Il est coutume dans les médias, à la veille d’un important rendez-vous électoral, qu’on se demande quelle sera la question qui va motiver, influencer et possiblement déterminer le résultat des élections. Bref, la « question de l’urne » !

Cette quête de l’élément décisif d’un scrutin prend de plus en plus de place dans les analyses préélectorales. Ainsi, le 8 novembre prochain, lors des élections de mi-mandat aux États-Unis, tous les observateurs se demandent quelle sera la question de l’urne. Est-ce qu’il y en aura une qui sera dominante, voire déterminante ?

Les nombreuses préoccupations des électeurs

Les élections de mi-mandat approchent à grande vitesse. Le principal enjeu – le contrôle du Congrès – représente un grand défi pour le président Joe Biden et pour les démocrates. À l’heure actuelle, les sondages restent favorables aux républicains pour remporter la majorité à la Chambre des représentants. La récente remontée des démocrates donne cependant espoir au parti de garder la majorité au Sénat, alors que le tiers des sièges est en jeu dans cette chambre.

Ultimement, on peut se demander si ces élections seront un référendum sur Joe Biden alors que son taux d’approbation reste autour de 40 % à 45 %, mais la question n’est pas aussi simple.

Avec le plus haut taux d’inflation en 40 ans, l’économie demeure une préoccupation dominante. La hausse du coût de la vie touche le portefeuille de l’électeur, ce qui a un effet direct sur lui. En outre, la récente décision de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole de réduire de la production du pétrole ne fera rien pour faire fléchir la hausse des prix à la pompe.

Il faut reconnaître qu’il y a d’autres préoccupations importantes dans l’espace public américain. Les questions reliées à l’avortement, dont la garantie d’accès a été renversée par la Cour suprême avec sa récente volte-face sur le jugement Roe c. Wade, sont omniprésentes. Et cela semble motiver beaucoup d’électeurs démocrates.

S’ajoutent à cela les problèmes de fonctionnement du système d’immigration, la hausse de la criminalité dans les grandes villes, les enquêtes en cours concernant les évènements du 6 janvier 2021, et les récentes perquisitions à la résidence de l’ancien président Donald Trump. Ces sujets mobilisent la couverture médiatique et contribuent au suspense quant au résultat des élections du 8 novembre.

Le dossier de l’immigration complique davantage la donne. Les États associés au Parti républicain tels que la Floride, le Texas et l’Arizona en font une question nationale en expédiant des migrants vers des villes bien connues pour leur inclusivité et leur accueil des personnes migrantes sans documents, comme New York et Boston. Ces actions sont certes fort controversées, mais elles sont loin de favoriser le parti du président Biden, alors que la situation de l’immigration a empiré de façon générale au cours de la dernière année.

Par ailleurs, les démocrates ont réussi à transformer la question de la démocratie américaine en enjeu électoral. Les audiences publiques sur les évènements du 6-Janvier et le discours de certains républicains qui met en doute la légitimité de la victoire de Joe Biden en 2020 renforcent les préoccupations des électeurs concernant l’état de la démocratie dans leur pays. De récents sondages indiquent que la « survie de la démocratie » sera un enjeu principal pour plusieurs électeurs, ce qui pourrait servir de contrepoids favorable aux troupes de Joe Biden.

Le Sénat, un enjeu capital

À trois semaines du scrutin, et contrairement à ce qui s’annonçait en juin dernier, aucune question de l’urne ne prédomine l’actualité. C’est dans ce contexte que le Sénat devient le champ de bataille le plus convoité, mais également celui dont l’issue est la plus complexe à prévoir.

Actuellement, les 100 sièges du Sénat sont répartis également entre les démocrates et les républicains, à 50 sièges pour chacune des deux formations.

Comme elle préside le Sénat, la vice-présidente démocrate Kamala Harris a la capacité de briser cette égalité afin de permettre aux démocrates de légiférer. Cela a bien servi l’administration Biden durant les deux dernières années en permettant de nombreux accomplissements législatifs. Ainsi, perdre le contrôle du Sénat serait un échec monumental pour la formation de M. Biden.

Alors que plusieurs États sont à suivre, chaque course semble avoir sa dynamique. Tout récemment, le leader républicain au Sénat, Mitch McConnell, a émis des réserves en ce qui concerne des recrues républicaines et leurs compétences. Selon lui, ces recrues, qui sont appuyées en grande partie par Donald Trump, pourraient compromettre les chances des républicains de prendre le contrôle du Sénat.

Bref, pour la première fois depuis longtemps, il semble qu’il n’y aura pas de question de l’urne précise qui déterminera le sort de ces élections de mi-mandat. Cela va compliquer assurément les analyses et les perspectives politiques d’ici au prochain grand rendez-vous électoral, l’élection présidentielle de 2024.

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