J'aimerais remercier sincèrement et chaleureusement Julie Fontaine. Elle a mis un baume sur mon coeur. Elle m'a fait comprendre comment il peut être difficile, même pour la famille immédiate, de s'occuper d'un proche atteint de maladie mentale.

Je suis moi-même bipolaire ou maniaco-dépressive, si on veut. Les deux veulent dire la même chose. J'ai fait ma première psychose en 1999. Je fut hospitalisée sans problème. Je me suis remise par la suite et j'ai très bien vécu pendant des années.

J'ai rechuté en 2010, sans m'en rendre compte, après une perte d'emploi et la difficulté que j'ai eue à me replacer. Je n'allais pas bien mais pour moi, tout était merveilleux. Tout était drôle. J'ai tendance, en psychose, de tout trouver drôle et d'être très créative. Oui, je dis que j'ai cette chance-là car plusieurs ont des psychoses très morbides et démoniaques. Moi, c'est l'inverse, je m'amuse comme une petite folle (c'est le cas de le dire...)

Toujours est-il qu'après une crise profonde où je demandais moi-même d'entrer à l'hôpital, ma famille m'a prise au sérieux et, pour être sûre que j'y reste assez longtemps pour être soignée, ils ont eu recours à un processus judiciaire. Comme je l'ai su par la suite, c'est pénible et compliqué. En effet, on ne garde plus les patients contre leur volonté. Au début, quand les policiers sont venus me porter mon ordonnance de la cour, à l'hôpital, je n'en revenais pas. J'étais enragée. Par la suite, quelques jours plus tard, quand j'ai pris connaissance de ce qu'il y avait dans cette ordonnance, j'ai cru à une farce. J'ai éclaté de rire, me pensant quelque peu à Surprise sur prise. J'ai cherché le farceur tout au long de l'ordonnance mais ne l'ai jamais trouvé. Personne non plus, à l'hôpital pour venir me dire: Surprise sur prise! C'est pour vous dire à quel point «je n'étais pas là».

Je croyais également que la télévision me parlait directement. Les folies que j'ai faites en me laissant influencer par la télé, vous ne pouvez pas vous imaginer! J'en ai dépensé des sous en maquillage (en voyant les lectrices de nouvelles hyper maquillées, entre autres) et en vêtements de toutes sortes. Ce qui n'est pas dans mes habitudes dans mon état normal. Je me tiens loin de la mode et de toutes ces choses-là.

Pour en venir au phénomène des «portes tournantes», quand j'ai été hospitalisée la deuxième fois,  on a pris ça un petit peu à la légère dans le milieu hospitalier (même si je considère que c'était une équipe formidable) en minimisant les choses: vous savez, deux psychoses en 10 ans, ce n'est pas si mal, il y en a que c'est pire. Oui, je veux bien l'admettre, mais pour moi, dans mon cas, une psychose, c'est déjà une psychose de trop.

Aujourd'hui, je reconnais tous les tourments et sentiments d'impuissance que ma famille a pu ressentir pour me faire hospitaliser. Grâce, surtout, à Julie, à votre texte. Merci de l'avoir écrit. Merci surtout à ma famille d'être allée jusqu'au bout pour me faire hospitaliser. En souhaitant qu'ils ne m'abandonnent jamais, et que jamais je ne me retrouve dans la rue. En souhaitant, encore davantage, que j'aille de mieux en mieux et réussisse à faire ma place quelque part.