Les peurs et l'anxiété face aux changements ne sont pas nouvelles dans l'histoire de l'humanité et nous vivons dans une époque où notre environnement, nos habitudes de vie et notre travail sont transformés à grande vitesse.

On peut questionner beaucoup de ces changements et il est justifié d'invoquer un «principe de précaution» devant l'introduction de produits et technologies nouvelles qui pourraient causer des préjudices. Le principe de précaution doit cependant s'accompagner d'un minimum de rationalité et de rigueur scientifique.

Les ondes électromagnétiques utilisées par les nouveaux compteurs d'Hydro Québec ne sont pas un phénomène physique nouveau avec des effets mystérieux ou inconnus. On utilise les ondes électromagnétiques depuis plus de 100 ans. Il est vrai qu'il y a des débats sur les niveaux d'intensités électromagnétiques prolongées qui pourraient avoir des effets nocifs sur la santé. On le sait tous, ce ne serai pas une bonne idée de se mettre la tête dans un four micro-ondes en fonction, tout comme l'on sait que ce n'est pas une bonne idée de ce mettre la main sur un rond de poêle rouge, à passer de heures sous un soleil de plomb sans protection (la lumière est une onde électromagnétique), d'écouter de la musique à 100 décibels, d'ingurgiter trop de sucre et de sel, c'est une question d'intensité. Ces niveaux d'intensité électromagnétiques sur lesquels il y a débat sont cependant 120 000 fois plus importants que celui des nouveaux compteurs proposés.

J'ai beaucoup de compassion pour les personnes qui seraient atteintes d'électrosensibilité et pour lesquels un compteur d'Hydro pourrait augmenter leurs souffrances; il devrait y avoir un programme spécial de la RAMQ pour eux. Leur vie doit être un calvaire depuis de nombreuses des années. Elles ne peuvent avoir de four micro-ondes dans leur maison, de téléphone sans fil (encore moins un cellulaire), l'internet sans fil (Wifi), aller dans un café internet, prendre les transports en commun avec des gens qui utilisent leur cellulaire, car elles subissent déjà plus d'une centaine de fois l'intensité de ces compteurs.

En fait, seulement marcher dans les rues de Montréal les expose à 34 fois le niveau de rayonnement électromagnétique d'un compteur à deux mètres...

À cause du côté abstrait et non tangible des ondes électromagnétiques, je peux comprendre les craintes de ceux qui dormaient dans leurs cours de physique du secondaire ou ceux pour qui toutes ces questions sont du charabia. Je trouve cependant déplorable que certains commentateurs qui décident de couvrir ces questions ne font pas preuve de plus rigueur et n'informent pas le public en faisant ressortir le côté irrationnel du délire électrophobique dont nous sommes témoins ses dernières semaines.  

J'ai une formation en génie électrique, mais je ne travaille pas (directement ou indirectement via des contrats) pour Hydro-Québec, ni pour une compagnie qui vend des compteurs. C'est comme Québécois indirectement propriétaire de cette société d'État, que je l'encourage à prendre des mesures pour avoir un réseau électrique de distribution optimisé (Smart Grid) car nous avons du retard à prendre en regard d'autres pays qui s'avancent dans cette voie.

Les compteurs intelligents sont la base de ce « Smart Grid ». Il est pour moi indéniable que c'est une voie à prendre pour les économies d'énergie et la fiabilité du réseau. Déjà en 2009, The Economist mentionnait que le «Smart Grid» va avoir des effets comparables sur la distribution de l'énergie que l'internet a eu sur l'informatique.

Je ne comprends pas pourquoi certains environnementalistes (je me considère comme environnementaliste) justifient les 1600 tonnes de CO2 annuels de ceux qui font les relevés des compteurs en automobiles polluantes.  On doit certes voir à offrir à ces employés une formation pour remplir de nouvelles fonctions, mais se battre pour défendre cette façon de lire des compteurs électriques, c'est injustifiable.

On exige, avec raison, d'Hydro-Québec de travailler à réduire les pertes d'énergie (il y a beaucoup de pertes d'énergie dans le réseau de distribution électrique) et on agite des épouvantails lorsque celle-ci prend des mesures d'efficacité. C'est franchement désolant.