Les passages pour piétons existaient déjà il y a plus de 2000 ans, comme en témoignent les ruines de Pompéi.

Les premiers feux de circulation, alimentés au gaz, sont apparus en Angleterre au XIXe siècle. C’est en 1914, aux États-Unis, qu’apparaîtront les premiers feux de signalisation fonctionnant à l’électricité. Ceux-ci sont bicolores avec déjà les couleurs rouge et vert pour interdire ou autoriser le passage. Étonnamment, ces feux étaient sonores, non pas pour permettre aux personnes aveugles ou malvoyantes de traverser la rue en sécurité, mais plutôt pour alerter les automobilistes encore peu habitués à la nouvelle signalisation lumineuse. Depuis, de nombreux changements dans la conception et la signalisation routière sont survenus, qui misent aujourd’hui davantage sur la sécurisation des piétons.

De plus en plus, des feux piétonniers permettent aux piétons de commencer à traverser la rue avant que les conducteurs de véhicules ne reçoivent un signal vert, ce qui permet d’accentuer la visibilité des piétons tout en renforçant leur priorité sur les automobilistes. Cette stratégie de circulation permet donc de mieux contrôler le comportement des automobilistes face aux piétons. Bien qu’elle soit plus avantageuse pour les piétons âgés ou à mobilité réduite, elle peut néanmoins prêter à confusion et créer une ambiguïté pour les piétons non voyants en raison de l’absence d’indice sonore pour traverser au même moment que les piétons voyants.

Disponibles depuis de nombreuses années, mais encore trop peu intégrés aux aménagements piétonniers, les feux sonores sont des dispositifs qui communiquent des informations sur la synchronisation des signaux pour piétons dans des formats non visuels. De nombreuses études soutiennent que ces feux améliorent indéniablement la traversée pour les piétons aveugles, et elles ont démontré aussi que les piétons voyants commencent également à traverser plus rapidement la rue. D’autres recherches ont constaté que les informations transmises par les signaux sonores augmentent l’attention de tous les usagers de la route et peuvent contribuer à réduire les conflits piétons-véhicules et les collisions aux intersections.

Actuellement, les normes de signalisation routière du Québec en matière de feux sonores ne respectent pas les fondements de l’accessibilité universelle et négligent aussi les principes de l’inclusion qui favorisent l’aménagement de parcours sans obstacle pour toutes et tous.

Pourtant, la politique gouvernementale À part entière préconise l’approche inclusive, qui suppose de prévoir, dès la conception, un environnement qui tient compte des besoins de l’ensemble de la population, y compris des personnes handicapées. Selon cette approche, ce n’est pas aux personnes de s’adapter à des environnements qui ne sont pas conçus pour elles, mais plutôt à la société de tenir compte de la diversité des citoyens qui la composent.

Étant donné que de plus en plus de traverses à de nombreux carrefours sont dotées d’un signal lumineux pour les uns et parfois d’un signal sonore pour les autres, ne serait-il pas opportun d’établir une signalisation piétonne qui, tant dans sa conception que dans sa signification, soit sans équivoque pour tous les usagers de la route ?

Que se soit un feu de circulation, un feu piéton ou encore un signal sonore, la signalisation routière est un outil de communication essentiel avec tous les usagers de la route. Elle doit être conçue et installée de manière à aider les usagers tout au long de leurs parcours en leur évitant hésitations et fausses manœuvres.

La signalisation doit permettre aux usagers d’anticiper les dangers et leur servir de guide en leur indiquant la route à suivre.

Plusieurs municipalités se sont engagées à rendre les lieux et espaces publics universellement accessibles et certaines ont même exprimé la volonté d’assumer un leadership concernant la sécurisation des piétons. Cependant, malgré leurs obligations légales et les orientations gouvernementales du Québec, aucune d’entre elles n’a, à notre connaissance, de plan d’action à l’égard de la sécurisation des traverses pour les piétons non voyants.

À l’issue de la consultation publique « La traversée des rues : mesures d’accessibilité universelle et mobilité active », la Ville de Montréal osera-t-elle se doter d’une signalisation piétonne intégrée qui permettrait à tous les piétons de s’informer en choisissant leur mode de signalisation pour s’assurer de traverser en toute sécurité ? Avec une telle stratégie de signalisation innovante et audacieuse, une personne aînée ou à mobilité réduite pourrait obtenir un décompte numérique prolongé, une personne aveugle, choisir un signal sonore, ou une personne analphabète, identifier les noms de rue par message vocal. Montréal se distinguerait par cette approche d’accessibilité globale et intégrée offrant une signalisation et des aménagements piétonniers plus sécuritaires, mais surtout plus accessibles pour toutes et tous.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion