Pourquoi critiquons-nous les personnalités et les gens à l'aise qui s'engagent dans une bonne cause?

La frénésie des Fêtes est à nos portes. C'est la période rêvée pour ouvrir notre coeur et partager. C'est la période des guignolées, dont bien évidemment la Grande guignolée des médias, qui permettra à un nombre impressionnant de gens de manger à leur faim!

Je suis un peu bouleversée en voyant tous les commentaires négatifs dans les médias électroniques qui remettent en doute la moralité d'un tel événement et surtout les réelles motivations qui poussent les personnalités à y participer.

Mon expérience personnelle m'a permis de réfléchir longuement à cette question. En 1998, mon fils de 5 ans a été diagnostiqué d'un cancer virulent qui menaçait sa vie. Lors du diagnostic, j'ai fait un pacte avec la vie: tu redonnes la santé à mon enfant et je m'engage à me battre pour le reste de ma propre vie pour les enfants atteints de cancer et leurs familles. Aujourd'hui, 14 ans plus tard, le pacte tient toujours: mon fils a fêté ses 19 ans et, de mon côté, j'ai réussi, avec l'appui inconditionnel de ma famille et de mon entourage, à remettre à la cause plus de 7 millions de dollars au nom d'une fondation que nous avons créée et qui permet aux familles et aux enfants de traverser le cauchemar du cancer d'une façon un peu plus sereine.

Ma fondation est très modeste, aucune masse salariale, aucune dépense de publicité, simplement du bénévolat et du travail, pour recueillir chacun des dollars amassés. Au cours de ces 14 ans d'implication, j'ai travaillé et gagné ma vie, je conduis un 4X4, j'habite un quartier cossu de Laval, je voyage un peu, j'aime porter de beaux vêtements. Aurais-je dû abandonner tout cela, vendre mes biens pour remettre tout mon argent à ma fondation?

Doit-on être scandalisé lorsque:

La personne au coin de la rue qui nous demande un don dans sa petite boîte métallique porte un manteau Kanuk?

Le président d'une institution bancaire ou d'une grande entreprise qui génère des millions de dollars en profits accepte la présidence d'honneur d'une campagne pour contrer la pauvreté?

L'artiste en vue accepte le rôle de porte-parole d'une cause dans le but premier de parfaire son image?

Entre la moralité et la réalité, il y a tout un monde.

Croyez-vous que la maman qui veille son enfant cancéreux à l'hôpital a la force et l'énergie pour se mettre au coin de la rue avec sa petite boîte métallique?

Croyez-vous que moi, simple femme d'affaires, j'ai le même pouvoir qu'un Pierre Beaudoin ou un Jacques Ménard auprès des grands donateurs, là où se trouvent les grosses sommes d'argent?

Croyez-vous que je vais recevoir une invitation des recherchistes de Tout le monde en parle pour vanter vigoureusement le travail extraordinaire que toute mon équipe de bénévoles fait depuis 14 ans? Qui suis-je moi pour intéresser un auditoire de plus de 1,5 million de téléspectateurs?

En m'impliquant socialement jour après jour, en visitant régulièrement les enfants qui se battent pour leur survie, j'en suis arrivée à la conclusion que la véritable moralité, c'est celle que nous nous appliquons à insuffler dans chacun de nos gestes pour aider notre prochain. D'agir tout court est nettement plus moral que l'inaction. J'ai choisi d'agir, comme une foule de personnes le font aussi, comme on demande à nos personnalités les plus convaincantes de le faire. Chacun à sa mesure, chacun à sa façon.

D'autant plus que sans l'implication des personnalités dans les causes sociales, les sommes amassées au cours des diverses campagnes de souscription seraient bien moindres.

Nous pouvons tous faire une différence si nous croyons à une cause et nous impliquons à notre mesure. On peut tous agir au lieu d'attendre que les autres le fassent, pour ensuite leur reprocher de ne pas en faire assez.