Le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC) a été une véritable bouée de sauvetage pour de nombreuses PME durant la pandémie. Bon nombre d’entre elles n’auraient pas survécu sans ce prêt qui, pourtant, les empêche aujourd’hui de garder la tête hors de l’eau.

La pandémie a été marquée par l’incertitude, les confinements et les restrictions. De nombreuses entreprises étaient incapables de fonctionner normalement. Un restaurant pouvait être autorisé à ouvrir ses portes avec un nombre de places limité une semaine, puis être contraint de servir uniquement des commandes à emporter la semaine suivante.

Une salle d’entraînement qui venait d’offrir un cours de spinning pouvait être obligée de l’annuler la semaine suivante. C’est dans ce contexte qu’a été créé le CUEC, qui permettait aux entreprises et aux organisations sans but lucratif d’obtenir jusqu’à 60 000 $ de prêt sans intérêts pour les aider à s’adapter aux contraintes imposées pendant la pandémie et à garder leurs portes ouvertes. À l’échelle nationale, près de 900 000 propriétaires de PME ont reçu une approbation de prêt au titre du CUEC.

L’aspect le plus intéressant du prêt du CUEC est la portion subvention, qui permet aux emprunteurs de convertir jusqu’à 33 % du prêt (20 000 $ maximum) en subvention s’ils remboursent leur prêt d’ici le 31 décembre 2023. Mais la date limite arrive à grands pas et de nombreux propriétaires de PME ne seront pas en mesure de le rembourser à temps.

Un an de plus, voire deux

En mars 2023, des données de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) montraient que seulement 10 % des PME avaient remboursé intégralement leur prêt du CUEC tandis que 43 % des bénéficiaires risquent de ne pas pouvoir le rembourser avant la fin de 2023. Il n’est donc pas surprenant de constater que près des trois quarts (72 %) des propriétaires de PME souhaitent que la date limite du remboursement soit reportée d’au moins un an, voire de deux ans.

Les entrepreneurs croyaient pouvoir tourner la page à la fin de la pandémie, mais c’est loin d’être le cas.

En plus du fait qu’environ la moitié d’entre eux ont toujours des revenus sous la normale, ils doivent composer avec les perturbations des chaînes d’approvisionnement, les pénuries de main-d’œuvre, les hausses de taxes et des taux d’intérêt ainsi que l’inflation. Tous ces facteurs augmentent leurs coûts d’exploitation. Leurs revenus sont bas, leurs bénéfices le sont encore plus.

Malgré ces conditions difficiles, les PME doivent payer leurs employés, les taxes sur la masse salariale, leurs fournisseurs, leurs frais généraux et effectuer des versements aux gouvernements pour les taxes de vente. La perspective d’avoir à rembourser leur prêt du CUEC, qui s’ajoute à toutes les autres obligations dans un contexte économique difficile, est décourageante et démoralisante. Bon nombre de propriétaires de PME y voient une source de stress personnel et d’anxiété financière.

Ces raisons, en plus d’autres pressions, font en sorte que près de 20 % des entreprises du pays, soit presque 250 000 d’entre elles, pourraient devoir fermer leurs portes dans l’année qui vient.

Le gouvernement fédéral a donné un bon coup de main aux PME, qui ont relevé des défis incroyables durant la pandémie. Mais la partie n’est pas terminée. Elles ont maintenant besoin de plus de temps pour rembourser leur prêt du CUEC et ainsi bénéficier de sa portion subvention. Le report de la date limite de remboursement est vital pour permettre aux PME de s’en sortir.

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