Ce n'est que la pointe de l'iceberg. Que l'on soit chez soi ou à l'extérieur dans sa ville, on vivra dans un environnement de plus en plus intelligent. Quand on pense à un milieu durable, écologique ou vert, on parle de la même chose. Les slogans changent, mais les principes d'action sont les mêmes. L'information doit circuler et la participation citoyenne est essentielle. Voilà l'inexorable avenir pour les claustrophobes des nuages d'ondes.

Mais a-t-on besoin de compteurs intelligents? Si oui, que penser de la tarification différenciée et de l'intrusion dans l'intimité des gens? Les bénéfices de ces appareils ne sont pas tous connus, parce que chaque nouvelle technologie développe l'imagination de l'utilisateur au fur et à mesure qu'il en comprend l'utilité. Déjà, on sait que les compteurs intelligents seront utiles pour les activités suivantes.

A) Le premier grand intérêt de ces bases données se rapporte à la réduction de l'incertitude en prévision de demande. Que ce soit pour la courbe de charge ou pour la demande par secteur, plus l'information est précise, plus les analystes d'Hydro-Québec peuvent raffiner leur modèle de prévision. Or une meilleure planification mène à une réduction des coûts pour la distribution au consommateur. Une demande mieux connue permet aussi d'avoir une meilleure appréciation des blocs d'énergie à dégager pour le marché d'exportation à court terme.

B) Un réseau intelligent est un premier pas vers le «smart grid». Par exemple, au Québec, il est prévu que la recharge des batteries des voitures prenne de plus en plus d'importance. Pour ne pas surcharger la pointe, Hydro-Québec devra moduler cette demande de fin de journée.

C) Dans le Plan stratégique du Québec, il est également prévu que l'on va permettre au consommateur d'installer du solaire, de l'éolien ou toute nouvelle forme d'énergie. Pour que l'opération soit rentable, il est essentiel qu'Hydro-Québec rachète l'énergie excédentaire, sur une base fine de temps. La vieille machine à écrire est obsolète.

D) Le consommateur aura le loisir de suivre sa consommation et donc de la réduire.

Reste la tarification différenciée selon les heures de la journée. La gestion de demande au Québec se fait une base volontaire. En pointe, Hydro-Québec a des programmes de délestage avec certains gros clients industriels ainsi que des contrats bi-énergie avec un groupe de clients dans le résidentiel et le commercial. Que les associations de consommateurs se rassurent, la bonne pratique n'est pas d'obliger tout le monde à adhérer à un tarif plus élevé en pointe. Ce sera un libre choix. Ainsi, ceux qui auront des voitures électriques auront intérêt à s'entendre avec Hydro-Québec, justement pour abaisser leurs coûts.

Pour ce qui est de l'intrusion dans l'intimité des gens, les études de comportement reposent sur des variables obtenues par des sondages. Encore là, il s'agit de données obtenues sur une base volontaire. Les compteurs intelligents n'apprennent pas grand-chose sur les chambres à coucher.

On parle ici d'intelligence et de participation citoyenne. Peut-on en dire autant des opposants qui se bouchent les yeux devant l'écrasante majorité d'experts qui soutiennent que l'exposition à des radiofréquences de faible intensité ne nuit pas à la santé? Que dire également des opposants qui, au nom du principe de précaution, demandent un moratoire? N'est-ce pas curieux, ce temps dit «écologique», où parmi 16 principes du développement durable, on choisit systématiquement la précaution?

Mais plus important encore, le Parti québécois a eu la très bonne idée, en 1996, de créer la Régie de l'énergie pour dépolitiser les actions d'Hydro-Québec. Il était de bon ton de monter en épingle les choix de notre société d'État pour des fins purement politiciennes. Si je comprends bien l'intervention de l'opposition, voudrait-on revenir à ces chicanes futiles en modifiant à volonté le mandat de la Régie?