Les parlementaires ont récemment complété l’adoption des articles de la loi 96 portant sur le réseau collégial. Il en ressort que les étudiants font les frais d’une joute préélectorale où les divers partis politiques se disputent le titre de porte-étendard officiel de la ceinture fléchée québécoise.

Ajouter des cours en français au collégial ? Pas de problème, réglons ça en un amendement discuté en 15 minutes entre parlementaires. Pas la peine de consulter le ministère de l’Enseignement supérieur. Pas la peine de vérifier la faisabilité de la proposition avec les cégeps ou les collèges. Il faut dire que même les ministres concernés semblent incapables de se concerter. Modifier les règles de financement, les politiques d’admission, les modalités de l’épreuve uniforme de français et j’en passe par l’entremise d’amendements à qui mieux mieux ? Certainement. Voici un amendement et puis un autre. Valider le tout avec des interlocuteurs du réseau collégial ? Trop pressé, pas intéressé, répondent tant le parti au pouvoir que l’opposition.

Voyez-vous, il faut surtout prendre le temps de trouver le bon jeu de mots qui amusera les autres députés en commission parlementaire. Il fallait les entendre se délecter du fait que les députés sont très productifs la nuit. Rires gras, sourires en coin. Tout ceci est navrant.

Soyons clairs, il n’y a pas d’opposition au sein des institutions anglophones sur l’objectif central de la loi 96 de faire du français la langue commune de la nation québécoise. Croyez-moi, j’y travaille au quotidien depuis de nombreuses années.

Si on avait voulu sérieusement améliorer la présence et l’apprentissage du français au collégial, on aurait pu le faire en collaboration avec ceux qui y œuvrent. Ou peut-être accepter de rencontrer leurs représentants pour en discuter lorsqu’ils s’évertuent à mettre en lumière ce qui est inapplicable ou mal avisé. Ce n’est pas à défaut de l’avoir demandé, souvent, avant, pendant et depuis la présentation de ces amendements adoptés en rafale. Les conséquences malheureuses du projet de loi 96 sur la réussite, la diplomation et la cote R semblent loin des préoccupations des parlementaires.

Sans doute parce que la moitié des étudiants au collégial ne sont pas en âge de voter. De plus, les étudiants anglophones méritent probablement d’expier les péchés de leurs ancêtres. Si ce projet de loi est si important, voire crucial pour la nation québécoise, pourrait-on faire l’exercice avec rigueur, ensemble, plutôt que les uns contre les autres ?

Les étudiants qui font des études collégiales méritent mieux. Les Québécois francophones méritent mieux. Les Québécois anglophones et allophones aussi. Y a-t-il un capitaine dans ce navire législatif à la dérive ?

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