On parle beaucoup d'intimidation à l'école ces temps-ci, du décès d'un adolescent de 15 ans qui s'est suicidé, à la suite du harcèlement qu'il subissait parce qu'il était gai, du fait que plusieurs vedettes homosexuelles devraient faire leur coming out, du «bitchage», du langage vulgaire et agressif de filles vis-à-vis d'autres «T'es une salope!», «Tu mérites de mourir!», ainsi de suite...

Il est vrai que, pour un ou une ado, il peut-être très difficile de vivre son orientation homosexuelle, au sus et au vu de sa famille, de ses amis et de son entourage. Mais n'oublions pas tous les autres qui subissent aussi de l'intimidation de la part de leurs pairs; les autres qui vivent aussi très mal et très seuls cette intimidation sournoise, méchante, gratuite et écoeurante de la part des harceleurs: «les gros, les grosses, les maigres, les boutonneux, les boutonneuses, les nerds, les mal habillés, les yeux croches, les cheveux carotte, les «pas comme les autres», en fait.

La semaine dernière, j'entendais une comédienne célèbre qui parlait, justement, du phénomène d'intimidation à l'école et qui suggérait à tous ceux et toutes celles qui se font écoeurer de dénoncer ceux et celles qui, justement, les écoeurent. Mais, il y a une autre vérité dont j'aimerais ici parler.

Moi aussi, dans mon ancien rôle de directeur adjoint et de directeur d'une école secondaire, j'ai toujours encouragé les harcelés à dénoncer les harceleurs, que ce soit auprès de leurs amis, leurs professeurs, leur direction d'école ou autres intervenants scolaires, leur famille. Mais c'est quoi la suite?

C'est beau l'éducation, la sensibilisation, mais n'oublions surtout pas un fait évident: les jeunes qui se font écoeurer, à l'école et en dehors même, pour plusieurs, ont peur! Donc, ils et elles ne dénonceront jamais leurs harceleurs s'il n'y a aucun plan d'action qui peut les protéger vraiment. Et là, précisément, je ne peux comprendre ou croire qu'il peut encore y avoir des directions d'école et des enseignants qui prennent, soit à la légère ce que leur dit tel ou tel élève: «C'est pas grave, cela va passer!» ou «Laisse faire, je vais lui parler!» ou encore, qui se demandent, bien humblement et innocemment, «Que peut-on bien faire pour arrêter cela?»

Pour avoir été directeur adjoint et directeur d'une école secondaire de 1993 à 2003, je ne peux accepter qu'une école n'ait pas encore de plan d'action pour contrer ce phénomène grandissant d'intimidation à l'école. Je suggère donc à la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, d'obliger, au plus vite, l'ensemble des écoles du Québec de se doter d'un plan d'actions clair, sécuritaire, dissuasif et dans une optique de mieux-être, tant pour l'élève harcelé que pour l'élève harceleur, pour contrer l'intimidation à l'école, que ce soit vis-à-vis un autre élève ou encore, vis-à-vis un membre du personnel.

Pour contrer l'intimidation à l'école, j'avais mis en branle un projet que j'avais nommé le «Cercle du mieux-être». Dans un proche avenir, j'enverrai un résumé de mon plan d'action à Mme Chantal Longpré, présidente de la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement.

Il est aussi plus que temps d'arrêter de donner plus de droits aux harceleurs qu'aux harcelés. La journée où les harceleurs vont comprendre que leur comportement inacceptable ne restera plus secret ni impuni, les élèves harcelés vont commencer à mieux respirer.

Il n'y a aucune raison, aucune excuse, aujourd'hui, qui tienne pour les écoles qui ne font rien ou qui font «juste parler» aux agresseurs, pendant que leurs victimes sont très mal dans leur peau, assez pour s'enlever la vie, parfois. Vite ça presse!