Les étudiants des universités et des cégeps sont-ils justifiés de déclencher une grève générale illimitée pour contester la hausse des droits de scolarité?

LES COMMENTAIRES DOIVENT ÊTRE SIGNÉS.



Léo Bureau-Blouin

Président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ)

UNE GRÈVE LÉGITIME

Certains pourraient croire que la grève étudiante n'est pas légitime, car la hausse de 1625$ des droits de scolarité proposée par le gouvernement Charest n'aura pas d'impacts sur les étudiants et leur famille. Or, rien n'est plus faux. Mettons-nous à la place d'une famille de la classe moyenne qui n'a pas d'épargne et qui est déjà lourdement taxée. Comment voulez-vous que cette famille trouve 1625$ de plus dans son budget?  En augmentant les frais, on empêchera certaines de ces familles d'envoyer leurs enfants à l'université. D'ailleurs,  toutes les études sérieuses démontrent que lorsque les frais augmentent, moins d'étudiants s'inscrivent. Cette diminution du nombre d'étudiants aura de conséquences importantes, car pour performer dans un contexte économique difficile, le Québec doit tout faire pour que le maximum de jeunes aille les moyens de supporter la société québécoise. Cette grève étudiante est d'autant plus légitime lorsqu'on constate les problèmes de mauvaise gestion dans les universités. Pourquoi ne pas faire le ménage dans les universités au lieu de piger davantage dans les poches des étudiants et de leur famille? Les étudiants se mobilisent pour l'avenir du Québec et ils ont besoin du support de tous les Québécois.

Photothèque Le Soleil, Carl Thériault

Le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, Léo Bureau-Blouin.

Guy Breton

Recteur de l'Université de Montréal 

NON !

Tout d'abord, les étudiants ne feront pas la grève, car ils ne sont pas des employés. Ils boycotteront leur propre formation. Les droits de scolarité actuels et la proportion du coût de la formation qu'ils représentent sont, en dollars constants, une fraction de ce qu'ils étaient il y a 20, 40 ou 60 ans. Il y a ici une question d'équité intergénérationnelle. Les universités du Québec sont clairement moins financées que leurs comparables du reste du Canada - de l'ordre de 25 % par étudiant. Elles sont pourtant soumises aux mêmes règles d'agrément de leurs programmes professionnels et doivent répondre aux mêmes attentes de leurs étudiants. Il y a ici un danger de dégradation de la qualité globale de l'enseignement supérieur au Québec : un risque de ghettoïsation du Québec. L'augmentation prévue représente 1 $ de plus par jour (325 $/année). De plus, 35% de cette hausse raisonnable sera retournée aux étudiants les moins fortunés par le biais du régime d'aide financière. Cette mesure accroîtra un des plus généreux régimes gouvernemental d'aide financière aux études au Canada. Il ne faudrait pas se priver d'une augmentation de l'accessibilité pour ceux qui en ont besoin. Malgré tout cela, le Québec sera, en 2016-2017, l'un des endroits en Amérique où les diplômes universitaires seront les moins coûteux.

Photo: Robert Mailloux, Archives La Presse

Guy Breton

Louis Bernard

Consultant et ancien haut fonctionnaire au gouvernement du Québec

GRATUITÉ AU PREMIER CYCLE

On ne peut discuter intelligemment des droits de scolarité universitaires sans d'abord réfléchir sur la nature et la finalité de l'université moderne. Les temps ont changé et les exigences du marché du travail au XXIe siècle requièrent une main-d'oeuvre beaucoup plus qualifiée qu'autrefois. Ce qui fait que le premier cycle universitaire est devenu progressivement une école professionnelle orientée sur la formation des travailleurs dont a besoin la société du savoir.  Ce qui caractérisait l'université dans le passé, c'est-à-dire la recherche et l'analyse critique, est maintenant réservé aux études de deuxième et troisième cycles. C'est pourquoi la gratuité de l'éducation, qui prévaut chez nous jusqu'à la fin du cégep, devrait être étendue, pour les étudiants québécois, jusqu'à la fin du premier cycle universitaire. C'est dans l'intérêt de la société québécoise autant que dans celui des étudiants. Par contre, les étudiants non québécois, à moins qu'ils bénéficient d'ententes avec leur pays d'origine, devraient payer des droits de scolarité semblables à ceux qui prévalent chez nos voisins.


