Au moment où le premier ministre israélien demande à la communauté internationale de réagir devant l'ampleur du programme nucléaire militaire iranien, Benjamin Netanyahou - et non pas Israël - n'a jamais été aussi isolé. Depuis une bonne année, il subit rebuffades et avertissements.

Les choses ont commencé à l'été 2010 avec la Turquie, pourtant allié stratégique de toujours. La mort de neuf activistes turcs lors de l'assaut donné à leur bateau par la marine israélienne alors qu'il se dirigeait vers Gaza a brisé cette relation que les deux parties n'ont pas réussi à rétablir par la suite.

Quelques semaines plus tard, le président Barack Obama a formellement demandé à Israël de geler les implantations de colons en Cisjordanie. Netanyahou a dit non et, depuis, accélère le mouvement. La relation entre les deux hommes, déjà mauvaise, est devenue glaciale.

Il y a quelques semaines, la Palestine est devenue officiellement membre de l'UNESCO en obtenant le soutien de la majorité des membres de cette organisation - dont la France -, provoquant un nouvel isolement du premier ministre israélien.

Cet isolement a pris toute son épaisseur lorsque les médias ont révélé les propos confidentiels tenus par des présidents français et américain sur Netanyahou lors d'une conversation au G20 la semaine dernière. Visiblement ulcéré par ses relations avec le leader israélien, Nicolas Sarkozy, le président le plus pro-israélien de la Ve République, a été cinglant. «Je ne veux plus le voir. C'est un menteur», a-t-il dit. Et Obama de répondre qu'il avait de la chance, car, lui, il devait traiter avec, tous les jours.

Cet isolement de Benjamin Netanyahou arrive à un bien mauvais moment pour Israël. En effet, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) vient de publier un rapport où elle soupçonne l'Iran d'utiliser son programme nucléaire civil afin de produire une arme nucléaire. Depuis plusieurs semaines, déjà, Israël se doutait de cela, et certains membres du gouvernement ont laissé entendre qu'une attaque visant à détruire les installations nucléaires iraniennes se préparait. Cette menace n'a pas plu, mais pas plu du tout aux grandes puissances.

La Russie a averti qu'une attaque serait une grave erreur «aux conséquences imprévisibles» et a déploré la publication rapide du rapport de l'AIEA dont elle juge qu'il alimente les tensions. Et pour la première fois depuis qu'il aborde le dossier iranien, le président Nicolas Sarkozy a déclaré que «la communauté internationale ne pouvait régler tous les problèmes par les armes». Il plaide plutôt pour un renforcement des sanctions.

Israël est évidemment dans son bon droit de vouloir se défendre contre un pays dont les dirigeants ont juré d'effacer l'État juif de la surface de la planète. Aucun autre pays ne tolérerait une pareille menace. Toutefois, les dirigeants israéliens doivent mesurer les conséquences d'une probable attaque contre l'Iran sur la sécurité dans cette région et dans le monde. Même les chefs militaires et des services secrets israéliens sont contre une attaque.

À tort ou à raison, le premier ministre israélien semble être devenu le principal obstacle au règlement de certaines questions affectant la sécurité de son pays. Lorsque les deux plus fidèles alliés d'Israël - les présidents américain et français - sont à ce point exaspérés par son comportement, c'est que quelque chose doit bouger dans ce pays s'il veut avancer sur le chemin de la paix.

Benjamin Netanyahou fait face à un moment difficile. Ses prédécesseurs n'ont pas hésité à prendre de douloureuses décisions pour briser l'impasse dans certains contentieux. Rabin a serré la main à Arafat, Ehud Barak a retiré les troupes israéliennes du Liban du Sud, Ariel Sharon a évacué Gaza. Selon la lecture qu'on en fait, ces gestes ont eu de bonnes ou de mauvaises conséquences pour Israël. Netanyahou est-il prêt à faire de même?