Les réactions fusent depuis la tragédie qui a mené au procès puis à la condamnation des trois membres de la famille Shafia qui ont causé la mort des trois filles et de la première femme du père.

J'ai été soulagé par les verdicts, malgré mon immense tristesse pour les membres de cette famille, autant pour les femmes qui sont mortes que pour les enfants qui restent dans le deuil et, sans aucun doute, dans une grande détresse.

L'enjeu était énorme pour bien des femmes afghanes et pour toutes les femmes victimes de violence. Je tiens à le souligner parce que je ne peux rester silencieux devant les témoignages de membres de ma communauté qui minimisent la présence bien ancrée de valeurs patriarcales qui ne font, heureusement, pas fréquemment de victimes d'un crime de l'envergure que l'on a vu, mais qui maintiennent les femmes et les filles dans une position de vulnérabilité.

Je sais que plusieurs d'entre elles souffrent tous les jours de la pression familiale ou communautaire quant à leur choix de vivre leur vie comme bon leur semble. Pouvoir choisir la personne avec qui elles souhaitent partager leur vie n'est qu'un aspect, mais combien troublant, de cette domination patriarcale qui, en fin de compte, garde les femmes dans un rôle séculaire de bien échangeable.

Je comprends la peur d'être identifié, ostracisé, je comprends aussi la présence d'une réelle islamophobie et le désir de s'en prémunir. Et je suis loin de dire que tous les Afghans partagent les valeurs conservatrices qui sous-tendent ce dont j'ai parlé plus haut. Je sais aussi que plusieurs autres communautés, et pas seulement de confession musulmane, connaissent les pressions de telles valeurs et le concept de crime d'honneur.

Mais ce que je dis, c'est que cela ne doit pas nous éloigner de la vérité, de la réalité et surtout, surtout, de notre devoir de protéger les femmes, les enfants et les hommes qui souffrent dans le silence.

Je suis fier de mes origines pour certains de ses aspects. J'en exècre certains autres. Le patriarcat en fait partie. Si je fais ces remarques, ce n'est pas pour critiquer ma communauté et encore moins pour en salir la réputation, mais bien pour susciter une prise de responsabilité collective salutaire.