En réplique au texte de Vincent Fortier, « Décarbonation des bâtiments : Hydro-Québec doit être un allié et non un frein », publié le 21 juin

Dans son texte publié le 21 juin, le professeur et conseiller municipal Vincent Fortier demande à Hydro-Québec de clarifier ses orientations quant à la place du gaz dans le secteur des bâtiments.

Nous tenons d’abord à le rassurer : en plus d’être une alliée de la décarbonation, Hydro-Québec a de grandes ambitions en la matière. Cependant, pour que nous puissions atteindre nos objectifs, il est nécessaire de mettre en œuvre les principes de l’électrification efficace, ce qui implique pour certains bâtiments le recours à d’autres sources d’énergie pendant la pointe hivernale.

Lisez la lettre d’opinion de Vincent Fortier

Pour réussir la transition énergétique, nous bénéficions d’un coffre à outils bien rempli de programmes et d’aide financière, qui comprend entre autres : LogisVert, les thermopompes, les accumulateurs de chaleur, la tarification dynamique, Hilo et l’offre biénergie.

L’a b c de la biénergie

La biénergie est une mesure de décarbonation efficace qui permettra une diminution très importante, rapide et au meilleur coût des émissions de GES des bâtiments. Il n’est pas réaliste de penser que les systèmes de chauffage de tous les immeubles du Québec pourront être convertis à l’électricité à 100 % du jour au lendemain.

La transition énergétique met une pression immense sur le réseau électrique. Si nous choisissions la voie du tout-électrique dans le secteur du bâtiment, d’autres chantiers de la transition ne pourraient être réalisés au rythme voulu.

Fruit d’une entente inédite avec Énergir, l’offre biénergie à l’électricité et au gaz naturel (à ne pas confondre avec la biénergie qui fait appel au mazout) permet de diminuer énormément et dès maintenant la consommation de gaz naturel dans le chauffage des bâtiments.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Siège social d’Énergir, à Montréal

L’objectif ? Remplacer les chaudières au gaz naturel de la clientèle actuelle d’Énergir par des systèmes biénergie utilisant la grande majorité du temps l’électricité, notre énergie propre. Lors des pointes de consommation, par grands froids, le réseau de gaz naturel prendra le relais, évitant ainsi d’ajouter une charge importante sur le réseau électrique à des moments où il est déjà fortement sollicité.

Les clients qui dépendent aujourd’hui du gaz naturel à 100 % seront donc alimentés à l’électricité à hauteur d’au moins 70 %, selon la rigueur de l’hiver. Résultat ? Une réduction de 540 000 tonnes de gaz à effet de serre (GES) à l’horizon 2030.

Soyons clairs : l’idée n’est pas de soustraire Hydro-Québec à son obligation de desservir la nouvelle clientèle résidentielle ou commerciale. D’ailleurs, la clientèle visée par l’offre biénergie est essentiellement la clientèle existante d’Énergir.

Cependant, nous savons que certains nouveaux bâtiments, surtout des entreprises, choisissent le gaz. Dans leur cas, la biénergie s’avère une solution beaucoup moins émettrice de GES que les systèmes entièrement au gaz naturel. De plus, Énergir s’est récemment engagée à faire appel à 100 % au gaz naturel renouvelable, dès 2024, pour les nouveaux raccordements à son réseau.

L’importance de se concerter

Il importe que l’offre biénergie puisse être déployée. Nous comprenons que les municipalités souhaitent adopter des règlements ayant pour objectif de réduire les émissions de GES sur leur territoire et nous partageons cet objectif. Nous souhaitons travailler de concert avec elles afin de les accompagner dans la mise en place des bonnes stratégies de décarbonation tout en tenant compte de la vision d’ensemble à l’échelle du Québec.

C’est ce que nous avons voulu faire valoir par nos interventions auprès des municipalités dans les dernières semaines. Nous participons d’ailleurs au parcours de décarbonation que l’Union des municipalités du Québec (UMQ) a mis en place et annoncé aux assises de l’organisation, en mai dernier.

Bref, Hydro-Québec continuera à être un puissant allié du développement social et économique du Québec, et ce, y compris dans le chantier de la décarbonation des bâtiments.

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