Plusieurs articles ont été publiés ces derniers jours sur le nombre d'étudiants français présents dans les universités québécoises. Certains s'interrogent sur le coût d'un tel accord pour le Québec.

La relation France-Québec ne cesse, depuis 50 ans, de se renforcer. Les échanges d'étudiants entre la France et le Québec en sont un signe tangible, et si les étudiants français présents au Québec sont presque neuf fois plus nombreux que les étudiants québécois présents en France c'est aussi que la France compte huit fois plus d'habitants que le Québec.

S'agissant des études en anglais, je précise que la minorité des étudiants français qui s'inscrivent à McGill ou à Concordia n'y vont pas pour apprendre l'anglais puisqu'ils doivent déjà le maîtriser avant d'y entrer. Peut-on dire que les Français viennent au Québec car les études sont moins chères qu'ailleurs ? Pas si on les compare à la France. Compte tenu du financement direct des universités françaises par l'État, donc par le contribuable français, les coûts d'inscription d'un étudiant français - ou québécois - est, en France, de l'ordre de 300$ à 400$ pour le premier cycle. Ils sont donc nettement inférieurs aux tarifs payés par les étudiants français au Québec, et j'ose croire que si les étudiants français viennent au Québec, c'est parce que nos deux sociétés sont unies par la langue et les valeurs.

Nos échanges sont donc  le reflet des liens étroits que tissent chaque jour davantage nos deux sociétés. La France comme le Québec ont fait le choix d'investir dans l'éducation pour leur avenir. Et ce ne sont pas seulement des étudiants que nous échangeons, mais aussi des doctorants et des chercheurs. De plus en plus, les structures de recherche françaises et québécoises mettent en commun leurs compétences et leurs moyens pour améliorer leur productivité et réduire leurs coûts. Nous oeuvrons aussi ensemble pour renforcer la francophonie dans un contexte de mondialisation de la recherche.  

Des centaines de chercheurs français et québécois traversent l'Atlantique et travaillent dans le cadre de partenariats. Les cotutelles de thèses, qui permettent à nos laboratoires de travailler ensemble sur des sujets d'intérêt commun, sont données en exemple. Entre 2001 et 2010, il y a eu 2911 cotutelles de thèse. Elles permettent à ceux qui les ont soutenues d'être double diplômés d'universités française et québécoise, et donc de travailler partout dans le monde. Ces cotutelles, citées partout en exemple, intéressent particulièrement les doctorants québécois, qui ont représenté 52% des étudiants-chercheurs impliqués. Bien plus, ce succès n'est pas seulement quantitatif puisque les thèses soutenues sont souvent couronnées de prix. Ainsi dimanche dernier, l'INRS (Institut national de la recherche scientifique) a décerné le prix de la meilleure thèse en études urbaines à M. Frédéric Dejean, étudiant de nationalité française, ayant effectué sa thèse en cotutelle. Ajoutons enfin que, à travers la France, les Québécois accèdent désormais à des programmes et à des financements européens.

Par ailleurs, les étudiants français sont plus enclins que les autres étudiants étrangers à suivre leur formation à l'extérieur de Montréal et de Québec: Sherbrooke, Rimouski, Chicoutimi ou Trois-Rivières. À ce titre, avec leurs compatriotes (au nombre de 1000 actuellement) qui viennent étudier dans les cégeps, de Rouyn-Noranda à Sept-Iles en passant par Gaspé, ils contribuent à la vitalité des régions québécoises.

Ces échanges soutenus, variés, effectués à court ou long terme, permettent à nos étudiants d'élargir leurs horizons en s'ouvrant à d'autres cultures, et à nos deux sociétés  de renforcer encore des liens privilégiés, dans les domaines scientifique, culturel, économique...  La France est le second investisseur au Québec et le quatrième au Canada. Plus de 100 000 Français vivent au Québec. Les étudiants d'aujourd'hui oeuvreront à leur tour, je l'espère, au renforcement de ces relations d'exception.