Nos collaborateurs posent un bref regard sur le premier débat des chefs de la campagne électorale

Françoise David

Un moment fort ?

Le débat de jeudi soir a été étourdissant. Mes petits-enfants ados m’ont dit : « Ça paraît que ces gens-là n’ont pas suivi le cours d’ECR (Ethique et culture religieuse). Ils sont nuls dans le dialogue ! » Exagéré ? Peut-être un peu… mais franchement, je ressentais par moments une sorte de découragement. C’est ça, un débat ? Un premier ministre qui change de sujet dès qu’une question ne lui convient pas ? Des discussions cacophoniques ? Donc, difficile de trouver LE moment qui m’aurait vraiment allumée. Deux allocutions, peut-être. Celle de Paul St-Pierre Plamondon, à la fin du débat, qui nous invite au dépassement, au pays. Celle de Gabriel Nadeau-Dubois, aussi à la fin, qui en appelle à une solidarité intergénérationnelle pour construire un Québec résistant aux changements climatiques et plus juste.

Puis-je espérer un prochain débat moins acrimonieux, dans l’esprit d’un véritable dialogue ? Pour que les auditrices et auditeurs soient mieux informés et inspirés.

Benoît Pelletier

Quelques jours avant les débats télévisés, les chefs de parti s’affairent à baisser les attentes, question de surprendre favorablement les électeurs. Pendant le débat de TVA, les cinq chefs m’ont impressionné.

François Legault a bien répondu à Éric Duhaime sur la question de la pandémie : « Vous avez tiré dans le fond de la chaloupe », lui a-t-il répondu. C’est la preuve qu’une image vaut mille mots. Un peu plus tard, Éric Duhaime a dit à François Legault avec un air repentant : « J’ai voté pour vous, parce que je vous ai cru. » J’ai adoré.

Dominique Anglade s’en est très bien tirée. Sa phrase « La meilleure maison des aînés, c’est celle dans laquelle ils vivent actuellement » a fait mouche. Elle a aussi rendu hommage à Pauline Marois dans le dossier des CPE. C’était habile. Il est clair cependant que sa position sur la loi 96 est dure à soutenir. L’idée que l’on ne doive pas diviser les Québécois entre eux ne doit pas être un absolu. Après tout, la « paix linguistique » est certes une bonne chose, mais elle ne doit pas se faire au détriment du français.

Louise Beaudoin

Qui a gagné ?

Les téléspectateurs qui ont survécu à la cacophonie des 10 premières minutes ont sans doute constaté le dynamisme des deux plus jeunes chefs : Gabriel Nadeau-Dubois et Paul St-Pierre Plamondon.

Paul St-Pierre Plamondon s’est démarqué tout au long du débat par son ton et son approche, reconnaissant par exemple les bonnes idées des autres. Il a aussi tenu tête, avec succès, à François Legault sur la langue, la surtaxe pour les pétrolières, les mesures à prendre contre l’inflation. Et quelle conclusion : rappelant l’héritage de René Lévesque et celui des Patriotes avec émotion. Belle dernière impression.

Quant à GND : on l’aime ou pas, mais il était à l’aise et efficace, particulièrement en vis-à-vis avec Dominique Anglade sur la langue et la bizarre instrumentalisation par la cheffe libérale de l’indépendance dans un débat sur la santé mentale.

Il flottait jeudi un petit air de fossé entre les générations.

Catherine Morissette

Mon moment fort du débat des chefs est, à mon grand étonnement, la prestance de Gabriel Nadeau-Dubois.

Il est dans l’espace public depuis 10 ans et je l’ai toujours perçu, malgré son élection comme député et son ascension à la tête de son parti, comme quelqu’un ayant du potentiel. Eh bien, jeudi soir, il a démontré qu’il avait maintenant pleinement réalisé son potentiel et qu’il était un leader positif des plus remarquables.

Je commence même à penser que si Québec solidaire développe sa fibre entrepreneuriale, continue à se faire discret sur la souveraineté et recrute des candidates et candidats dégageant la même énergie que leur chef parlementaire, on pourrait avoir des surprises dans les prochaines années.

Mention spéciale à Pierre Bruneau qui demande à Éric Duhaime s’il avait l’intention de gérer les finances du Québec comme il gère ses finances personnelles. Question qui est restée sans réponse…

Joanne Marcotte

Le moment fort qu’on me demande de partager avec vous m’est venu d’un texto d’une jeune femme qui m’écrivait tout juste après le débat. « GND est turbo solide », m’écrit-elle.

Et moi de soupirer… car elle avait raison… en partie. Gabriel Nadeau-Dubois est un débatteur redoutable. Et en politique, la personnalité des chefs est souvent ce qui compte le plus pour qui, par faute de temps ou pour toute autre raison valable, ne peut creuser les programmes politiques des partis.

Alors voici un léger aperçu de ce programme. Québec solidaire propose à la classe moyenne de nouvelles taxes massives et punitives et de surimposer les successions, ce qui est ni plus ni moins la confiscation de l’héritage soigneusement bâti par des générations soucieuses de laisser plus que ce qu’elles ont elles-mêmes reçu de la vie.

QS veut aussi nationaliser les bus, les chemins de fer, veut créer Réseau-Québec pour remplacer l'internet. Il y a aussi la nationalisation des industries de production d’énergies renouvelables, celle des abattoirs, ainsi que celle de l’industrie pharmaceutique. GND propose aux citoyens des sacrifices brutaux au nom du fantasme que le Québec doit « sauver la planète ».

Oui, turbo solide, ce GND ! Mais absolument pas crédible.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion