, si d'aventure Mme Marois décidait de soumettre son leadership à l'approbation de ses militants, deux choses peuvent en découler. La plus évidente, elle n'obtient pas le nombre de voix nécessaire pour se maintenir en place. La seconde, elle passe de justesse et, contrairement à  Bernard Landry, elle place ses deux mains sur le gouvernail et fait savoir à tous qu'elle est le seul capitaine à bord, avec toutes les conséquences que cela comporte. Mme Marois a beaucoup donné en politique. Il serait temps qu'elle passe à autre chose pour le bien de son parti, avant que l'amertume ne fasse son oeuvre.

Jean Gouin

Richard Vigneault

Consultant en communication et membre de l'Idée fédérale.



MARCHER DANS LA TEMPÊTE



En l'état actuel des choses, Mme Marois demeure l'élément le plus stable de son parti malgré son manque de leadership. Elle devait bien savoir à quoi s'attendre lorsqu'elle a accepté de diriger une formation dont le propre est d'avoir montré la porte à ses chefs successifs. La mutinerie fait partie de l'ADN du PQ. Pourquoi les Québécois éliraient-ils au gouvernement les représentants d'un parti qui n'est pas capable de se gouverner lui-même ? Depuis l'arrivée de Mme Marois, il ne se passe guère une journée sans qu'un vétéran du PQ, un député, un président d'association de comté ou un militant qui a vu la lumière se donne en spectacle pour «pluredebananiser» son chef comme aurait si bien dit Jacques Parizeau. Quand on constate que certains péquistes veulent remettre en question le vote de confiance de 93% reçu il y a peu par Mme Marois, on se croirait à Star Académie ! Avant une décision difficile, Pierre Elliot Trudeau a autrefois décidé de prendre une marche dans la tempête de neige. C'est la bonne saison pour Mme Marois. Elle n'en serait pas à sa première tempête. Et bonne chance à Gilles Duceppe!

Caroline Moreno

Écrivain et comédienne.



LES BONNES INTENTIONS



Le drame du Parti québécois est qu'il est dirigé par des péquistes et non par des indépendantistes. Que l'on remplace Pauline Marois par Gilles Duceppe ne provoquera pas de miracle puisqu'au PQ  les bonnes intentions tiennent lieu de ligne d'action. Le parti, fondé par René Lévesque dans le but de faire de la belle province un pays, réussit le tour de force d'avancer en arrière en faisant croire qu'il est le véhicule tout désigné pour élever le Québec au rang d'État libre et indépendant. Si j'étais Pauline Marois, je prendrais tout le monde de court en proclamant l'indépendance du Québec et en formant un gouvernement provisoire lequel procéderait à la rédaction d'une Constitution. Je ferais une demande d'adhésion à l'ONU. J'irais recueillir des appuis. Mais, je ne suis ni Pauline Marois, ni péquiste. J'ai trop d'imagination.