Le gouvernement du Canada s'apprête à annoncer son retrait du protocole de Kyoto, entre autres parce que les pays du BRIC n'y ont pas adhéré, minant ainsi la compétitivité du Canada sur la scène internationale s'il s'astreint à des obligations que ses pays compétiteurs ne s'imposeront pas.

À l'inverse, le gouvernement du Québec s'apprête à mettre en place un système de plafonnement et d'échange de crédits carbone, même s'il se trouve à faire cavalier seul avec la Californie. Le secteur industriel est inquiet de l'approche retenue par le gouvernement provincial alors que six États américains viennent d'annoncer qu'ils désertent la Western Climat Initiative et qu'au Canada, le Québec est la seule province à vouloir mettre en place un tel système. La Colombie-Britannique, pour sa part, maintient sa taxe carbone et l'Ontario, le principal partenaire commercial du Québec, n'est pas au rendez-vous.

Bien que le secteur industriel québécois soit en faveur d'un marché du carbone, cette approche risque d'être prématurée dans le contexte actuel et risque de compromettre la compétitivité de nos entreprises par rapport aux entreprises des autres provinces et des États américains qui ne seront pas assujettis à un tel système.

Les turbulences économiques que nous vivons présentement et qui frappent sévèrement les États-Unis et l'Europe rappellent l'importance fondamentale de la structure manufacturière qui représente la base de la compétitivité de l'économie du Québec.

La croissance exponentielle des pays du BRIC rend la compétitivité de notre secteur manufacturier très vulnérable et toute initiative contribuant à accentuer cette vulnérabilité doit faire l'objet de grandes précautions afin de préserver notre compétitivité sur les marchés mondiaux.

La relocalisation de nos entreprises ailleurs dans le monde et le découragement potentiel des investisseurs étrangers qui se retrouveraient au Québec aux prises avec un système unique au Canada, constituent des préoccupations que partage notre secteur industriel déjà passablement malmené par la compétition féroce au niveau mondial.

Le secteur industriel est fier d'avoir réduit ses émissions de GES de 25% par rapport à ce qu'elles étaient en 1990 et peut encore contribuer à des réductions de GES, mais un Québec isolé dans un système de plafonnement et d'échange, tant et aussi longtemps que nos principaux partenaires commerciaux ne seront pas au rendez-vous, constitue un enjeu majeur et préoccupant pour la durabilité de notre économie.