Depuis le dévoilement des chiffres sur le déclin du français au Québec et partout au Canada par Statistique Canada il y a quelques semaines, des levées de boucliers s’observent partout. Les uns plaident pour un renforcement de la législation sur la langue (loi 96), les autres pour une meilleure sélection des immigrants.

Le déclin du français dépeint par l’organisme fédéral est aussi tributaire d’un autre vent contraire qui prend la forme d’une véritable tornade culturelle : les nouvelles technologies et les GAFAM. Le Devoir nous apprenait jeudi dernier que, selon NETendances, « les internautes québécois ne sont plus que 64 % à utiliser principalement la langue de Tremblay, une diminution de 12 % par rapport à 2020 ».

Une chute aussi précipitée du français sur le web est tout à fait stupéfiante. Elle s’ajoute à celle constatée dans la sphère culturelle en général où la place du cinéma et de la télé en français ne cesse de décroître au profit des plateformes américaines comme Netflix, Disney et Amazon, surtout chez les jeunes. Quant à la musique québécoise, elle est tout simplement sous respiration artificielle.

Selon l’Institut de la statistique du Québec, seulement 9 % de la musique écoutée par les Québécois sur le web provenait d’artistes de la province en 2021.

C’est donc maintenant sur tous les fronts que le français doit se battre. En tant que langue d’usage et langue de travail sur une portion de plus en plus large du territoire (Montréal et Gatineau en particulier), comme langue d’intégration pour les immigrants, mais aussi comme langue de communication et même comme langue de loisirs et de divertissement. La situation est telle qu’il faut se poser la question : quel est l’avenir d’un peuple qui, dans tous les aspects de son existence, s’éloigne de sa fibre identitaire, le français, et de sa culture spécifique, d’un peuple qui imagine et rêve de moins en moins dans sa langue ?

Une idée tombée dans l’oubli

À défaut de réaliser une souveraineté politique rejetée par la majorité des Québécois, il faudrait au moins revenir à cette vieille idée maintenant tombée dans l’oubli, que même les fédéralistes défendaient autrefois : la souveraineté culturelle. Celle-ci repose sur un certain nombre d’initiatives comme le renforcement des lois linguistiques, une meilleure sélection des immigrants, mais aussi, une véritable politique culturelle avec des moyens véritables pour la promotion du français et de la culture québécoise. Mais une telle politique fera chou blanc sans l’apport du fédéral.

C’est là que le bât blesse. Car sans l’encadrement des GAFAM attendu du gouvernement canadien (taxation, imposition, contribution à la création de produits francophones, etc.), et sans des initiatives comme la révision du mandat du CRTC (attendue bientôt à Ottawa) et peut-être même celui de Radio-Canada, les efforts du Québec seront un coup d’épée dans l’eau. Et c’est sans compter que la Cour suprême du Canada charcutera peut-être bientôt la loi 96 destinée à mieux protéger cette langue que nous disons chérir, mais que nous négligeons de plus en plus.

Constatez vous-même. Outre le PQ et quelques montées de lait du premier ministre, qui parle de souveraineté culturelle pendant cette campagne du Québec alors que l’attention des partis est monopolisée par l’inflation et les baisses d’impôt ? Parce que, bien sûr, la survie de la seule société francophone d’Amérique n’a absolument rien à voir avec les proverbiales « vraies affaires »…

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