Marc Simard

Professeur d'histoire au collège François-Xavier-Garneau à Québec

MISÉRABILISME ET CORPORATISME

Le graphique reproduit dans La Presse du 15 février démontre qu'avec les hausses de droits de scolarité décrétées par le gouvernement Charest, ceux-ci rejoindront en 2016-2017 le niveau qu'ils avaient en 1968 en tenant compte de l'inflation. En somme, si certains gouvernements n'avaient pas gelé lesdits droits, leur augmentation aurait naturellement suivi le cours des prix et nous nous serions épargné plusieurs psychodrames collectifs.

La stratégie actuelle du mouvement étudiant repose sur deux impostures. D'une part le misérabilisme (les pauvres étudiants s'endetteront et plusieurs d'entre eux devront décrocher), qui leur vaut le soutien des bonnes âmes, mais qui ne résiste pas au test de la réalité (bonification du programme de prêts et bourses et absence de preuve empirique de l'effet décrochage). D'autre part, l'égalité des chances, qui repose sur un grossissement excessif des effets à la marge de la mesure et qui trouve résonance chez le gauchiste qui sommeille au sein de plusieurs membres de notre élite. J'écarte ici la bluette sur la marchandisation de l'éducation, risible par son simplisme. Je continuerai à dénoncer le corporatisme borné des étudiants qui contestent la hausse des droits tant qu'ils n'auront pas répondu autrement que par des sophismes sur l'accessibilité et l'égalité aux questions suivantes : pourquoi l'étudiant universitaire de 2012 ne paie-t-il qu'environ les deux tiers de ce que payait celui de 1968? Pourquoi les contribuables du Québec, dont une bonne part gagne moins que ce que gagneront ces futurs nantis, se saigneraient-ils pour les aider dans leur ascension sociale? Et pourquoi les universités québécoises continueraient-elles à être ad vitam aeternam les parents pauvres en Amérique du Nord?

Claudette Carbonneau

Ex-présidente de la CSN

POURQUOI LA MOYENNE CANADIENNE ?

Oui, les étudiants ont raison de prendre la rue pour défendre le droit à l'éducation. Je ne connais aucun autre groupe auquel on veut imposer 70% d'augmentation en 5 ans après de nombreux autres ajustements à la hausse. Les étudiants ne refusent pas de faire leur part, ils la feront quand ils auront de meilleurs emplois. Cette supposée obligation de rejoindre la moyenne canadienne ne tient pas la route. De grâce plus de voilure et moins de prisme dans la définition de nos aspirations collectives! Nous devons être fiers de nos valeurs et de nos choix de  société qui ont permis de démocratiser l'éducation au bénéfice de toute la société. Nos politiques en matière de droits de scolarité avaient fait de nous les champions canadiens quant aux inscriptions aux cégeps et pour la mixité de notre population étudiante en médecine. Dommage de constater que le grand rendez-vous convoqué par les libéraux sur l'avenir du Québec ,qui avait hissé l'éducation en tête des priorités, n'était qu'une cynique opération de relations publiques. Voilà qui ne manque pas de mettre en valeur l'engagement des jeunes en faveur du bien commun et du progrès. Loin d'être des individualistes et des enfants gâtés, ils méritent notre respect et notre appui.

Photothèque Le Soleil

Claudette Carbonneau

Denis Boucher

Associé au sein d'un cabinet de relations publiques

INUTILE ET NUISIBLE

La grève est probablement le pire moyen de pression que les étudiants peuvent utiliser pour faire valoir leur point de vue. C'est non seulement inutile mais c'est en plus nuisible à leurs études. Personne n'aime payer plus d'impôt, de taxe ou de frais. Les étudiants ne font pas exception. Malheureusement, la part de l'État, donc des contribuables, est déjà énorme dans le financement des institutions post-secondaires. Or, les contribuables n'en peuvent plus de payer. Il est donc demandé aux étudiants, qui recevront un énorme retour sur leur investissement par le biais d'emplois bien rémunérés, de payer une plus juste part de ce qu'il en coûte pour qu'ils puissent acquérir des connaissances nécessaires à leur future carrière. Il est vrai que les étudiants ne roulent pas sur l'or mais ils ne sont pas les seuls à avoir à faire des choix budgétaires. En passant, on parle ici d'un montant supplémentaire de 27 dollars par mois la première année (c'est moins que le prix d'un café par jour). Les étudiants auraient donc avantage à relativiser leurs « malheurs ». On est bien loin de ce qu'il en coûte ailleurs au Canada et dans bien d'autres pays.

