La crise climatique est sans doute la plus grande menace à la santé de nos collectivités. C’est le constat auquel en arrive l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, dans un rapport publié en octobre dernier, tout comme bien d’autres professionnels de la santé au Québec et au Canada. D’ailleurs, la Dre Mylène Drouin, à la direction régionale de santé publique de Montréal, soulève l’importance de s’attaquer aux défis climatiques qui affectent particulièrement la santé des communautés les plus vulnérables.

C’est pourquoi nous décidons à la Fondation familiale Trottier d’agir pour la décarbonation et la résilience du réseau de la santé au Québec. Cela dit, notre implication ne se substitue pas aux gouvernements du Québec et du Canada, qui se doivent d’agir également.

Le secteur de la santé contribue à près de 5 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’échelle nationale et mondiale, il importe donc de réduire son empreinte carbone et de s’assurer qu’il ne nuise pas à la santé même des populations qu’il doit protéger.

À cet égard, le National Health Service (NHS) au Royaume-Uni est souvent cité comme étant LA pratique de référence en la matière, s’étant doté de cibles climatiques ambitieuses et de plans d’action rigoureux intégrés à même les processus décisionnels ainsi que de budgets consacrés à l’atteinte de la carboneutralité d’ici 2040. Voilà ce vers quoi nous devons tendre ici aussi au Québec et au Canada.

Pour ce faire, il faut que tous puissent pousser la roue, qu’il s’agisse des établissements de santé et de services sociaux, des organisations non gouvernementales ou encore du secteur communautaire. Bien entendu, l’implication des gouvernements est essentielle et se doit d’être exemplaire en la matière.

Le rôle de la philanthropie

Nous croyons également que le secteur philanthropique peut et doit jouer un rôle dans cette démarche structurante. Voilà pourquoi notre Fondation a annoncé dans le cadre du Sommet Climat Montréal un investissement de 2 millions de dollars par an pour les cinq prochaines années (10 millions au total) afin de réduire les émissions de GES du réseau de la santé ainsi que de contribuer à sa résilience.

La philanthropie a une longue tradition d’investissements en santé (16 % des dons au Canada en 2018), que ce soit pour la recherche médicale ou en santé publique et communautaire, cependant, très peu de sommes sont investies en environnement (4 % des dons au Canada en 2018).

Sans délaisser l’approche traditionnelle à laquelle nous continuons de souscrire, nous croyons que le financement philanthropique en santé peut aller plus loin en y intégrant les considérations climatiques et environnementales.

Aujourd’hui, nous tendons donc la main à nos collègues du secteur philanthropique afin qu’ils emboîtent le pas dans cette direction.

Mais ne soyons pas dupes, la philanthropie à elle seule ne peut se substituer au rôle que l’État doit jouer face à cet enjeu de taille. C’est pourquoi nous interpellons également les décideurs afin qu’ils intègrent des cibles climatiques ambitieuses au sein du système de santé et positionnent celui-ci comme un pilier essentiel de l’atteinte de nos objectifs climatiques, à l’instar du NHS au Royaume-Uni.

De telles cibles, accompagnées de plans d’action crédibles et de budgets, enverraient un signal clair à la poignée de professionnels de la santé qui mènent à bout de bras les efforts visant à rendre notre système de santé carboneutre, résilient et exemplaire en matière de pratiques médicales écoresponsables. Qui plus est, cela mettrait de l’avant la nécessité d’intégrer les notions climatiques et environnementales à même la formation de ces professionnels, comme le préconise l’Organisation mondiale de la santé par l’approche « Une seule santé » (One Health).

Après trois ans de pandémie, notre système de santé est à bout de souffle. Cette fatigue ne sera qu’exacerbée par les pressions climatiques qui ne s’estomperont pas de sitôt. Profitons donc de la réforme du système de santé en cours pour y inscrire des objectifs climatiques lui permettant d’être plus sobre en carbone, mais aussi plus résilient.

À ce défi, nous répondons « présents » et nous espérons que nos dirigeants répondront à l’appel tout autant !

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