Il arrive parfois des hasards. Il se trouve qu’en cette semaine de la Saint-Jean-Baptiste, je terminais l’excellente biographie de Jacques Parizeau écrite par Pierre Duchesne. Un ouvrage majeur, que je recommande à tous les jeunes qui, comme moi, n’ont pu vivre les grands moments de l’idée qui les anime, l’indépendance du Québec.

Ce ne fut pas facile, ces dernières années, de s’affirmer souverainiste. Tant de ricanement, tant d’échecs consécutifs. J’ai longtemps souhaité pouvoir revivre la frénésie de la fin du siècle dernier, un moment où il me semblait si bon d’être en vie pour quelqu’un qui a mes idées. Étrangement, alors que je plongeais ces dernières semaines dans la vie de Monsieur, alors que je revivais, un peu, ces grands évènements, l’actualité m’a semblé bien cruelle.

Il y eut d’abord cette prise de bec entre le chef du Bloc québécois, Yves-Francois Blanchet, et la députée (souverainiste) de Québec solidaire Ruba Ghazal. M. Blanchet reprochait à l’élue solidaire d’avoir voté pour le NPD aux dernières élections fédérales…

Et puis cette histoire, cette bien triste chicane entre Émile Bilodeau et Méganne Perry Mélançon, la porte-parole du Parti québécois (PQ). Le chanteur, qui sera l’animateur de la soirée de la Saint-Jean sur les plaines d’Abraham à Québec, est un souverainiste orange. Il n’apprécie pas du tout la loi 21 et a souhaité la « mort » du PQ (il s’est excusé pour ces propos). C’est, semble-t-il, suffisant pour que le Parti québécois boycotte la petite cérémonie protocolaire en marge de la fête nationale.

Alors que j’étais absorbé par les luttes au sein du cabinet Lévesque sur la marche à suivre afin d’atteindre la souveraineté, les héritiers politiques de ces hommes semblaient mener un petit pugilat sur ce qu’est être un souverainiste.

Un combat, ces gens m’excuseront de le dire, qui me semblait bien triste à observer. L’histoire bégayait devant mes yeux.

Depuis quelques mois, et grâce à l’excellent travail de M. St-Pierre Plamondon, un vent plus favorable souffle sur le navire indépendantiste. Ce n’est certainement pas une raison pour commencer à enlever des voiles.

Cessez-le-feu

Aujourd’hui, bâtir une union officielle, entre les différentes sensibilités souverainistes, semble relever du rêve. En revanche, une unité officieuse peut être construite immédiatement. Pour cela, je demande un cessez-le-feu.

Notre option est affaiblie par ces querelles verbales intestines qui ne font que faire rire nos adversaires. Nous tous, simples militants, élus, chroniqueurs, nous avons une responsabilité historique. Rejetons le sectarisme, rejetons l’insulte.

La souveraineté n’est pas conditionnelle à une politique précise ; si elle le devient, elle cesse d’être la souveraineté du Québec, mais devient la souveraineté d’un Québec (inscrivez votre idéologie) exclusivement.

Non, mener une politique souverainiste, ce n’est pas mener telle ou telle politique économique, sociale ou culturelle. C’est chercher à obtenir les moyens afin de mener telle ou telle politique. Voilà notre projet, c’est un projet de reprise du pouvoir, c’est seulement après avoir retrouvé notre pouvoir que nous pourrons discuter de ce que nous faisons avec.

Chaque insulte qui se profère, c’est une personne de moins qui sera prête à pousser à la roue au moment venu. Chaque commentaire méprisant, c’est un homme blessé de plus que la rancune éloignera de notre rêve. Militants souverainistes de tous horizons politiques, cessons de nous nuire. Le grand soir est encore loin, il faudra travailler fort, et même si l’union politique semble illusoire, un pacte de non-agression serait déjà le premier pas sur le chemin de l’alliance.

Un grand homme, Bernard Landry, disait : « L’indépendance en soi n’est ni à gauche ni à droite, elle est en avant. »

Marchons.

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