Après 38 ans de loyaux services, mes prestations de retraite ont été brusquement coupées de 40%.

J'ai travaillé pendant 38 ans comme machiniste pour la papetière Papiers Fraser qui, après avoir changé de main à quelques reprises, a été détenue par le fonds financier Brookfield Asset Management. Pendant toutes ces années, tout comme mes collègues de travail, j'ai versé une partie de mon salaire dans notre régime de retraite, en vertu du contrat négocié avec notre employeur. Selon les règles que nous nous étions données, j'ai toujours pensé qu'il s'agissait là d'un investissement assuré.

En 2003, après 38 ans de loyaux services, j'ai décidé de prendre ma retraite. Les prestations auxquelles j'avais alors droit étaient déterminées et fixées à l'avance. J'ai donc planifié ma retraite en me basant sur ces données afin de tenir compte de mes dépenses, de l'inflation, de mes projets, etc. Jusqu'en 2010, tout s'est bien déroulé alors que ma pension m'était versée selon les montants prévus.

Tout a basculé en avril 2010, alors que mes revenus ont été coupés de 40%! En retour de 38 ans de ma vie consacrés à travailler à l'enrichissement de Papiers Fraser et des compagnies qui en ont été propriétaires, je n'ai pu recevoir ce qui m'était dû que pour sept années!

Et le pire, c'est que tout s'est fait légalement: les compagnies qui se prévalent de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des entreprises peuvent réussir à liquider ainsi les régimes de retraite. Ce qui n'est absolument pas normal, et encore moins acceptable.

C'est pourquoi le gouvernement fédéral ne peut pas laisser aller cette situation. Il doit agir et protéger les régimes de pension privés. Il faut notamment que le gouvernement amende sa loi afin que les dettes dues aux travailleurs et au régime de retraite soient les premières remboursées.

Ce qui me frustre, c'est que j'avais un contrat écrit avec Papiers Fraser me garantissant ma rente. J'ai investi dans cette rente pendant plus de 38 ans. Pourquoi, mais pourquoi dois-je payer pour les lacunes des lois canadiennes et la mauvaise gestion de la part de Papiers Fraser et de Brookfield Asset Management?

À cause de Brookfield, je n'ai plus les moyens de terminer mes jours dans une résidence pour personnes âgées, je n'ai plus assez de revenus pour m'assurer une retraite digne de ce nom.

Notre seule lueur d'espoir, c'est la solidarité et la lutte que mènent les retraités et les travailleurs actifs au moment de la fermeture, bref, nous, les victimes de Brookfield.

Ceci n'est malheureusement pas de la fiction, mais bel et bien la réalité pour un retraité de Gatineau, comme ce l'est pour des centaines d'autres. Une histoire vraie!

Agissez, M. Harper!