Le 29 juillet dernier, la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales a présenté une proposition de redécoupage électoral, redessinant les limites des 78 circonscriptions fédérales du Québec et supprimant la circonscription d’Avignon–La Mitis–Matane–Matapédia, située dans l’Est-du-Québec.

Avignon–La Mitis–Matane–Matapédia, c’est un territoire rural, côtier, agricole et forestier qui chevauche le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie. C’est quelque 14 000 km², deux communautés autochtones et 56 municipalités regroupées dans quatre municipalités régionales de comté (MRC). Avignon–La Mitis–Matane–Matapédia, c’est plus de 70 000 personnes de cœur, étendues sur un territoire immense, empreint d’histoire, avec sa couleur, son identité propre et toutes ses complexités.

Faire disparaître Avignon–La Mitis–Matane–Matapédia apparaît inimaginable. Concrètement, la circonscription serait scindée en deux pour intégrer d’un côté la circonscription de Rimouski–Neigette–Témiscouata–Les Basques, et de l’autre, la circonscription de Gaspésie–Les-Îles-de-la-Madeleine.

Le nouveau tracé passerait en plein cœur des MRC de La Matapédia et de La Matanie, séparant ainsi des villages et municipalités qui ont beaucoup en commun et ont toujours travaillé ensemble, sans égard aux spécificités du mode actuel de gouvernance des territoires et de son importance historique pour le Québec.

Certes, la proposition de redécoupage électoral est basée sur une logique : celle que la population québécoise soit répartie de façon équitable entre ses 78 circonscriptions. D’une perspective mathématique, cela semble logique. Là où le bât blesse, c’est que l’argument démographique semble le seul élément pris en compte par la Commission. La réalité régionale et territoriale est balayée du revers de la main sans égard aux défis encore plus grands que ce redécoupage engendrerait, notamment une superficie exagérément vaste pour les circonscriptions restantes.

Plus important encore, ce redécoupage supprimerait l’une des quatre voix de l’Est-du-Québec à la Chambre des communes et affaiblirait ainsi son poids politique.

Ce n’est pas la première fois que l’Est-du-Québec voit son poids politique s’effriter. Déjà, dans les années 1990, la région avait perdu une circonscription électorale et, du même coup, une voix importante au Parlement. Ce que la Commission suggère, c’est de restreindre notre coin de pays à seulement trois représentants. Trois voix pour représenter les citoyennes et les citoyens de territoires aussi grands que ceux de pays européens qui, eux, peuvent compter sur des parlements complets pour les administrer.

Si nous laissons cette proposition aller de l’avant sans rien dire, c’est non seulement la population de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent qui en souffrira, mais également son développement régional. Une circonscription électorale, ce n’est pas une simple collection de municipalités réunies sur une carte, c’est un territoire où des gens qui se ressemblent se rassemblent pour travailler à la chose la plus noble qui puisse exister : le bien commun.

Au cours des prochains mois, nous nous mobiliserons et ferons front commun pour que cette proposition soit retirée et que la circonscription d’Avignon–La Mitis–Matane–Matapédia reste telle quelle. Peu importe votre allégeance politique ou l’endroit où vous habitez, joignez-vous à notre combat. Chers concitoyens, chères concitoyennes, nous avons besoin de votre appui. Ce n’est ni un enjeu qui a une couleur politique ni un enjeu partisan. C’est une simple question de représentation juste. C’est une simple question de démocratie.

* Cosignataires : Maxime Blanchette-Joncas, député de Rimouski-Neigette—Témiscouata—Les Basques ; Bernard Généreux, député de Montmagny–L’Islet-Kamouraska–Rivière-du-Loup ; Pascal Bérubé, député de Matane–Matapédia ; Harold LeBel, député de Rimouski ; Méganne Perry Mélançon, députée de Gaspé ; Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine ; Sylvain Roy, député de Bonaventure ; Mathieu Lapointe, président de la Table des préfets de la Gaspésie, préfet de la MRC d’Avignon et maire de Carleton-sur-Mer ; Daniel Côté, préfet de la MRC Côte-de-Gaspé et maire de Gaspé ; Bruno Paradis, préfet de la MRC de La Mitis et maire de Price ; Francis Saint-Pierre, préfet de la MRC de Rimouski-Neigette et maire de Saint-Anaclet-de-Lessard ; Andrew Turcotte, préfet de la MRC de La Matanie et maire de Sainte-Félicité ; Guy Bernatchez, préfet de la MRC de La Haute-Gaspésie ; Sylvain Roy, préfet de la MRC de Kamouraska ; Jean-François Fortin, maire de Sainte-Flavie, ancien député de Haute-Gaspésie–La Mitis–Matane–Matapédia et professeur de sciences politiques au cégep de Rimouski ; Sylvie Blanchette, mairesse d’Amqui ; Eddy Métivier, maire de Matane ; Martin Soucy, maire de Mont-Joli ; Jimmy Valcourt, maire de Sainte-Angèle-de-Mérici ; Magella Roussel, maire de Saint-Joseph-de-Lepage ; Philippe Guilbert, maire de Trois-Pistoles ; Danielle Doyer, ancienne députée de Matapédia et ancienne mairesse de Mont-Joli ; Paul Crête, ancien député de Montmagny–L’Islet–Kamouraska–Rivière-du-Loup ; André Simard, ancien député de Kamouraska-Témiscouata et maire de Saint-Roch-des-Aulnaies ; Guylaine Sirois, ancienne préfète de la MRC de Témiscouata ; Sylvain Hudon, ancien maire de La Pocatière ; Jean-Pierre Rioux, ancien maire de Trois-Pistoles ; Gaétan Ouellet, ancien maire de Témiscouata-sur-le-Lac ; Gilles Caron, ancien maire de Témiscouata-sur-le-Lac ; Marie-Eve Proulx, députée de Côte-du-Sud et Bertin Denis, préfet de la MRC des Basques

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