Quand on me demande d’où vient ma personnalité féministe, ma réponse est toujours la même : du sport. J’avais 10 ans quand j’ai réalisé que j’étais pénalisée pour la simple et bonne raison que j’étais une fille.

Dès notre plus jeune âge, on apprend que le masculin l’emporte sur le féminin. Que si j’ai « une pomme et un brocoli » le pronom utilisé sera le « ils ».

Je n’ai jamais été choquée par cette explication. Mais lorsqu’est venu le temps de m’expliquer pourquoi l’équipe de soccer masculine avait les meilleurs terrains, ma perception a changé. La raison derrière une telle décision ? Le masculin a priorité sur le féminin. Pour la première fois, cette phrase m’a choquée et l’explication m’a semblé insuffisante.

« Pourquoi ? » a été ma réaction et « c’est comme ça » a été leur réponse. Pourquoi est-ce que l’équipe masculine devrait avoir les meilleurs terrains ?

Pourquoi devrions-nous avoir moins de terrains que nos collègues masculins, alors que nous sommes, nous aussi, les meilleures joueuses du club ?

Quelques années plus tard, la réalité est venue me frapper de plein fouet. Toujours dans une équipe de haut niveau, mais dans une nouvelle association. On nous promet des terrains et plusieurs entraînements avec la présence du directeur technique de l’association. On ressort de cette première rencontre, impressionnées par ce qu’on a entendu.

En fin de compte, l’association a eu raison. Nous avons bel et bien eu nos terrains. Certains troués, en gazon naturel et sans lumière, mais nous avons eu nos terrains. Un entraînement m’a profondément marquée. Les garçons étaient sur le beau terrain synthétique, nous sur celui fait de gazon naturel, sur une petite colline et sans aucune lumière. Alors que l’équipe masculine a fini son entraînement à l’heure normale, nous avons dû finir la nôtre 30 minutes plus tôt en raison du manque de lumière.

On n’avait pas menti non plus sur la présence du directeur technique. Je l’ai vu souvent… lorsque nous avions des entraînements sur un terrain partagé avec les équipes de garçons. Dans toute la saison, le directeur n’est venu à nos entraînements que deux ou trois fois, trop occupé à prendre en charge les autres équipes.

Un problème d’environnement

Depuis les dernières années, on encourage les adolescentes à continuer leur sport. On fait plus de publicité et on a davantage de discussions. Mais il faut se l’avouer, le problème n’est pas le manque de vouloir des jeunes femmes, il réside dans l’environnement du sport.

Il réside dans l’équipement fait par des hommes pour des hommes. Dans l’absence de couverture médiatique de nos équipes féminines. Dans la mentalité des entraîneurs et des parents qui crient « tu joues comme une fi-fille » pour insulter leurs joueurs ou joueuses et leurs enfants.

Si par « jouer comme une fille » vous voulez dire jouer au soccer comme Christine Sinclair/Jessie Fleming, jouer au hockey comme Marie-Philip Poulin/Caroline Ouellette et jouer au rugby comme Magali Harvey, alors vous êtes loin de lancer une insulte.

Pour moi, « jouer comme une fille » veut dire jouer avec du cœur. Pour moi, « jouer comme une fille » veut dire ne pas abandonner malgré les obstacles, le manque de ressources et les commentaires désobligeants. Pour moi, « jouer comme une fille », c’est le meilleur compliment qu’une personne pourrait me faire.

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