Le dossier de La Presse soulève un important débat en éducation. Les enseignantes et les enseignants des écoles primaires et secondaires du Québec devraient-ils être soumis à une évaluation professionnelle?

Il faut d'abord savoir que des mécanismes d'évaluation sont déjà en place et qu'ils donnent lieu à des dérapages. Contrairement à ce que la population pourrait être tentée de croire, une majorité d'enseignants n'est pas réfractaire à l'idée d'être évaluée.

D'ailleurs, la proposition de la Coalition pour l'avenir du Québec, selon laquelle le Québec gagnerait à hausser le salaire des enseignants et à assurer leur évaluation, a reçu discrètement, de la part de nombreux pédagogues, un accueil favorable dans plusieurs écoles. À mon avis, l'évaluation du corps enseignant québécois est nécessaire, mais devrait être un mécanisme exercé par les enseignants eux-mêmes.

De nos jours, il n'est pas rare de trouver des administrateurs scolaires qui ont tout juste cinq années d'expérience en salle de classe et parfois même encore moins. Nombreux conviendront que l'expérience limitée ou incompatible avec les dossiers dont ils deviennent responsables peut miner la crédibilité de certains nouveaux gestionnaires dans un exercice d'évaluation avec des enseignants. Comment peuvent-ils être aptes à mesurer le défi et les exigences que pose, sur la santé mentale et physique d'un individu, l'acte d'enseigner à des jeunes ou à des adolescents avec des ressources limitées?

Lorsqu'on considère les sommes que le Québec investit en éducation, il est nécessaire que la qualité des services rendus aux élèves soit évaluée. Personne ne sera jamais mieux habileté ou plus objectif pour poser un jugement professionnel qu'un pair qui n'est pas en autorité sur le professionnel évalué. Voilà donc pourquoi il en revient aux enseignants la responsabilité de garantir à la population la meilleure qualité possible des services pédagogiques qu'eux et leurs pairs dispensent aux élèves québécois. Est-ce une utopie?

En créant un ordre professionnel, les enseignants pourraient facilement élire des représentants issus de leur rang et en qui ils ont confiance dans chaque région du Québec. Ceux-ci pourraient détenir un mandat d'une durée limitée pour siéger à un éventuel ordre professionnel des pédagogues du Québec. Cette institution aurait pour mandat de garantir la qualité des services rendus à la population en matière de pédagogie dans les écoles primaires et secondaires. Elle pourrait même collaborer avec les universités dans le cadre des programmes de formation des maîtres.

L'avenir d'un peuple passe par l'éducation. Par conséquent, le Québec ne peut plus se permettre de voir 40% de ses jeunes quitter les bancs d'école avant d'avoir obtenu une formation qualifiante. S'il veut demeurer compétitif, le Québec doit moderniser la qualité des ressources éducatives qu'ils procurent à ses jeunes en s'associant à leurs principaux intervenants. Donc, il doit allouer plus de pouvoir et d'influence aux enseignants tout en les encadrant comme le permet l'Office des ordres professionnels du Québec. Après tout, ne sommes-nous pas les premiers qui côtoient quotidiennement les enfants et les adolescents? À l'intérieur d'une telle structure, chaque enseignant aura avantage à s'engager dans un mécanisme d'évaluation puisqu'il sera mené et géré par un ordre professionnel qui leur appartiendra, dont ils seront les membres exclusifs et qui oeuvrera à rehausser la reconnaissance sociale à leur égard au Québec.