Le mouvement de contestation de l'augmentation des droits de scolarité universitaire a placé la question de l'accessibilité aux études supérieures au coeur du débat. Ses leaders tiennent pour une évidence que toute hausse restreindra l'accès à l'université.

Or, les chiffres vont à l'encontre de cet a priori.

Au Québec, les droits de scolarité ont augmenté de 100 $ par année depuis cinq ans après un gel observé pendant 28 années de la période allant de 1968 à 2007. Cela n'a entraîné aucune diminution du nombre d'étudiants à l'Université de Montréal. Au contraire, ils sont toujours plus nombreux à s'inscrire à nos programmes de formation et de recherche. Cette année, nous accueillons 7500 étudiants de plus qu'il y a cinq ans et malgré l'augmentation  des droits de scolarité qui entre en vigueur à la prochaine rentrée d'automne, nous avons reçu 6 % plus de demandes d'inscriptions qu'à pareille date l'an dernier.

Environ 40% de notre population étudiante à temps plein bénéficie du programme de prêts et bourses du Québec dont elle retire 90 millions. De plus, l'Université de Montréal appuie directement ses étudiants en réservant à même son budget de fonctionnement des sommes importantes pour des bourses et favorise leur embauche à même les budgets de recherche de nos professeurs, le tout pour une valeur globale de plus de 60 millions. Au total, nos étudiants touchent environ 150 millions en appui financier sous diverses formes, alors que le total des droits de scolarité et autres frais qu'ils déboursent est de l'ordre de 110 millions.

Notre université est accessible et elle doit le demeurer. Je crois fermement que nous devons concilier accessibilité et qualité. En dirigeant la plus grande université du Québec, j'ai la responsabilité d'offrir aux étudiants du Québec d'aussi bons programmes que dans les autres universités canadiennes, avec d'aussi bons professeurs et d'aussi bonnes installations.

Il y a un risque à ignorer les coûts de cette qualité. Quand on sait que 40% de nos programmes sont soumis à des agréments nationaux ou internationaux, se maintenir à niveau est un devoir et tout défaut peut avoir des conséquences dramatiques.

À titre d'exemple, au début des années 2000, notre Faculté de médecine vétérinaire, la seule au Québec, était menacée de perdre son accréditation nord-américaine, ce qui aurait notamment eu comme conséquence la disqualification du processus québécois d'inspection des viandes. La perte d'accréditation de notre faculté aurait donc ainsi entraîné des dommages économiques importants pour tout le Québec, en plus de limiter les horizons professionnels de nos étudiants et diplômés.

Il faut sortir des a priori et baser notre réflexion sur des données vérifiées. Notre objectif est d'offrir aux étudiants du Québec l'éducation supérieure de la meilleure qualité possible au meilleur prix possible. Dans ce contexte, je suis convaincu que les hausses annoncées ne compromettent pas cet équilibre essentiel entre la qualité et l'accessibilité.