Denis Boucher

Guy Ferland

Professeur de philosophie au collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse

LA GRÈVE EST UN DEVOIR

Non seulement les étudiants sont justifiés de déclencher une grève générale illimitée, mais c'est même leur devoir. En effet, il est presque indécent que nous voulions faire payer les études de ceux-là mêmes qui vont devoir supporter toute leur vie l'inversion de la pyramide démographique. Pendant leur vie active, les jeunes étudiants d'aujourd'hui vont payer plus de taxes et d'impôts qu'aucune autre génération. Ils vont travailler plus longtemps et auront moins de vacances. Ils vont contribuer davantage aux régimes de retraite que leurs prédécesseurs pour en bénéficier moins. Ils vont supporter tout le fardeau du vieillissement de la population. En plus, on veut qu'ils paient pour acquérir le savoir qui va servir à toute la société vieillissante? Les travailleurs qui profiteront de tous les avantages du nombre à la retraite, ne pourraient-ils pas fournir un effort financier pour que les jeunes en formation aient au moins une fois dans leur vie un moment de répit? Ce serait la moindre des choses, puisque l'accès à l'éducation supérieure des jeunes va permettre à toute la population de vieillir relativement bien. Cette grève générale illimitée cache mal un conflit de générations qu'on ne veut pas assumer, mais qui va éclater au grand jour.

Gaétan Frigon

Président exécutif de Publipage inc, ex-PDG de la SAQ et de Loto-Québec

LES ÉTUDIANTS SE TIRENT DANS LE PIED

On parle souvent du modèle québécois pour justifier les services que l'on veut avoir de notre gouvernement du Québec : soins médicaux gratuits, assurance médicaments à bas prix, garderies à 7$, éducation gratuite (ou presque), etc. Mais chaque fois, le coût de ces services est, totalement ou en partie, payé à même les revenus généraux du gouvernement. Et ces revenus ne sont pas sans fond. On a beau dire que la santé, c'est essentiel, que l'éducation, c'est essentiel aussi. Mais en bout de ligne, quelqu'un doit payer pour ces services supposément «gratuits». Et dans ce contexte, la hausse des droits de scolarité décrétée par le gouvernement est complètement justifiée. Les étudiants des universités et des cégeps peuvent dire ce qu'ils veulent, mais quelqu'un va devoir payer un jour pour leur éducation. Si ce n'est pas eux, c'est que la facture est pelletée par en avant. Leurs enfants et petits-enfants devront alors la payer. En autant que je suis concerné, il n'y a aucune raison qui  justifie le déclenchement d'une grève générale illimitée. Et j'espère que, cette fois, le gouvernement va tenir son bout, considérant que, en bout de ligne, les étudiants se tirent dans le pied.

PHOTO FOURNIE PAR GAÉTAN FRIGON

Gaétan Frigon.

Mélanie Dugré

Avocate

UNE GROSSE BOUCHÉE

Au cours de mes études universitaires, j'ai constaté que le Québec était la risée des étudiants étrangers, particulièrement entre les murs de l'université anglophone que j'ai fréquentée. On pouvait compter à la pelle les étudiants qui profitaient du faible coût des droits de scolarité le temps d'un cycle d'études et qui, une fois leur diplôme obtenu, retournaient mener ailleurs leur vie de contribuables et de payeurs de taxe. Il me semble qu'il y a des limites à jouer le dindon de la farce. Ceci étant, les chiffres parlent et il est possible de leur faire dire à peu près n'importe quoi. Si une augmentation de 1625$ sur 5 ans, soit une moyenne d'un peu plus 300$ par année, n'apparaît pas déraisonnable à première vue, il faut néanmoins admettre que cela représente une augmentation de près de 75%, ce qui peut constituer une grosse bouchée difficile à mastiquer, particulièrement pour les jeunes issus de milieux défavorisés. On ne peut être contre le droit à l'éducation et les valeurs progressistes qui le nourrissent. Mais on peut certainement s'objecter à un gel ad vitam aeternam des frais de scolarité. Entre le statu quo et l'augmentation annoncée, il y a peut-être un juste milieu qu'il convient de trouver en négociant de bonne foi.

