Les Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal seront de retour les 9 et 11 septembre après deux années de pause pandémique. Les fans de vélo seront sans doute ravis d’y célébrer le nouveau héros national du deux-roues, Hugo Houle, et ses comparses Guillaume Boivin, Antoine Duchesne et Michael Woods, tous partants au Tour de France. Mais ils seront également heureux de retrouver la voix de Louis Bertrand au micro de TVA Sports, qui assumera la description du seul évènement du World Tour présenté à la télévision québécoise et canadienne cette année.

Cette situation abominable et incompréhensible survient alors que les astres s’alignaient pour une éclosion sans précédent des performances de nos athlètes québécois sur la scène internationale du vélo. Pour la première fois, une équipe du World Tour alignait trois coureurs canadiens au Tour de France. Un quatrième s’illustrait au sein de l’équipe française Groupama-FDJ.

Jamais le Québec et le Canada n’avaient compté autant de participants à la plus ancienne et la plus illustre des courses par étapes du monde.

Sale temps pour un écran noir à la télé, surtout que le vélo y a occupé une place enviable pendant une trentaine d’années.

« Une aberration ! »

J’occupais la fonction de directeur des programmes à TVA lorsque la chaîne s’est associée à Serge Arsenault pour présenter des reportages quotidiens du Tour de France à l’antenne principale. L’expérience s’est répétée quelques années puis Évasion a pris le relais en 2003, toujours sous l’impulsion de Serge Arsenault, promoteur sans pareil et véritable apôtre du vélo de compétition comme du marathon. Finalement, RDS a acquis les droits de diffusion du Tour de France, une aventure qui s’est achevée abruptement en 2020, lorsqu’un acteur inconnu, venu du Texas, s’est interposé pour l’obtention des droits.

Jusqu’en 2023, les Canadiens ont le choix entre deux options pour regarder le Tour de France en direct et d’autres grands évènements du World Tour : soit s’abonner à grands frais au service web de FloBikes, le texan malveillant, soit contourner illégalement le système en camouflant leur identité web derrière un VPN relié à un serveur français ou d’un autre pays diffuseur. Une aberration !

Comme des centaines de milliers de Québécois, je suis devenu fan fini de vélo. Grâce à Serge Arsenault et à mon beau-père depuis le premier Grand Prix des Amériques sur le mont Royal, en 1988. Puis un ami m’a invité, il y a bientôt une quinzaine d’années, à m’inscrire chez Powerwatts. Tout ça pour dire que plusieurs bâtisseurs ont suppléé au manque de moyens, ou d’ambition, de la Fédération cycliste du Canada pour développer une solide culture du vélo de haute compétition au Québec. Parmi ceux-ci, évidemment, Serge et Sébastien Arsenault, mais aussi Louis Garneau, Paulo Saldanha, Steve Bauer, Joseph Tino Rossi, et les promoteurs des Tours de Beauce et d’Abitibi. Les derniers en lice, et non les moindres, Sylvan Adams et Jean Bélanger, qui ont uni leurs efforts cette année dans la formation de l’équipe quasi québécoise Israel — Premier Tech et qui ont été récompensés par la performance remarquable de leurs athlètes au Tour de France.

Pour que l’enthousiasme des Québécois pour le vélo de compétition continue de grandir, les efforts héroïques des bâtisseurs et des athlètes ne peuvent malheureusement suffire. La présence de la télévision devient indispensable. Ça commence avec les Grands Prix de Québec et de Montréal les 9 et 11 septembre, mais il faudra enchaîner avec d’autres grands évènements, dont l’incontournable Tour de France.

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