Élections après élections, les partis politiques nous cassent les oreilles avec l’économie. Or, désolé de vous décevoir, mais ce que la majorité d’entre eux nous offrent, ce n’est pas de l’économie, mais du déni.

Les principaux problèmes qui sévissent — changements climatiques et crise du logement – tirent leurs sources dans l’action et l’inaction des gouvernements.

Les changements climatiques

Les économistes sont unanimes : il faut une taxe carbone robuste pour s’attaquer à la crise climatique. Toutefois, le prix sur le carbone appliqué en sol canadien est trop faible et c’est encore pire pour les grands pollueurs du Québec ; le prix moyen de la pollution ne sera que de 9 $ la tonne de carbone (de 2024 à 2030), une quarantaine de fois plus faible que ce qui est socialement optimal.

De plus, l’omission du gouvernement fédéral d’appliquer des ajustements carbone à la frontière donne lieu à des fuites carbone ; ces dernières endommagent nos entreprises et exacerbent la crise climatique. Effectivement, le charbon est particulièrement bon marché, donc plusieurs pays utilisent cette source d’énergie et nous exportent des biens — abordables, certes, mais hautement polluants. Sans ajustement carbone à la frontière, le prix ne signale pas la pollution et l’efficacité économique n’est pas obtenue ; s’en passer est une absurdité.

Une taxe carbone robuste combinée à des ajustements à la frontière n’est plus un débat, c’est une nécessité.

La crise du logement

L’économie urbaine est particulièrement claire : la densité est désirable. Plus il y a de citoyens vivant sur un kilomètre carré, plus il y aura d’emplois et de services de qualité — le tout n’étant que plus profitable pour le trésor public et la planète. Or, d’innombrables lois interdisent les plex, complexifient les bigénérations et forcent davantage d’asphalte à coup de stationnements obligatoires. À l’ère des changements climatiques où l’étalement urbain est un moteur de GES, il est particulièrement absurde de voir que les solutions qui pourraient émerger par les parties prenantes — et donc à coût minime pour l’État — se frappent à des barrières législatives.

Outre revoir ces lois — chose que l’Union des municipalités du Québec promeut —, il est primordial de revoir l’impôt foncier.

Les villes tirent principalement leurs revenus des taxes sur les bâtiments, il est donc avantageux pour ces dernières de changer le zonage agricole et de créer des quartiers résidentiels unifamiliaux.

À l’inverse, il faudrait que la taxe foncière soit centrée sur la terre plutôt que sur le bâtiment, de telle sorte que les individus vivant dans les condos paieraient des taxes significativement plus basses que ceux résidant dans des maisons.

Effectivement, la ressource rare est la terre, c’est celle-ci qui doit être signalée par l’entremise du prix.

Avec une telle révision, il serait économiquement plus avantageux pour les familles de s’établir dans des plex. Cette densité permettrait l’établissement de davantage de services — dont les transports en commun —, et rendrait enviables les modes de transport actif.

Cela dit, encore faudrait-il revoir fondamentalement nos politiques d’aménagement ainsi que la place de la voiture dans nos villes. Effectivement, les sorties d’autoroute sont financées par le gouvernement provincial, alors que seulement 50 % des transports en commun sont couverts par ces derniers.

Ce système d’incitation stimule l’étalement urbain, au détriment de nos terres agricoles.

Une réforme de ces politiques permettrait de diminuer la dépendance à la voiture, ce qui ferait épargner d’innombrables dollars aux familles, diminuerait les îlots de chaleur et faciliterait la densité urbaine — et ici on ne parle même pas de l’amélioration de la qualité de l’air ou des bienfaits du transport actif dans une société où l’obésité sévit.

Vous ne connaissez pas bien le concept de taxe sur la terre et des bienfaits de la densité ? C’est exactement le problème ; nos gouvernements ne parlent pas d’économie — terme qu’ils ne maîtrisent visiblement pas —, ils sont dans le déni.

La main invisible…

Bref, quoi qu’ils en disent, nos gouvernements travaillent davantage pour leur réélection que pour l’économie. Selon les sciences économiques, il est optimal que les gouvernements interviennent pour régler les défaillances de marché telles que la pollution. Or, au vu du désalignement des politiques en place et de ce qui est socialement optimal, nos gouvernements ne nous offrent rien de moins que du vaudou économique — comme si, sans politique publique, la crise climatique et celle du logement allaient se résoudre d’elles-mêmes. La main invisible, dirait l’autre.

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