Mélanie Dugré

Michel Kelly-Gagnon

PDG de l'Institut économique de Montréal 

LA LOTERIE

Les étudiants qui font la grève se pénalisent eux-mêmes, puisqu'ils sont les premiers bénéficiaires de leur formation. L'éducation est un investissement, et un investissement très rentable. À l'heure actuelle, la dette étudiante moyenne s'élève à 14 000$, alors qu'on estime qu'un bachelier gagnera entre 600 000$ et 1 million de dollars de plus durant sa vie qu'un diplômé du secondaire sans autre formation. Diplômer d'une université, c'est gagner à la loterie! Voyez-vous souvent des gagnants faire la grève et réclamer à hauts cris qu'on diminue le prix du billet? Bien sûr, tous ne gagneront pas également. Une étudiante en médecine peut espérer un revenu beaucoup plus élevé que la plupart des diplômés, disons par rapport à un étudiant en sciences politiques. Est-il juste que les deux paient les mêmes droits de scolarité? Bien sûr que non. C'est même tout à fait inéquitable. Le gouvernement devrait laisser chaque université fixer elle-même ses droits de scolarité et il devrait se concentrer plutôt à aider ceux qui en ont réellement besoin.

Archives

Michel Kelly-Gagnon

Jean-Pierre Aubry

Économiste et fellow associé au CIRANO 

LES INTOUCHABLES

Dans les 40 dernières années, les droits de scolarité de base dans les universités québécoises ont crû bien moins que l'indice des prix à la consommation et encore bien moins qu'un indice du salaire moyen au Québec.  De vouloir hausser les droits de scolarité pour que leur valeur, en dollars constants,  reviennent à celle du début des années 70, cela me semble tout à fait souhaitable, en autant que cette remontée se fasse sur plusieurs années, de façon à donner aux étudiants le temps de s'ajuster à cette nouvelle situation, et en autant que le système des bourses d'études permette aux étudiants moins favorisés sur le plan financier de demeurer aux études. L'alternative, pour remplacer les fonds provenant de la hausse des droits de scolarité,  serait d'accroître les impôts et/ou les taxes payés par les contribuables québécois, principalement ceux de la classe moyenne.  Compte tenu des projections économiques, ces derniers seront fortement sollicités par les administrations publiques pour maintenir la quantité et la qualité des services publics dans un environnement marqué par le vieillissement de la population, par un croissance relativement faible de la productivité, par le haut niveau de compétition international et par le besoin de poursuivre le renouvèlement des infrastructures collectives. Les étudiants doivent par solidarité mettre l'épaule à la roue et ils doivent surtout croire que les services éducatifs qu'ils reçoivent valent beaucoup plus que les droits qu'ils verseront.

Jean-Pierre Aubry

Jean Gouin

Directeur général de la Fédération des médecins résidents du Québec

LES ÉTUDIANTS S'INDIGNENT À LEUR FAÇON

L'utilisation de la grève générale par les étudiants des universités et des cégeps pour contrer la hausse des droits de scolarité m'apparaît abusive lorsque vient le temps de se comparer avec nos voisins. Les Québécois sont ceux qui déboursent le moins pour s'instruire et je ne crois pas que la hausse qui est demandée justifie une grève générale. Par contre, avoir recours à ce moyen de pression ultime de la part des étudiants amène la société à s'interroger sur les questions réelles qui ont conduit ces derniers à déclencher une grève générale. Économiquement, le Québec ne roule pas sur l'or mais avouons que, jusqu'à maintenant, il se tire bien d'affaire. Socialement, le Québec n'a rien à envier à personne d'autre et je n'ai pas d'hésitation à dire que nous sommes gâtés jusqu'à un certain point : la gratuité des soins de santé, l'assurance médicaments, les garderies à 7 $, les tarifs préférentiels en hydroélectricité dont nous bénéficions, le prouvent. C'est plutôt en aval que se situent les vraies raisons pour lesquelles les étudiants veulent faire la grève générale. Notre taux de chômage plus élevé que la moyenne canadienne, les difficultés qu'éprouvent les jeunes face aux perspectives d'emploi, la situation économique mondiale qui vacille, les caisses de retraite des baby-boomers que les jeunes devront éventuellement pourvoir, et le peu de respect de certains qui n'hésitent pas à empocher salaires et bonus, lesquels dépassent parfois l'entendement, expliquent, de mon point de vue, la réaction des étudiants. Les étudiants s'indignent à leur façon et nous devons écouter leur discours.

