L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) annonce de nouveau, encore cette année, une hausse des tarifs du transport collectif : « Les tarifs du transport collectif augmenteront de 3 % cette année dans le Grand Montréal. Les usagers de Longueuil et Laval, ulcérés par la hausse qui avait été encaissée en 2022, auront toutefois droit au gel de certains tarifs.1 » Inflation oblige, nous dit-on.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, annonçait pour sa part, le 19 avril dernier, la gratuité du transport collectif pour l’ensemble des ainés résidant sur l’île de Montréal. C’est très bien. Mais on se pose néanmoins la question : à quand la tarification sociale ?

Pour bon nombre de personnes à faible revenu à Montréal, qui n’ont d’autres moyens de se déplacer que le transport collectif, les services de plus en plus réduits de la Société de transport de Montréal (STM), ces tarifs de 94 $ par mois (zone A, soit 1128 $ par année) sont déjà très élevés. Et la question se pose depuis quelques années maintenant : payons-nous pour la majorité absente ? Pour ces usagers qui ont massivement déserté les transports collectifs depuis 2020 ?

Car depuis la pandémie, en effet, bon nombre d’usagers ont délaissé les transports en commun au bénéfice de la voiture, privant ainsi la STM d’importants revenus annuels. Et cette portion, ce sous-financement des transports en commun, est loin d’être négligeable. Cela représente un trou financier de 78 millions, qui menace le niveau de service pour l’année en cours2.

Ces déserteurs des transports en commun ont non seulement les moyens financiers, eux, apparemment, de se déplacer en voiture, mais ils polluent davantage, émettant plus de GES qu’auparavant. On le sait depuis longtemps et les études en ce sens le confirment : les ménages riches émettent trois fois plus de CO2 que les pauvres3.

Et pourtant, on ne cesse de demander à ces derniers, à ces gens qui ont le moins de moyens, en transports et financiers, de payer toujours un peu plus cher pour moins de services.

Ces mêmes riches ménages, qui plus est, subissent moins les conséquences de leurs actes que les pauvres : « Plus une personne est riche, plus elle émet de gaz à effet de serre (GES) et moins elle subit les conséquences déjà présentes du dérèglement du climat.4 »

Si l’on souhaite réellement une transition verte, juste et équitable au Québec, il faudrait d’abord et avant tout soutenir les gens qui utilisent déjà les transports en commun et qui sont donc moins pollueurs que les automobilistes, au lieu de leur faire payer le prix des pertes financières et des manques à gagner de la STM et des autres.

Pour être conséquent avec notre discours vert et cette transition énergétique tant souhaitée, il serait donc grand temps de faire payer les riches pollueurs pour le transport collectif, pas les pauvres et les plus démunis de notre société. À quand, donc, la tarification sociale pour les usagers du transport collectif, tant à Montréal que sur l’ensemble du territoire québécois ?

1. Lisez l’article « Transport collectif : des tarifs en hausse de 3 % dès juillet » 2. Lisez l’article « Budget de la STM : un trou de 78 millions, le niveau de service menacé pour 2023 » 3. Lisez l’article du Devoir « Les ménages riches émettent trois fois plus de CO₂ que les plus pauvres » 4. Lisez la chronique « Les dollars ne sont pas verts » Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion