Fin juin 2021, un dôme de chaleur historique recouvre la Colombie-Britannique, la température atteignant 49,6 degrés au centre de la province. Cet évènement météorologique extrême est le plus meurtrier à qui se soit jamais abattu sur le Canada. Le bureau du coroner conclut que la vague de chaleur a causé 619 décès dans la province. Dans la région de Vancouver, cet évènement climatique fait plus de morts en moins d’une semaine que la COVID en un an.

Les évènements météorologiques extrêmes se multiplient, et le Québec n’y échappe pas, comme en témoignent les inondations historiques de 2011 dans la vallée du Richelieu, de 2017 et 2019 dans le sud-ouest du Québec, la vague de chaleur qui a fait 62 morts à Montréal en 2018, les tornades dévastatrices qui ont ravagé Gatineau la même année et l’ouragan Fiona qui s’est abattu sur les îles de la Madeleine en 2022. La tempête de pluie verglaçante du week-end de Pâques et les inondations de ce printemps sont des rappels douloureux de notre vulnérabilité face à un climat qui se déchaîne.

Si on ne peut attribuer un seul évènement météo à l’effet des changements climatiques, la science indique que le dérèglement du climat augmente la fréquence et l’intensité des évènements météorologiques extrêmes. Les assureurs sont bien au fait du phénomène, comme les gouvernements qui font face à une croissance exponentielle des coûts des dévastations causées par ces catastrophes de moins en moins naturelles.

Tout cela se produit alors que le réchauffement planétaire dépasse à peine 1,1 degré. Qu’en sera-t-il dans 25 ans alors que nous dépasserons 1,5 degré de réchauffement et que nous nous rapprocherons des 2 degrés ?

L’urgence climatique n’est plus une vue de l’esprit. La crise climatique arrache des routes, efface le littoral, détruit les récoltes, souffle des maisons, fauche des vies et engloutit les économies de milliers de personnes chaque année. Devant un tel bilan, on s’attendrait à une mobilisation tous azimuts pour renforcer notre résilience et protéger les plus vulnérables d’entre nous. Or il n’en est rien, et il est urgent de changer de cap.

Une courtepointe de mesures

La plupart des plans d’adaptation des municipalités et des gouvernements se résument à ce jour à produire des études, à planter des arbres et à mettre à niveau certaines infrastructures sans véritable plan d’ensemble. C’est le cas notamment à Montréal et dans les grandes villes du Québec. Il en résulte une courtepointe de mesures qui n’ont pas d’effet véritable sur la résilience d’ensemble de nos infrastructures et de nos communautés. L’absence de financement conséquent pour l’adaptation est un obstacle majeur, mais le Québec manque aussi d’une vision d’ensemble, d’une stratégie globale qui renforcerait notre résilience sur l’horizon 2050.

Il est encore temps de déployer une stratégie d’adaptation conséquente.

Le renouvellement de notre parc d’infrastructures s’effectue sur des décennies et en commençant maintenant, nous pouvons profiter de la réfection de nos infrastructures vieillissantes pour les mettre à niveau et renforcer notre résilience, et ce, à moindre coût.

Dès maintenant, partout au Québec, nous devons éliminer les îlots de chaleur urbains, et plus aucune rue ne devrait être refaite sans y prévoir des mesures de verdissement qui permettent de réduire la chaleur ambiante et de capter l’eau de pluie. Si nous commençons en 2035 ou en 2040, nous manquerons de temps, et les coûts se paieront en milliards de dollars et en vies brisées. C’est pourquoi la conclusion d’un pacte vert entre Québec et les municipalités, assorti d’un financement de 2 milliards par année, constitue un point de départ essentiel.

Une véritable stratégie d’adaptation nécessitera du temps, des ressources financières, des cibles concrètes et une approche cohérente sur l’ensemble du territoire dans l’objectif de diminuer la vulnérabilité climatique de l’ensemble des Québécois. Cette stratégie devra non seulement s’attarder à la mise à niveau de nos infrastructures routières, énergétiques, pluviales ou autres, mais aussi identifier les populations les plus à risque pour renforcer la résilience de leurs milieux de vie. Le Sommet Climat Montréal qui se tiendra les 9 et 10 mai prochains permettra de mesurer l’écart à combler pour en arriver à une véritable stratégie d’adaptation, et les moyens à déployer pour accélérer la cadence.

Bien entendu, la stratégie d’adaptation la plus payante demeure de limiter le réchauffement climatique en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre. S’adapter à un réchauffement de 1,5 degré est infiniment plus facile que de s’adapter à un réchauffement supérieur à 2 degrés, en présumant qu’une telle chose est possible. Mais nous ne pouvons plus ignorer cet enjeu de santé et de sécurité publique. Il est désormais aussi urgent de nous adapter que de réduire nos émissions. Les catastrophes météorologiques des dernières années ont sonné l’alarme. Il est temps d’agir.

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