La présence des partis politiques municipaux est souvent contestée au Québec. Ce refus de la partisannerie reflète une idée fortement ancrée à l'échelle municipale: les enjeux locaux seraient des enjeux techniques, ne référant à aucune valeur politique et ne nécessitant pas le débat public. Selon cette pensée, l'échelle locale engendrerait une inévitable proximité entre l'élu et le citoyen, proximité qui ne souffrirait pas d'intermédiaire. La scène municipale serait consensuelle et apolitique par définition.

La présence des partis politiques municipaux est souvent contestée au Québec. Ce refus de la partisannerie reflète une idée fortement ancrée à l'échelle municipale: les enjeux locaux seraient des enjeux techniques, ne référant à aucune valeur politique et ne nécessitant pas le débat public. Selon cette pensée, l'échelle locale engendrerait une inévitable proximité entre l'élu et le citoyen, proximité qui ne souffrirait pas d'intermédiaire. La scène municipale serait consensuelle et apolitique par définition.

Mettre de l'avant cette idée, c'est toutefois oublier que si l'apolitisme peut être séducteur, il n'en comporte pas moins certaines limites: en niant le débat d'idées, l'apolitisme rend délicat l'évaluation des candidats sortants, favorise le désintérêt pour la chose publique et peut avoir un impact certain sur la participation au scrutin. C'est d'ailleurs pour faciliter la compétition politique et l'exercice démocratique de l'opposition que le gouvernement provincial a autorisé la création de partis politiques dans les municipalités de plus de 5000 habitants il y a maintenant plus de 30 ans.

De façon générale, les partis politiques permettent: 1) d'articuler et d'intégrer les différents intérêts; 2) de recruter des personnes intéressées par la politique; 3) d'informer les électeurs. En effet, les avantages financiers liés à la formation des partis (remboursement des dépenses, allocation de fonctionnement) favorisent la mise en place d'une opposition, élément indispensable au jeu démocratique. Par ailleurs, les partis politiques offrent une meilleure représentativité des élus (en favorisant par exemple les candidatures des femmes et des membres des communautés ethniques). Enfin, en donnant une couleur politique aux enjeux locaux, les partis politiques participent à la divulgation de l'information, information qui permet au citoyen d'avoir plus d'éléments en main pour faire un choix et juger de la performance des candidats sortants.

Les partis politiques municipaux partisans demeurent encore peu nombreux au Québec et ont tendance à pêcher par leurs défauts. Premièrement, ce sont généralement des formations politiques de courte durée, souvent créées en vue de l'élection autour d'un candidat à la mairie et qui disparaissent au lendemain du scrutin. Deuxièmement, l'organisation actuelle de ces formations est principalement centrée sur le candidat à la mairie. Face à ces caractéristiques, la solution ne réside tant pas dans l'abolition des partis politiques que dans la valorisation des enjeux municipaux afin que les idées prennent le dessus sur les personnes et puissent également assurer une certaine longévité aux organisations partisanes.

Le Québec est un des rares endroits en Amérique du Nord où il est possible d'avoir des partis politiques municipaux. Malgré leur faible organisation, ils ont un effet sur la vie politique car le taux de participation électorale aux élections municipales est plus élevée ici (environ 45%) qu'aux États-Unis (environ 25%). Sachons  profiter de cette exception et tournons là à notre avantage: les partis politiques sont ainsi non seulement importants, mais nécessaires à la quête de l'idéal démocratique!



Les auteures viennent de publier le livre Les élections municipales au Québec : Enjeux et perspectives, aux Presses de l'Université Laval.