Encore cette année, certains groupes de pression diffusent des données plus ou moins rigoureuses sur la situation du logement au Québec. Nous croyons important de rappeler quelques faits pour tenir un discours éclairé sur la question.

Dans une publication du 13 juin dernier, l’Institut de la statistique du Québec dévoile qu’en 2019, 8,7 % de la population vivait sous le seuil de la pauvreté, soit une diminution de 5 points par rapport à 2015 (13,7 %). Selon Statistique Canada, le pourcentage moyen du revenu après impôts des locataires québécois consacré au loyer représentait 25,9 % du salaire en 1996. Cette proportion est passée à 21,2 % en 2020 et cette tendance semble se poursuivre. L’augmentation des revenus du premier quintile canadien (le segment le moins nanti) a fait un bond historique de 30 % en raison des aides financières, mais surtout grâce à la vigueur économique. Notons qu’en 2021, 78,3 % de la population de 25 à 64 ans occupait un emploi au Québec, c’est 5 % de plus qu’en 2006.

En ce qui a trait aux loyers, en 2011, il en coûtait 25 % de plus au Canada pour se loger dans un deux chambres comparativement au Québec. En 2021, c’est 33 % plus coûteux dans le reste du Canada.

Le discours alarmiste mérite donc des rectifications. Rappelons que les loyers n’ont progressé que de 3,4 % au cours de la dernière année au Québec.

Sur le plan transactionnel, le prix des plex a augmenté d’environ 370 % depuis 2000. En comparaison, le loyer moyen est passé de 509 $ à 931 $, soit 83 % d’augmentation. Les propriétaires sont en plus soumis à des hausses de coûts sans précédent.

La situation en région

Montréal a connu une décroissance nette de sa population de 120 000 personnes depuis 2018 (ISQ) et cette tendance pourrait se poursuivre en 2022. Cela explique la hausse marquée du taux d’inoccupation à Montréal. Ceux qui ont quitté Montréal pour s’installer en région se heurtent à un choix limité de logements, mais dont les prix sont inférieurs, faisant en sorte que la majorité d’entre eux dépensent moins pour se loger.

Des statistiques conçues par le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) tentent de montrer qu’on observerait de fortes augmentations des loyers en pourcentage. Ces chiffres ne sont heureusement pas représentatifs de la réalité.

La technique du robot faisant la lecture des petites annonces Kijiji omet plusieurs aspects fondamentaux. Cette méthode fausse le portrait.

Des chiffres d’augmentation des loyers rigoureux existent à Statistique Canada et à la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). La CORPIQ suggère d’utiliser les chiffres de ces organismes indépendants. La complexité de l’enjeu exige des références crédibles. Il y a un écart entre les loyers occupés et ceux disponibles sur le marché, mais celui-ci est moindre que ce que laisse entendre la lecture des petites annonces. À titre d’exemple, pour la région métropolitaine de recensement de Montréal, cet écart est évalué à 10 % (SCHL), ce qui est loin du 46 % détaillé en page 22 du document.

Quelques pistes de solution pour entamer la réflexion

La situation en région pose des défis puisque la demande excède l’offre. La SCHL indique qu’il manque 620 000 habitations au Québec et qu’il faudrait doubler la production annuelle de nouveaux logements pour y arriver. C’est aussi le constat qu’a fait l’Ontario dans une vaste étude qui conclut d’éliminer certains éléments irritants (réglementation) du marché afin d’augmenter l’offre. Cette question doit aussi se poser au Québec, afin d’opérationnaliser des incitations pour valoriser le patrimoine bâti tout en accélérant la construction. Également, l’apport du fédéral est à considérer pour la construction de logements sociaux ou abordables qui pourraient changer la donne.

Le gouvernement du Québec devrait favoriser la détention à long terme en valorisant l’entretien et la rénovation du parc immobilier. Aussi, les autorités devraient assouplir la réglementation afin de permettre à des propriétaires de maisons unifamiliales, d’immeubles locatifs ou commerciaux d’ajouter des logements ou des modèles intergénérationnels d’habitation pour loger un plus grand nombre à moindre coût. Les élections provinciales sont le bon moment pour exposer des idées. Les acteurs du milieu doivent s’unir pour assurer un chez-soi à tous.

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