Jean Gouin

Pierre Simard

Professeur à l'ÉNAP à Québec

LA DISTRIBUTRICE À BILLETS

J'avais l'intention de rappeler que l'éducation est un investissement rentable et que les diplômés récupèreront facilement leur mise... mais j'ai déjà écrit ça! Inutile de se répéter, l'éducation serait un droit. Et les droits se multiplient lorsqu'on cherche à faire payer les autres. En réalité, la jeune génération n'est pas différente de celle qui l'a précédée. Lorsqu'il est temps de prendre ses responsabilités et de mettre la main dans ses poches, on brandit la menace de grève. Si d'un coin de la bouche, on dénonce les iniquités intergénérationnelles, de l'autre on réclame une subvention de la génération précédente. Le principe? Tous égaux devant la distributrice à billets étatique. Là où il y a de la gêne, il n'y a pas de plaisir! En matière de grève, la semaine aura été bien remplie. Lundi les garderies, aujourd'hui les étudiants. Dans les deux cas, on nous balance la question de principe : il faut protéger les meilleurs investissements du modèle québécois. Le hic, c'est que malgré nos innombrables investissements mirobolants, nous nous classons parmi les plus pauvres et les plus taxés en Amérique du Nord. Il faudra bien un jour cesser de se regarder le nombril et prendre, comme l'ont fait la plupart de nos voisins, le pari de la responsabilisation individuelle.

Pierre Simard

Adrien Pouliot

Président de Draco Capital inc., société d'investissement privée

VIVE LE MARCHÉ !

Dans un marché libre et concurrentiel, quand le consommateur n'aime pas le prix d'un article ou d'un service offert, il a le loisir de voter avec ses pieds et d'aller magasiner ailleurs. Dans une situation où les prix ne sont pas déterminés par le libre jeu de la concurrence, le consommateur est pris en otage.  Les étudiants font face à un système d'éducation supérieure dont les prix sont fixés par l'État.  Les universités n'ont pas le droit de se concurrencer entre elles pour offrir un meilleur service à un meilleur prix.  Quel recours reste-t-il aux étudiants qui ne sont pas satisfaits du prix du service offert?  Faire la même chose que tous ceux qui traitent avec l'État: se regrouper et espérer acheter le politicien en lui offrant, en échange d'une faveur (par exemple, un gel des droits de scolarité), le vote de milliers étudiants universitaires.  Le politicien prendra la décision qui lui rapportera le plus: il gagnera le vote des étudiants en octroyant la faveur mais s'il sent que les contribuables vont lui rapporter plus de votes parce qu'il tient tête aux étudiants, il restera de glace devant les jeunes manifestants. Vive le marché!

Adrien Pouliot

Jean Bottari

Préposé aux bénéficiaires

UN INVESTISSEMENT

D'un côté, je trouve déplorable que les étudiants universitaires doivent faire la grève afin de faire valoir leur point de vue au gouvernement Charest. Après tout, ce sont eux qui vont en souffrir. Ils devront reprendre les cours manqués durant les soirs et les fins de semaine. Qu'arrivera t-il pour ceux qui travaillent justement certains soirs ou encore les samedis et dimanches? Perdront-ils leur boulot? Par contre, je comprends et j'appuie leurs revendications. Il est vrai que les droits de scolarité au Québec sont les plus bas au Canada et parmi les moins élevés au monde. Mais l'éducation n'est-elle pas pour toute société l'un des meilleurs investissements? Nul autre que le ministre des Finances lui-même l'a déclaré: «Le contribuable québécois paie une fortune pour les universités. Ça lui coûte beaucoup d'argent. C'est un bon investissement.» Il est vrai qu'en tant que contribuables, nous déboursons beaucoup d'argent pour les universités. Je crois qu'il pourrait en être autrement si le gouvernement Charest avait le courage de réorganiser le système scolaire, incluant le réseau universitaire afin que ceux-ci deviennent plus performants à moindre coûts pour la collectivité. Comme tout réseau public, les universités se retrouvent avec des dizaines de postes cadres et des centaines de postes d'encadrement. Souvent superflus, ces emplois nous coûtent des millions et créent des déficits monstres. Si on réorganise le tout avec la fermeté et la volonté que cela implique, je fait le pari que l'université pourrait être offerte gratuitement à nos jeunes. Elle deviendrait donc accessible à tous. Riches, pauvres et ceux issus de la classe moyenne auraient ainsi accès à la même éducation. N'est-ce pas là la façon de faire idéale pour notre société qui défend l'universalité, comme c'est le cas pour le réseau de la santé ou encore les CPE à 7$ par jour? Plutôt que de nous faire miroiter un Plan Nord en mode préélectoral ou encore distribuer des dizaines de millions de nos dollars en subventions de toutes sortes chaque semaine, le gouvernement Charest devrait investir plus et mieux dans l'avenir éducatif de nos enfants qui seront un jour nos médecins, ingénieurs, infirmières, avocats, et même nos dirigeants.