Je suis arrivé à Londres un 27 août 1997 pour une formation journalistique d’un an au siège de l’agence de presse Reuters. Trois jours et demi plus tard, la princesse Diana est morte à Paris dans des circonstances troubles.

Ma formation chez Reuters débutait le lundi 1er septembre 1997, mais j’ai dû évidemment travailler toute la journée du dimanche 31 août et les semaines suivantes afin d’alimenter en reportages divers médias québécois qui avaient besoin d’un correspondant à Londres. J’étais au bon endroit au bon moment.

Cette expérience m’a amené à constater à quel point la famille royale et la reine Élisabeth II étaient au centre de la vie sociale et médiatique du pays. C’était hors de proportion. Des tabloïds et magazines londoniens s’en donnaient à cœur joie à couvrir les moindres détails de la vie de la famille royale, avec l’aide de photographes et journalistes paparazzi. Ceux-ci ont d’ailleurs été accusés par le tribunal populaire d’être responsables de la mort de Lady Di dans le tunnel du pont de l’Alma à Paris.

La pression des médias envers la reine a été si forte dans la foulée de la mort de Lady Di que la souveraine a été obligée de faire une déclaration télévisée pour calmer le jeu et « sauver la face » de la famille royale, jugée alors peu sympathique à la cause de la princesse.

Cette relation malaisante entre les médias populistes londoniens et Buckingham Palace demeure une constante au cours des dernières décennies.

La reine Élisabeth II, morte jeudi après un règne de plus de 70 ans, a connu les télex, télégraphes et agences de presse dans les années 1950 à des débuts. Elle a terminé sa vie avec les réseaux sociaux et l’internet qui ont considérablement changé la circulation du flot des nouvelles. Et des rumeurs.

La centralisation des communications au service de presse de Buckingham Palace a été la marque de commerce de la reine, qui laisse à son fils Charles, désormais le roi Charles III, une maison en ordre, mais déstabilisée par sa mort et le départ du prince Harry et de sa femme Meghan Markle, il y a quelques années.

Parlant de Charles III, j’ai eu la chance de couvrir un de ses évènements publics en 1998 à Château de Cardiff au pays de Galles. Un homme avec un sens de l’humour pince-sans-rire et relativement facile d’accès. J’y étais pour l’agence Reuters, alors britannique, et étant « The Reuters Man » disons que la conversation qui s’en est suivie était fort agréable.

Malgré tout cela, on peut affirmer que Charles III aura bien de la difficulté à faire oublier sa mère et que sa popularité personnelle n’est pas très élevée.

Il aura beaucoup à faire pour changer cela au cours des prochaines années s’il n’abdique pas d’ici là pour laisser la place au prince William.

Sur le plan médiatique, les journaux et médias britanniques n’oublieront jamais son adultère avec Camilla Parker alors qu’il était marié à la princesse Diana. Son air froid et hautain n’a aidé en rien.

La fixation des médias britanniques envers la famille royale est loin d’être une chose du passé, comme on a pu le constater jeudi lors de l’annonce du décès d’Élisabeth II. La famille royale demeure au centre de l’écosystème médiatique du pays et continue à alimenter les rumeurs les plus folles.

Sur un plan plus personnel, le Château Windsor a commandé en février dernier deux exemplaires de mon plus récent livre publié aux Presses de l’Université Laval (PUL) sur la vie d’un peintre royal britannique méconnu (Henry Daniel Thielcke) qui a vécu à Buckingham Palace de 1788 à 1820 sous les règnes de George III et George IV, les ancêtres de la reine Élisabeth. Il a aussi été actif à Québec de 1831 à 1854.

J’ose espérer que la reine, qui était régulièrement au Château Windsor, a trouvé un certain réconfort ou intérêt dans cet essai, qui fait le pont entre l’histoire de la famille royale britannique et l’histoire de l’art et de la peinture au Royaume-Uni et au Québec à cette époque. Elle était une grande francophile et je suis heureux que le Service des collections royales de Buckingham Palace ait collaboré étroitement avec moi pour la publication de ce livre.

La Reine est morte. Vive la Reine ! Et bonne chance à Charles III. Il en aura bien besoin.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion