Le Québec est plongé en plein été, et le temps qu’il fait, une vieille tradition chez nous, alimente les discussions, fait la manchette. Mais, cette fois, pas uniquement pour savoir s’il fera beau pour accueillir la famille, les amis : les médias rapportent quotidiennement des records de chaleur battus ici et là, mettant l’enjeu des changements climatiques au cœur de l’actualité.

Pendant ce temps, une vaste transformation industrielle se déploie. Par exemple, les grands producteurs automobiles, pour les batteries électriques dont la fabrication requiert beaucoup de minéraux, s’allient à des sociétés minières. Sans surprise, l’industrie des mines est en pleine ébullition : elle s’est placée au cœur de la transition énergétique.

À preuve, l’Agence internationale de l’énergie vient de publier, pour la toute première fois, un bilan des investissements non pas énergétiques, mais miniers dans le monde⁠1. Le rapport nous apprend que le marché des minéraux nécessaires aux batteries, panneaux solaires, éoliennes et autres technologies propres a doublé, en à peine cinq ans.

On aura en effet bien besoin de cobalt, de cuivre, de lithium, de nickel pour poursuivre la course à la fabrication de ces équipements liés à la transition, une industrie dans laquelle la Chine a pris depuis 10 ans une avance considérable.

Aux États-Unis, en août qui vient, on soulignera la première année de l’adoption de l’Inflation Reduction Act (IRA), cette costaude loi proclimat de quelque 400 milliards de dollars : des analyses seront produites, et elles indiqueront vraisemblablement une hausse considérable des investissements liés à la transition énergétique chez notre voisin.

Fait intéressant à noter, ces investissements se font souvent dans des États républicains, plus ruraux, avec de plus grands espaces pour accueillir des éoliennes, des parcs solaires, de grandes usines de batteries⁠2. Un atout qui devrait permettre à l’IRA de perdurer, même s’il y a un changement de la garde à Washington avec la prochaine présidentielle en 2024.

Le Canada, on le sait, a suivi le mouvement en faveur des énergies propres, il ne pouvait faire autrement : des crédits d’impôt ont été adoptés lors du dernier budget fédéral, au printemps, y compris pour l’hydroélectricité, un précédent.

Un plan stratégique de rupture

Et le Québec dans tout cela ? L’ancienne direction d’Hydro-Québec, sous Sophie Brochu, a livré en 2022 un plan stratégique qui marquait une rupture, prenant fait et cause pour la transition.

Ce document reste une excellente feuille de route, identifiant avec précision les grands défis de l’évolution nécessaire du réseau électrique : efficacité énergétique, résilience, développement de la production, hydroélectrique et éolienne notamment, et interactivité, bidirectionnalité dans la relation client.

Interactivité, car le citoyen pourra, et devra, jouer dorénavant un rôle bien plus actif dans la gestion de sa consommation, ce qui sera fort utile en période de pointe.

Le Québec tient présentement une consultation sur les énergies propres, et les rapports doivent être soumis au plus tard le 1er août : le jour même de l’entrée en fonction d’un nouveau PDG à Hydro-Québec, Michael Sabia, un homme qui en imposera si on se fie à son parcours professionnel d’exception.

On assistera donc à l’automne à l’aboutissement de cette consultation. Avec des mesures législatives et autres favorisant l’adoption de technologies pour une optimisation de notre consommation d’électricité et le développement de nouvelles sources de production : elles permettront d’assurer à terme notre sécurité énergétique.

Un nouveau monde s’ouvre, une nouvelle géopolitique de l’énergie se met en place, un bouleversement économique de grande amplitude prend forme.

De ce qu’on a vu des échanges tenus en mai dernier lors de la consultation en présentiel organisée par le gouvernement, et des discussions depuis, la plupart des acteurs du secteur énergie au Québec sont prêts.

Ils sont sûrs de pouvoir tirer leur épingle du jeu et de contribuer à faire du Québec un phare mondial de la transition énergétique. À l’automne, avec ses mesures, on s’attend à ce que le gouvernement donne le grand signal de départ pour ancrer solidement le Québec dans cette révolution industrielle verte devenue incontournable.

1. Consultez la Critical Minerals Market Review 2023 2. Lisez « Clean Energy Is Suddenly Less Polarizing Than You Think » (en anglais, avec abonnement)

* L’auteur agit actuellement à titre de consultant auprès d’un organisme qui soumet un rapport lors de la présente consultation sur les énergies propres. Cette opinion est indépendante et n’engage que lui-même.

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