Moi-même, je l’oublie trop souvent. Je travaille dans le réseau de la santé. Dans un hôpital. Je ne le dirai pas trop fort, mais je suis gestionnaire. J’ose à peine le dire.

Je suis chef des professionnels d’un hôpital. Les travailleurs sociaux, les techniciens en travail social, les physiothérapeutes, les technologues en physiothérapie, les audiologistes, les ergothérapeutes, les intervenants en soins spirituels, des agentes administratives… ces professionnels qui se donnent corps et âme depuis toujours, mais de façon plus marquante depuis le début de la pandémie.

Mais on entend si peu parler d’eux. De leur travail. De leur contribution. De leur hargne au travail, de leur rigueur. De la surcharge de travail. De la pénurie de main-d’œuvre.

Ces travailleurs de l’ombre sont au rendez-vous depuis toujours, mais tellement en manque de reconnaissance. Pourtant, ils font des miracles tous les jours. Ils font la différence dans la vie des gens tous les jours.

Et que dire de mes collègues gestionnaires ? Chefs d’unité. Gestionnaire des lits. Chef du mécanisme d’accès. Chefs à l’hébergement. Coordonnateurs. Directeurs.

Et pourtant, se faire traiter de tous les noms, de pousseux de crayons.

Mais nous faisons la différence. Tous les jours. Nous sommes au poste. Depuis toujours.

Avec si peu de reconnaissance.

Le travail dans un hôpital, c’est comme le travail d’une fourmi dans sa fourmilière. Ça travaille fort, dans l’ombre. On fait des miracles parfois. Parfois non.

C’est, en plus, du travail d’équipe et de collaboration. Et c’est bien plus encore.

Mais quand tout va mal. La nature humaine cherche un coupable. Il n’y en a pas. Ou plutôt, il y en a plusieurs. C’est systémique. Le réseau de la santé tout entier est à revoir. Ne pas suivre la parade, mais être au-devant. C’est difficile. Ça demande tellement de courage.

Mais prendre soin des uns, les autres. C’est primordial. On n’y arrivera pas sinon.

Penser à son collègue, prendre soin de son collègue. C’est déjà un début. Car prendre soin des uns, les autres, ça veut dire prendre soin aussi, des patients, des familles. On n’y arrivera pas sinon.

Prendre soin des uns les autres, c’est se dire qu’on va y arriver. Qu’on va travailler à trouver des solutions. C’est se soucier des autres, faire preuve de courage. Mais c’est tellement aussi de s’excuser, de reconnaître qu’on s’est trompé. Reconnaître qu’on n’y arrive pas toujours. Qu’il y a des journées plus difficiles.

Chères équipes, et à tous mes collègues. Merci.

Et surtout. Prenons soin les uns, les autres.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion