Dans son article sur l’avenir du Parti libéral du Québec (PLQ), publié dans La Presse le 28 octobre1, Jérôme Turcotte, un ancien président de la commission politique du parti, rappelle que « l’histoire nationaliste du PLQ regorge d’épisodes où les libéraux du Québec ont dû s’ancrer fermement dans les aspirations collectives de la majorité francophone sans pour autant perdre de vue leur idéal libéral ».

M. Turcotte nous rappelle que « c’est d’abord Louis-Joseph Papineau qui rallie des Irlandais (vert), des Canadiens français (blanc) et des Anglais (rouge) sous un drapeau tricolore pour remplacer l’arbitraire monarchique par un principe démocratique ; c’est Louis-Hippolyte La Fontaine qui s’oppose à l’unilinguisme anglais de l’Acte d’Union ; ce sont les rouges d’Antoine-Aimé Dorion qui s’opposent à l’adoption de la Constitution de 1867 sans consultation populaire préalable ; c’est Honoré Mercier qui invente l’autonomie provinciale en rappelant que la fédération a été créée par les provinces et non l’inverse ; c’est Georges-Émile Lapalme qui crée le ministère de la Culture ainsi que l’Office québécois de la langue française ; c’est Jean Lesage qui occupe au maximum les champs de compétence provinciale, qui nationalise l’électricité ; c’est Robert Bourassa qui fait du français la seule langue officielle du Québec et qui promeut la souveraineté culturelle de son peuple ; c’est Claude Ryan qui s’oppose au rapatriement unilatéral de la Constitution en 1982 ; c’est Robert Bourassa qui essaie de réintégrer la fédération dans l’honneur et l’enthousiasme, qui rapatrie des pouvoirs en immigration et qui utilise la clause dérogatoire le temps de forger un nouveau compromis linguistique après un jugement défavorable à la loi 101 ».

J’ajouterais que nous devons aussi au PLQ la Révolution tranquille, la création du ministère de l’Éducation, le réseau des cégeps et de l’Université du Québec, la Caisse de dépôt et placement, Investissement Québec, la Charte québécoise des droits et libertés et l’assurance maladie. L’idéologie libérale comportait la séparation de l’Église et de l’État sous Gustave Joly de Lotbinière dès 1869, la première loi sur le chômage sous Louis-Alexandre Taschereau en 1936, le droit de vote des femmes sous Adélard Godbout en 1940.

Benoît Pelletier, avocat constitutionnaliste émérite et ex-ministre libéral, publiait un article dans le journal Le Devoir du 22 octobre dans lequel il propose plusieurs pistes de réflexion pour assurer l’essor du Québec à l’intérieur de la fédération canadienne.2

Il y a notamment la délégation de pouvoirs en matière d’immigration, de télécommunications, d’environnement, d’encadrement du pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral, de reconnaissance de la vocation et du rôle du Québec à l’international. Il y a aussi la possibilité d’adoption unilatérale d’une constitution pour le Québec. Dans le cadre du fédéralisme canadien, le Québec dispose en effet du pouvoir de se doter unilatéralement de sa propre constitution, du moment qu’elle reste compatible avec la Constitution du Canada. Cette constitution pourrait, par exemple, traiter de l’interculturalisme, de l’égalité des sexes, de la francité, de la protection de l’environnement, du développement durable, de la laïcité de l’État, etc.

André Pratte, ex-éditorialiste de La Presse, dans un article de L’actualité publié le 7 octobre, nous renvoie à l’article 1 de la constitution du PLQ qui affirme que la philosophie du parti repose sur « la primauté de la personne, les libertés individuelles et le droit de chacun de réaliser ses aspirations dans le respect d’autrui ». Cet article doit en tout temps guider les prises de position du PLQ. « Le PLQ est la seule formation politique de la province qui fait de ces droits son principal ancrage. C’est un héritage précieux, que les libéraux n’ont pas le droit de gaspiller pour des gains illusoires », affirmait M. Pratte. « Le nationalisme du parti est enchâssé dans sa constitution, qui fait de la promotion des intérêts du Québec dans la fédération canadienne un de ses principes fondamentaux. »

Si on fait l’addition de ce qui précède et si le passé est garant de l’avenir, on voit apparaître l’ADN du PLQ : un parti qui ne s’en laisse pas imposer par Ottawa, résolument progressiste, nationaliste, centriste, démocratique, fédéraliste et pragmatique, « audacieux, sans être désinvolte », disait Benoit Pelletier.

Le PLQ pourrait commencer par ça.

1. Lisez « Parti libéral du Québec : plus de 150 ans d’histoire… mais encore ? » 2. Lisez « Que le PLQ se lève ! » Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion