En ce début d’été, la situation est dangereuse aux urgences du Centre hospitalier de Lanaudière (CHDL), à Joliette, alors que le taux d’occupation explose et qu’il manque de personnel. C’est pourquoi nous, les professionnels et professionnelles en soins qui y travaillent chaque jour, estimons qu’il est temps d’avertir la population lanaudoise des dangers qu’elle court lorsqu’elle se présente aux urgences du CHDL.

Même si les efforts du CISSS de Lanaudière pour mettre en place les recommandations de la coroner Géhane Kamel concernant la sécurisation culturelle à la suite du tragique décès de Joyce Echaquan sont louables, force est de constater que le CISSS n’a rien fait pour implanter les recommandations qui visaient à améliorer l’organisation des soins infirmiers.

En septembre 2021, MKamel recommandait, entre autres, au CISSS de Lanaudière de revoir ses ratios infirmières/patients, puisqu’ils étaient bien inférieurs aux normes provinciales en vigueur et ne permettaient pas d’offrir des soins de qualité.

Pourtant, rien n’a changé, malgré nos cris du cœur et nos demandes répétées.

Et nous le constatons quotidiennement : le manque de personnel a de graves conséquences sur la qualité et la sécurité des soins dispensés aux citoyens de Lanaudière.

Nous dénonçons, par exemple :

– qu’une patiente ait été retrouvée en arrêt cardiaque alors qu’elle n’était pas dans une zone adaptée avec la surveillance requise. Heureusement, l’alarme de l’appareil à pression de la patiente a alerté un membre du personnel ;

– que des personnes très âgées attendent parfois de 48 à 72 heures dans les corridors des urgences, sans possibilité d’être mobilisées, de bouger, de marcher, de sorte qu’elles se déconditionnent, ce qui entraîne malheureusement des séjours prolongés à l’hôpital ;

– qu’une personne en fin de vie n’ait pas obtenu de chambre pendant plus de trois jours, de sorte qu’elle a vécu ses derniers moments dans un corridor, derrière un rideau. Elle et ses proches n’ont ainsi pas obtenu le confort et la dignité auxquels ils ont droit ;

– qu’il n’y ait toujours pas trois infirmières au triage sur les quarts de jour et de soir. La semaine dernière, les délais au triage ont parfois été de deux heures et les patients ne sont pas réévalués dans la salle d’attente. C’est contraire à la norme ministérielle. De plus, le prétriage n’existe pas dans ces urgences. Si un patient se présente avec un AVC, il pourrait ne pas être évalué assez rapidement pour recevoir des médicaments dans les quatre heures, comme le requiert sa condition ;

– que le personnel ne soit pas formé en pédiatrie alors qu’environ 20 % des consultations aux urgences concernent les enfants ;

– que l’aire de réanimation, zone névralgique des urgences, soit souvent en manque sévère de personnel, occasionnant de ce fait la découverture d’autres aires de l’urgence. Pire encore, lors d’un transfert de patient vers d’autres établissements, une seule infirmière peut alors être responsable de l’ensemble de l’aire de réanimation tandis que le ratio habituel est plutôt de trois infirmières ;

– que les champs d’expertise des professionnelles en soins ne soient toujours pas respectés dans les différentes aires des urgences.

Devant ces circonstances dangereuses pour les patients, nous demandons au CISSS de Lanaudière de protéger la population en instaurant dans les plus brefs délais des ratios professionnelles en soins/patients aux urgences du CHDL.

Ces ratios doivent être adaptés au taux d’occupation des urgences, conformément au Guide de gestion des urgences.

Si l’établissement est incapable de mettre en place ces ratios, qu’il agisse de manière responsable en fermant partiellement ou totalement les urgences du CHDL, comme c’est le cas ailleurs au Québec durant la période estivale.

À lire : le texte de Lila Dussault dans la section Actualités

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