Il ne reste que quelques semaines avant que le nouveau chef du Parti conservateur ne soit élu. À l’heure actuelle, moins de 40 % des membres ont voté. Notre parti est devenu le mouvement politique le plus important de l’histoire contemporaine du Canada. Et pourtant, la majorité d’entre vous n’a toujours pas rempli son bulletin de vote.

Je voudrais donc m’adresser aux membres dont c’est le cas. Je me suis porté candidat parce que j’aime profondément ce pays. J’ai proposé des idées nouvelles et j’ai tracé un chemin susceptible de nous faire gagner les prochaines élections, et ce, en adoptant un ton clair et authentique. Il est primordial que nous puissions avoir un débat d’idées serein au sein de notre parti. Ce n’est que de cette façon que nous obtiendrons la confiance des Canadiens et attirerons des candidats de haut calibre.

J’ai eu l’occasion d’échanger avec des milliers de membres du Parti conservateur et il me semble évident que les conservateurs devraient être les porte-étendard en matière d’unité nationale — surtout concernant l’aliénation de l’Ouest — de santé, de liberté religieuse et de choix reproductif, de famille, de loi et d’ordre, de défense, de sécurité, de croissance économique et de souveraineté nationale. Aux yeux d’une majorité de Canadiens, il y a des choses bien plus importantes que la défense d’une conception abstraite de la liberté. Si nous voulons défaire les libéraux de Justin Trudeau, il est essentiel que nous soyons à l’écoute de cette majorité d’électeurs et que nous soyons porteurs d’un leadership conservateur sérieux et crédible.

Ma plateforme répond à la fois aux préoccupations des conservateurs et d’une majorité d’électeurs. Les politiques qu’elle contient sont susceptibles d’être réalisées dès que nous prendrons le pouvoir, ce qui pourrait arriver bien plus tôt que prévu.

Mon principal adversaire, M. Poilievre, a choisi une approche radicalement différente de la mienne. Au lieu d’offrir des solutions concrètes aux souffrances légitimes qu’éprouvent bon nombre de Canadiens, il a préféré alimenter davantage de telles souffrances. Il n’a cessé d’alimenter le malaise et le sentiment d’aliénation qu’éprouvaient plusieurs Canadiens et que la COVID-19 n’a fait qu’accentuer.

Échec libéral

Ce n’est pas hasard si Maxime Bernier a pu récolter suffisamment d’appui pour former un nouveau parti politique et se présenter sous la bannière de celui-ci lors des dernières élections. Ce n’est pas non plus un hasard si M. Poilievre a pu vendre des cartes de membres à ceux qui ont de fortes affinités avec le style de leadership de M. Bernier. Le ressentiment est en latence chez une catégorie de la population depuis maintenant longtemps.

Même si ma vision du monde n’est pas tout à fait la même que la leur, je refuse de balayer d’un revers de la main leur point de vue. Si le slogan « reprenez le contrôle de votre vie » interpelle ces derniers, c’est parce que le gouvernement actuel a échoué en matière de leadership. Cet échec est le fait d’un seul homme : Justin Trudeau. La pandémie lui a d’ailleurs donné deux ans pour diviser davantage les Canadiens. Il n’a en effet cessé d’opposer les Canadiens les uns contre les autres, que ce soient les vaccinés et les non-vaccinés, les promasques et les anti-masques, les privilégiés et les plus vulnérables ou l’Est et l’Ouest.

Alors que M. Trudeau s’est fait élire en promettant des jours ensoleillés, il est devenu un des premiers ministres les moins inclusifs de l’histoire récente du pays, tout simplement pour se maintenir au pouvoir. Les Canadiens ont des raisons légitimes d’être déçus par M. Trudeau.

Notre parti ne remportera pas les prochaines élections s’il se contente d’exploiter les peurs des gens, comme l’a fait M. Trudeau.

Nous ne remporterons pas de gouvernement majoritaire si nous nous aliénons des pans entiers de l’électorat en cultivant des politiques identitaires. Les échecs électoraux de M. Bernier en sont la preuve flagrante. C’est d’ailleurs ce que révèlent les principaux sondages. Nous ne remporterons pas non plus les prochaines élections en imposant des tests de pureté idéologique.

Les Canadiens sont à la recherche d’un leader qui, en tant que premier ministre, peut assumer ses responsabilités et prendre les décisions difficiles qui découlent de cette fonction. Ils recherchent un leader conservateur qui peut remporter les prochaines élections et, donc, défaire les libéraux de M. Trudeau. C’est justement ce que j’offre aux membres du Parti conservateur.

J’offre une plateforme qui permettra d’élargir la base de notre parti afin que nous puissions former un gouvernement majoritaire d’envergure nationale. Les enjeux de cette course sont bien trop importants pour prendre des risques. Si vous êtes un membre du Parti conservateur et que vous n’avez toujours rempli votre bulletin de vote, je vous demande de remplir celui-ci en me choisissant comme premier choix et de le mettre à la poste aujourd’hui.

* Jean Charest a été chef du Parti progressiste-conservateur du Canada de 1993 à 1998, vice-premier ministre fédéral en 1993 et premier ministre du Québec de 2003 à 2012.

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