Nous avons lu avec intérêt l’éditorial de Philippe Mercure intitulé « La CAQ est du bon côté de la transition énergétique », publié le 29 mars⁠1. Nous appuyons avec enthousiasme les efforts du gouvernement québécois pour développer une filière autour de la batterie électrique.

Cette aventure est semblable à celle du gaz naturel il y a 20 ans, alors que le gouvernement de l’époque invitait les investisseurs avec enthousiasme. Aujourd’hui, alors que l’industrie est prête à lancer la production, le nouveau projet de loi 21, présentement à l’étude, viendra exproprier de manière brutale et unilatérale ces investisseurs.

On apprenait cette semaine que l’Ontario est en train de prendre les devants dans la course aux investissements pour créer une filière manufacturière de la batterie électrique. Au Québec, c’est sur l’extraction des ressources minérales que se concentreront les activités de cette filière, selon les dires mêmes du ministre Pierre Fitzgibbon. Nous appuyons la notion d’exploitation des ressources, mais il faut se souvenir que la production minière affrontera les mêmes enjeux que celle du gaz naturel depuis des années – défis logistiques et techniques, financement, acceptabilité sociale. Qui peut garantir que le même sort, un abandon de la part du gouvernement, n’attend pas les investisseurs ?

Les ressources en gaz naturel et en minéraux : complémentaires et essentiels

Il semble que le choix de la batterie est perçu par le gouvernement comme incompatible avec le développement des ressources québécoises en gaz naturel. Rien n’est plus faux.

Avec les réserves connues de gaz naturel, le Québec pourrait fournir l’entièreté des besoins des Québécois en plus des possibilités d’exportation, particulièrement en Europe qui se cherche des alternatives au gaz russe.

Si la CAQ évalue les retombées de la filière de la batterie à environ 18 milliards et les considère comme essentiels à la prospérité du Québec, pourquoi ne pas considérer les centaines de milliards que nous procurerait l’exploitation du gaz naturel québécois à moyen terme2. Ces retombées pourraient combler les besoins de notre population, dont l’écart de richesse entre le Québec et l’Ontario, un objectif-phare de la CAQ. Les recettes du gouvernement en redevances et en impôts pourront également lui permettre de financer le développement de la filière batterie et les services publics.

Exproprier la croissance de manière arbitraire

Lors d’un interrogatoire quelques mois avant de proposer le bannissement de l’industrie, le ministre Jonatan Julien affirmait, sous serment, être favorable à l’exploitation des hydrocarbures au Québec. Il déclarait que, dans la mesure où les projets étaient conformes, ils seraient autorisés. « Je veux juste être clair sur un élément, je suis ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, et il n’y a aucune prétention à l’effet que je ne suis pas favorable à l’exploitation des hydrocarbures, au Québec. »

Pour sa part, le premier ministre François Legault écrivait dans son livre Cap sur un Québec gagnant : « Les Québécois ont le devoir d’explorer et d’extraire ces hydrocarbures pour réduire leur dépendance au pétrole étranger et pour assurer leur bien-être futur. » Les Québécois continuent aujourd’hui de consommer l’équivalent de plus de 15 milliards de dollars par an d’hydrocarbures importés. La transition est estimée à au moins une trentaine d’années dans le plan stratégique d’Hydro-Québec déposé la semaine dernière.

Doit-on continuer à acheter à l’extérieur ces ressources dont nous disposons et à chasser les investisseurs à coups d’expropriations ?

Le monde de l’énergie est constitué de plusieurs filières, toutes interreliées (hydroélectricité, hydrocarbures, éolien, hydrogène, etc.). Il faut viser un juste équilibre entre ces formes d’énergie. Les Québécois, dans de nombreux sondages publiés au cours des derniers mois, se disent largement favorables à l’exploitation de nos ressources. Le gouvernement devrait écouter la population et favoriser notre économie, dans le respect de l’environnement.

1. Lisez l’éditorial « La CAQ est du bon côté de la transition énergétique » 2. Lisez le mémoire de Ressources Utica déposé en commission parlementaire Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion