Au moment où les enjeux de santé mentale se font sentir plus que jamais au Québec, la ligne d’écoute de nuit d’Interligne se voit menacée. À moins de recevoir des réponses positives aux nombreuses demandes de financement effectuées, notre organisme sera contraint de fermer ce service le 31 mars prochain.

L’une de ces demandes, adressée au gouvernement de la CAQ il y a deux ans, demeure toujours sans réponse. Or, le rôle du gouvernement est primordial, puisqu’il est le seul subventionnaire à pouvoir offrir un financement récurrent qui aiderait à pérenniser notre service.

À l’heure actuelle, le financement d’Interligne est majoritairement lié aux appels à projets. Bien que ce type de financement soit essentiel pour l’organisme, il oblige celui-ci à être dans une constante culture de développement, sans jamais stabiliser sa mission principale.

De plus, les rehaussements octroyés du soutien à la mission sont mineurs en raison d’une culture dominante du saupoudrage parmi l’ensemble des organismes du Québec. Si l’on compare Interligne à d’autres ressources équivalentes, spécialisées auprès de la jeunesse ou en prévention du suicide, on constate qu’Interligne reçoit environ le tiers de ce que reçoivent ces organismes en financement récurrent.

À quelques jours du dépôt du budget 2023-2024, une question s’impose : « Dans le contexte actuel, est-ce que le Québec peut se permettre de perdre une ressource en santé mentale ? »

Service distinctif

Fondé en 1980, Interligne est d’abord né sous le nom de Gai Écoute. Depuis son premier jour, notre organisme joue un rôle unique et indispensable en santé mentale auprès de communautés marginalisées et de leur entourage. Opéré par et pour les personnes LGBTQ+, Interligne peut compter sur une équipe d’intervention composée d’universitaires dans les domaines de la psychologie, du travail social et de la sexologie. Cet élément distinctif, à la différence des organismes publics, met en évidence l’importance de soutenir notre service.

Alors que notre organisme voit son service de nuit menacé d’une fermeture, le gouvernement Legault argumente avec nonchalance que la ligne du 811 prendra le relais si le service d’Interligne vient à disparaître.

Cet argument, mentionné publiquement à l’Assemblée nationale, fait état d’un grand manque de compréhension et de considération de notre travail.

Il est important de rappeler que les personnes LGBTQ+ sont surreprésentées dans les enjeux de santé mentale en raison du stress qu’elles vivent. Dans le contexte sociétal actuel, il m’apparaît plus qu’évident que personne n’a avantage à voir disparaître une ressource aussi essentielle et spécialisée. Il est donc primordial que le sous-financement d’Interligne, qui perdure depuis des décennies, cesse pour permettre à l’organisme de réaliser pleinement sa mission. Soulignons qu’en raison de ce sous-financement, les personnes qui réalisent la mission d’Interligne le font dans des conditions salariales difficiles, ce qui perpétue la discrimination envers ces minorités.

À l’aube du dépôt du budget 2023-2024, Interligne a plus que jamais besoin d’un acte de leadership du gouvernement du Québec pour briser le statu quo. Est-ce que les personnes LGBTQ+ ayant recours au service de nuit d’Interligne peuvent finalement compter sur votre gouvernement, Monsieur Legault ?

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