En ce début de campagne électorale, les enjeux majeurs sont nombreux : coût de la vie, santé, pandémie, éducation, environnement, sécurité… Ils ont tous leur importance. Mais il faut en rajouter un. Aujourd’hui, au Québec, dans toutes les régions, plus de 600 000 personnes chaque mois ont besoin d’aide pour se nourrir. Et le tiers de ces bénéficiaires d’aide alimentaire sont des enfants.

Depuis 2019, le nombre de personnes ayant recours au réseau des Banques alimentaires du Québec a augmenté de plus de 30 %. Devant une telle demande, les organismes peinent à soulager l’insécurité alimentaire. Que proposent les chefs des partis en campagne pour remédier à la situation ?

De plus en plus de gens qui travaillent parmi la clientèle

Il y a toujours eu des gens qui ne parvenaient pas à joindre les deux bouts, malgré les mesures sociales, le travail des organismes communautaires et la générosité des Québécois. Elle existe toujours, cette pauvreté liée à la misère, à l’épreuve, à l’isolement.

Mais il y a une autre réalité, troublante et en émergence. De plus en plus de travailleurs font appel aux banques alimentaires parce qu’ils n’ont plus d’autre choix. De 2019 à 2021, le nombre d’utilisateurs qui ont un emploi a bondi de 40 %.

Le contexte accroît gravement les inégalités

Tout est plus cher : les loyers, l’essence, l’épicerie, les vêtements… Cette flambée des coûts s’ajoute à la désorganisation causée par la pandémie. Les salaires et les prestations n’ont pas été augmentés au même rythme que celui de l’inflation. Beaucoup de gens n’ont pas récupéré leur revenu d’avant ; beaucoup de gens continuent de subir des pertes de revenus sporadiques liées à des éclosions dans leur milieu de travail ou à la maison.

La situation actuelle accroît gravement les inégalités. D’un côté, il y a celles et ceux qui ont profité de la reprise de l’économie. Celle-ci est tellement forte que l’inflation a bondi et que des hausses abruptes des taux sont nécessaires pour calmer les ardeurs des consommateurs.

Celles et ceux qui ont profité de la reprise subissent aussi l’inflation, comme un désagrément.

Et il y a les autres, qui n’ont pas pu sauter dans le train de la reprise. Pour eux, cette hausse générale des prix, ce n’est pas un désagrément, c’est un point de bascule. C’est la différence entre être capable et ne plus être capable de remplir les boîtes à lunch.

Aider de la bonne façon

Les Banques alimentaires du Québec fournissent des denrées à 1200 organismes communautaires. Pour beaucoup de ces organismes, les besoins sont tels à l’heure actuelle qu’on doit se résoudre à réduire la taille des paniers, à diminuer la fréquence de distribution de denrées.

Nous demandons aux partis politiques de prendre position pour aider les gens aux prises avec l’insécurité alimentaire et appuyer notre réseau, notamment en permettant d’acheter rapidement des denrées pour répondre à la hausse de la demande.

Nous avons également besoin d’un financement aux opérations des banques alimentaires qui font face à des augmentations de coûts sans précédent et d’investissements dans des infrastructures plus modernes pour transformer les aliments récupérés des producteurs, des transformateurs et des supermarchés afin d’éviter le gaspillage alimentaire tout en procurant des aliments sains aux personnes dans le besoin.

L’insécurité alimentaire est bien sûr un symptôme de la pauvreté. L’aide alimentaire est une solution essentielle à court terme, mais des mesures sociales structurantes doivent faire en sorte que les Québécoises et Québécois sortent durablement de la précarité.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion