Je ne pourrai pas voter aux prochaines élections provinciales en raison d’une formalité administrative. C’est la conclusion à laquelle en est arrivé le Directeur général des élections du Québec (DGEQ). Cette décision touche des milliers de Québécois, dont la plupart de mes collègues.

Je suis camionneur longue distance et je travaille surtout aux États-Unis. Après avoir chargé mon camion au terminal situé en Montérégie, je prends la route vers le sud où je passe de 10 à 15 jours à livrer la marchandise québécoise. Je reviens alors au Québec pendant quelques heures pour ramasser de nouveaux produits et repartir vers les États-Unis.

Il est fort probable que je sois sur la route le jour du scrutin et pendant les quelques dates prévues pour le vote durant les jours supplémentaires ou le vote par anticipation. Afin de m’assurer de pouvoir remplir mon devoir de citoyen, j’ai contacté le DGEQ pour me faire envoyer mon bulletin de vote par la poste à l’adresse de mon travail à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Ce n’est pas possible, m’a-t-on répondu. Il faut absolument fournir une adresse à l’extérieur du Québec pour voter par la poste. Ce service est offert uniquement aux Québécois qui se trouvent dans une autre province ou à l’extérieur du pays.

C’est à n’y rien comprendre : le DGEQ accepte d’expédier un bulletin de vote n’importe où sur la planète, dans n’importe quel hôtel isolé au Népal ou dans un truck-stop de l’Arizona, mais pas à une adresse au Québec.

Pour honorer sa mission de « rendre le vote accessible à l’ensemble des électeurs », le préposé au bureau du DGEQ m’invite à me rendre au bureau du directeur du scrutin les 23, 24, 27, 28 ou 29 septembre prochain alors que je serai quelque part au pays de l’oncle Sam.

Par écrit, le DGEQ m’informe qu’à moins d’avoir une adresse précise aux États-Unis où m’expédier mon bulletin de vote, je ne pourrai pas voter. Or, j’ignore où et quand mes prochaines livraisons de produits québécois me conduiront.

Loin d’être unique

Mon cas n’est pas unique et prive de vote tous les Québécois qui partent en voyage pendant les quelques jours prévus par la loi électorale. Elle s’applique ainsi aux camionneurs longue distance, marins, pilotes, militaires, chercheurs, professeurs, personnel médical, chefs d’entreprise et représentants commerciaux qui n’ont pas d’adresse à l’extérieur du Québec où se faire envoyer leur bulletin.

Pourtant, aux dernières élections fédérales, j’ai pu voter par la poste après m’être inscrit en ligne sur le site d’Élections Canada.

Lors de mon retour au terminal, j’ai récupéré l’enveloppe dans mon casier et voté en quelques instants un mardi soir à 21 h, avant de déposer le tout dans une boîte aux lettres.

Mes collègues camionneurs et moi faisons partie d’un corps de métier essentiel pour permettre aux entreprises québécoises de faire des affaires à l’extérieur de la province. Nous représentons fièrement notre Québec de la Californie jusqu’en Floride en passant par toutes les provinces canadiennes et tous les États des États-Unis. Il est inconcevable que l’on soit privé de notre droit de vote pour une formalité administrative.

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