Réagissant à la lettre d’Ugo Monticone1 concernant la centrale thermique au mazout des Îles-de-la-Madeleine, l’auteur propose l’utilisation de biocarburants à partir de déchets comme solution durable et locale

Les enjeux reliés à la pollution et aux émissions de GES de la centrale de production d’électricité au mazout des Îles-de-la-Madeleine reviennent régulièrement dans les médias.

Cette centrale, qui consomme 40 millions de litres de mazout annuellement, génère à elle seule plus de 125 000 tonnes de GES (soit l’équivalent d’environ 40 000 voitures par année), en plus de polluer l’air et l’environnement de ses habitants. Il est essentiel de trouver une solution à ce problème, non seulement pour les Îles-de-la-Madeleine, mais aussi pour toutes les centrales des réseaux autonomes du Québec qui représentent la majorité des émissions de GES d’Hydro-Québec.

Certes, il faut applaudir la venue des deux éoliennes maintenant en service. Cependant, depuis qu’Hydro-Québec a renoncé à construire son câble sous-marin pour raccorder les Madelinots à son réseau en raison des coûts prohibitifs, il est impératif d’identifier et de mettre en place rapidement une solution durable pour que le Québec atteigne ses objectifs de réduction d’émissions de GES d’ici 2030.

Une solution locale

La solution se trouve dans notre cour ! Enerkem, une entreprise québécoise, a mis au point une technologie unique au monde, validée par de grandes entreprises telles que Suncor et Shell pour transformer les déchets en biocarburants.

Enerkem est à construire, avec des partenaires stratégiques incluant le gouvernement du Québec, la plus grande bioraffinerie au monde.

En effet, à compter de 2025, Recyclage Carbone Varennes, située sur la Rive-Sud de Montréal, produira 125 millions de litres de méthanol à partir de déchets et de biomasse résiduelle forestière dont la majorité aurait été envoyée à l’enfouissement.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Conférence de presse du premier ministre François Legault concernant le projet Recyclage Carbone Varennes (RCV), en partenariat avec Enerkem, en décembre 2020

La technologie d’Enerkem fait littéralement d’une pierre, deux coups : d’une part, elle est une solution à la gestion des déchets en évitant l’enfouissement et les émissions de méthane qui en résultent et, d’autre part, le biocarburant produit permet de remplacer l’utilisation de carburants fossiles, réduisant ainsi les émissions de GES de façon substantielle tout en assurant une indépendance énergétique.

Une solution polyvalente

Le biométhanol peut servir à produire différents types de biocarburants utilisés, entre autres, par les secteurs dits difficiles à décarboner : les secteurs de l’aviation et maritime, le transport lourd, l’industrie lourde et la production de chaleur et d’électricité en régions éloignées, comme dans le cas de la centrale thermique des Îles-de-la-Madeleine.

Sécuritaire, propre et local, le biométhanol produit par la technologie d’Enerkem permet des réductions d’émissions de plus de 85 % par rapport au mazout.

En ajoutant de l’hydrogène renouvelable à son procédé, la technologie d’Enerkem permet de recycler deux fois plus de carbone présent dans les déchets et, par le fait même, de doubler sa production de biocarburants.

PHOTO FOURNIE PAR ENERKEM, ARCHIVES LA PRESSE

L’usine de biocarburants d’Enerkem à Edmonton, en Alberta

C’est une solution de choix, non seulement pour la conversion de la centrale des Îles, mais également pour les 21 autres réseaux autonomes d’Hydro-Québec, principalement situés dans les communautés éloignées du Nord québécois. De plus, la conversion de la centrale de Cap-aux-Meules au biométhanol permettrait de protéger les emplois liés à la centrale.

Dans le contexte actuel où l’on prévoit une pénurie d’électricité, les biocarburants sont des alliés fiables et durables pour compléter la transition énergétique. Les secteurs qui ne peuvent pas être électrifiés directement peuvent être décarbonés par les molécules vertes.

La discussion actuelle sur le développement des énergies renouvelables au Québec doit nécessairement inclure les biocarburants. Les solutions durables et locales existent, il ne manque que la conviction des décideurs pour réduire de façon substantielle l’empreinte carbone des Québécois.

1. Lisez la lettre d’opinion « Énergie thermique et éolienne : une catastrophe écologique méconnue… aux Îles-de-la-Madeleine » Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion