Lorsque les médecins ont bénéficié deux fois plutôt qu’une de la manne ministérielle, ils sont devenus, avec une rémunération globale qui dépasse les 7 milliards de dollars, parmi les mieux payés au Canada. Selon la Dre Isabelle Leblanc, présidente du Regroupement des médecins québécois pour le régime public, beaucoup de médecins étaient contents de bien gagner leur vie, mais ils seraient plus heureux si leurs augmentations pouvaient servir à améliorer le système.

Lors du sommet économique de Davos de 2008, tout juste avant la crise financière qui a ébranlé le temple de l’économie mondiale, Bill Gates a introduit son concept de capitalisme créatif 1 et il concluait : « Il faut améliorer le système économique et lui donner deux missions : faire des profits et en faire profiter les autres. ». Peu de temps après, son ami Warren Buffett ajoutait : « Si par exemple vous aviez 3 % de l’impôt des entreprises qui serait consacré et administré par des gens du milieu des affaires, ils pourraient s’investir en santé, en éducation et dans d’autres activités où le gouvernement joue un rôle important. » Il n’y a pas eu de suivi, mais comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, les médecins pourraient être les premiers à s’investir et investir, et si tout le monde s’y met, les montants ne seront pas considérables. Ainsi, ce plan de relance motiverait les entreprises à contribuer à un fonds consacré et géré par la Caisse de dépôt et placement du Québec sous le vocable d’organisme sans but lucratif (OSBL).

Je me permets de faire référence à la Cleveland Clinic où j’ai fait un fellowship. Cet OSBL de réputation mondiale a été qualifié par le président Barack Obama de l’établissement de santé le plus productif et à moindres coûts. Plusieurs projets pourraient être lancés ou développés davantage.

Le patient partenaire

Ce concept déjà bien amorcé repose sur la contribution du patient à la prise en charge de sa condition en collaboration étroite avec l’équipe traitante. À titre d’exemple, les cliniques d’insuffisance cardiaque déjà en place à l’échelle provinciale ont démontré leur efficacité exceptionnelle : elles améliorent la qualité de vie des patients, évitent les visites à l’urgence et diminuent les hospitalisations.

Le dossier patient informatisé

Pour faciliter l’intégration des soins, les patients pourraient disposer d’un résumé de leur dossier et le présenter lorsque leur médecin n’est pas disponible, qu’ils doivent se rendre à l’urgence, voir un consultant, lorsqu’ils sont en voyage ou jouent les « snowbirds » en Floride.

Du CPE au CPA

Le maintien à domicile est de plus en plus favorisé. Les petits enfants n’étant pas autonomes, ils requièrent qu’on s’occupe d’eux, et le centre de la petite enfance (CPE) répond très bien à cette attente, tant pour les enfants que pour les parents. Les personnes âgées en perte d’autonomie pourraient bénéficier de l’équivalent dans un centre pour personnes âgées (CPA), tant pour elles-mêmes que pour les aidants.

Des zones franches extra-hospitalières

Le terme a été introduit par le Ministère pour désigner un espace de salle d’opération d’un hôpital disponible pour un autre hôpital. Ça peut très bien s’appliquer à un centre médical spécialisé (CMS) qui dispose d’installations pour la chirurgie d’un jour (ambulatoire) alors qu’elle surcharge les blocs opératoires des hôpitaux aux prises avec d’énormes listes d’attente. L’expérience des patients de Sacré-Cœur opérés à la clinique Rockland MD est probante et d’autres CMS se sont ajoutés, mais le mode de financement n’est pas finalisé et surtout l’utilisation pertinente des ressources humaines doit absolument éviter de cannibaliser le système public.

D’autres initiatives comme la pertinence des soins, l’accueil clinique, la télémédecine, la robotique et l’intelligence artificielle s’ajouteront en s’adressant au niveau opérationnel du système et permettront de créer un climat d’échange et de collaboration entre le Ministère et les établissements et un milieu de travail plus agréable et plus efficace pour le plus grand bien des patients.

1. Creative capitalism. Michael Kinsley, N.Y., 2008

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