Alors que la campagne électorale qui doit mener aux élections de mi-mandat aux États-Unis tire à sa fin, il est juste de prévoir que le scrutin du 8 novembre nous réserve des surprises.

Depuis le printemps dernier, trois vagues de sondages ont démontré que l’électorat est particulièrement sensible aux soubresauts de l’actualité. Jusqu’à la mi-juin, on prévoyait dans la plupart des sondages une victoire, pour ne pas dire une « vague », des républicains dans les deux chambres du Congrès. Certains voyaient même une répétition de la déroute du président Bill Clinton aux mains des républicains en 1994, ou encore de celle de Barack Obama en 2010. Dans les deux cas, les difficultés économiques et l’impopularité du président en poste après seulement deux ans ont eu un effet très important.

Le jugement rendu en juin dernier par la Cour suprême, qui a invalidé l’ancien jugement Roe c. Wade qui donnait accès à l’avortement depuis 50 ans, a donné un deuxième souffle aux démocrates.

Les sondages démontraient une remontée de ces derniers et plusieurs prévoyaient une courte victoire des républicains à la Chambre, assortie d’une forte probabilité que les démocrates conservent le Sénat.

Depuis une dizaine de jours, la dernière mouture des sondages indique que les républicains reprennent du terrain et que la question de l’inflation est en train de devenir la principale considération par les électeurs dans plusieurs États.

Sur les 435 sièges en jeu à la Chambre des représentants, les républicains n’ont qu’à en renverser cinq pour prendre le contrôle de cette chambre. Sans doute, la hausse du coût de la vie, et notamment de l’épicerie et du carburant, sera dominante dans les choix de l’électorat. Comme fut le cas dans le passé avec d’autres présidents qui ont subi des pertes lors d’élections de mi-mandat, le président Joe Biden dispose d’un faible taux d’approbation qui oscille entre 42 % et 45 %.

Quant au Sénat, les républicains n’ont qu’à faire un seul gain parmi les 35 sièges qui sont en jeu (ce qui représente le tiers des 100 sièges que compte le Sénat) pour contrôler le Congrès et le calendrier législatif pour la deuxième moitié du mandat de l’administration Biden.

Sénat : l’avantage aux républicains

À quelques jours du scrutin, des sondages parmi les plus réputés laissent entrevoir des courses serrées dont les résultats pourraient s’inscrire dans la marge d’erreur. Bien que les questions économiques semblent compter parmi les principales considérations pour les choix de l’électorat à la Chambre des représentants (malgré un taux de croissance de 2,6 % au dernier trimestre aux États-Unis), on voit que ce n’est pas nécessairement cet enjeu qui domine les luttes au Sénat.

Les sièges actuellement détenus par les démocrates sont à surveiller, et notamment en Arizona, en Géorgie et au Nevada. Quant aux républicains, la Pennsylvanie, le Wisconsin et l’Ohio risquent d’être les plus contestés. Les enjeux dans chacun de ces États semblent plus axés sur les personnalités et les compétences des candidats en lice et dans certains cas, sur l’issue d’un débat télévisé.

Aussi, le « facteur Trump » est souvent de la partie. Car, l’ancien président Donald Trump ne lésine pas sur les interventions publiques fort marquées.

Cela étant, force est de reconnaître que les républicains ont repris du terrain. La mobilisation de leur électorat et l’organisation du terrain sont des facteurs déterminants qui les avantagent depuis les dernières semaines.

La démocratie américaine : le véritable enjeu à long terme

Les premiers indices du vote anticipé indiquent qu’on pourrait avoir un taux de participation record. Au-delà de l’économie, malgré la possibilité d’une récession et l’omniprésence de l’inflation galopante, le taux de criminalité, l’immigration illégale à la frontière du sud, les soins de la santé, les retombées du jugement Roe c. Wade, et le contrôle des armes sont aussi de la partie. Ce sont tous des sujets qui semblent motiver fortement les électeurs.

Il n’en demeure pas moins qu’une préoccupation de l’électorat concerne l’avenir de la démocratie américaine. Toutefois, même si cette priorité semble avoir subi un recul dans les derniers sondages depuis la remontée effectuée par les démocrates en septembre, elle demeure toujours de la partie. On peut d’ailleurs prévoir que les lendemains des élections risquent de raviver les inquiétudes de la population à cet égard.

PHOTO THOMAS PEIPERT, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Autocollants « I Voted » à un bureau de scrutin de Cheyenne, au Wyoming

Le tout récent attentat contre le mari de la présidente de la Chambre, la démocrate Nancy Pelosi, est un rappel indiquant que la violence guette parfois la classe politique. Puis, à ce jour, Donald Trump et ses plus fervents partisans n’acceptent pas la défaite de 2020 et continuent de mettre en doute la légitimité de l’élection de Joe Biden.

Le clivage intense entre démocrates et républicains au Congrès, la remise en question du processus électoral, le déni de la victoire de Biden par plusieurs républicains ainsi que les différends concernant les évènements du 6 janvier 2021 seront encore de la partie après le 8 novembre. Peu importe les résultats !

Bref, les résultats de ces élections de mi-mandat vont déterminer le contrôle du Congrès et les suites pour la présidentielle de 2024. Mais, bien au-delà de qui va contrôler le Congrès pour les deux prochaines années, le véritable enjeu qui risque de dominer le spectre politique américain à moyen et long terme est vraisemblablement l’état de la démocratie. Malheureusement, cela n’augure rien de bon. De grands défis s’annoncent pour nos voisins du Sud.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion