Quand les Québécois pensent à la Corée du Sud, ils pensent probablement à la culture de la K-pop, au film oscarisé Parasite, ou encore à la série à succès Squid Game. Lorsque les Coréens imaginent le Québec, ils pensent à l’émission populaire Goblin : The Lonely and Great God, qui met en scène l’emblématique Château Frontenac dans la capitale provinciale. Si la plupart des Québécois ne se doutent pas de l’énorme popularité de la série en Corée et dans les pays avoisinants (Goblin était suivie par plus de 245 millions de téléspectateurs), elle a fait de la ville de Québec une destination touristique de plus en plus courue par les Coréens, désireux de se prendre en photo à côté de la célèbre « porte rouge » du Théâtre Petit Champlain, qui joue un rôle clé dans l’émission.

L’anecdote ci-dessus n’est qu’un exemple de la relation sous-estimée, mais grandissante, entre mon pays et le Québec.

Cette année marque le 60e anniversaire des relations bilatérales entre la République de Corée et le Canada, et c’est le moment idéal pour souligner les liens entre la Corée et la Belle Province.

Dix ans après l’armistice de la guerre de Corée, la République de Corée et le Canada ont entamé des relations bilatérales officielles en 1963. Alors que notre gouvernement se concentre normalement sur les relations diplomatiques au niveau national, une meilleure communication s’amorce entre la République de Corée et le Québec après l’établissement du consulat général de Corée à Montréal en 1980, suivi par l’ouverture d’une antenne économique au Québec en 1991 (elle a été rehaussée au rang de bureau en 2018, avec un mandat élargi). Dans ce cas unique, la République de Corée communique non seulement avec un gouvernement infranational, mais aussi avec un gouvernement qui a sa propre histoire et sa propre voie au sein du système fédéral du Canada.

Dans le cadre de cette relation, la République de Corée et le Québec ont pu conclure des ententes officielles dans des domaines comme l’éducation, en créant un système d’échange bilatéral entre les deux pays et assurant des droits scolaires compétitifs aux étudiants coréens au Québec. Bien sûr, l’exemple le plus récent et le plus significatif de cette coopération est le contingent de 151 pompiers coréens venus au Québec le mois dernier pour aider à lutter contre les incendies de forêt en cours dans la province.

Parlant d’échanges, le Canada compte la quatrième diaspora coréenne en importance au monde, soit environ 240 000 personnes.

Au Québec, cette diaspora est plus réduite (on y compte 10 300 Coréens) que celles de l’Ontario ou de la Colombie-Britannique, mais elle est en croissance constante. D’ailleurs, selon les chiffres du dernier recensement canadien, la population du Québec qui s’identifie comme coréenne a augmenté de près de 30 % de 2016 à 2021.

Les échanges culturels renforceront les liens entre nos deux peuples, tel est un des mandats de l’exposition d’art médiatique Future Voyage : The Time of Adaptation, un partenariat du consulat général de la République de Corée à Montréal et la Société des arts technologiques. Du 15 au 20 août, l’exposition présentera les œuvres d’une douzaine d’artistes coréens et canadiens, sélectionnés par les co-conservateurs coréens et québécois de l’exposition.

Les liens historiques et humains entre la République de Corée et le Québec sont également soutenus par la coopération intra-industrielle dans des secteurs de pointe comme celui des batteries, de l’intelligence artificielle et de l’aérospatiale. Le centre d’intelligence artificielle de Samsung à Montréal et le célèbre institut Mila, ainsi que la formation sur simulateur de vol de CAE pour Korean Air et d’autres transporteurs commerciaux, en Corée en sont de beaux exemples.

De plus, la Corée est appelée à jouer un rôle important dans le secteur en plein essor des batteries de véhicules électriques au Québec grâce à l’arrivée de Volta Energy Solutions Canada à Granby, et de POSCO Future M à Bécancour, qui travaillent dans la construction de feuilles de cuivre et de cathodes, respectivement. Ces développements permettront à la République de Corée et au Québec de dynamiser leurs économies respectives tout en contribuant à la lutte contre les changements climatiques.

Ce qui précède n’est qu’un aperçu de la relation sous-estimée mais grandissante entre la République de Corée et le Québec. En tant que consul général de la République de Corée à Montréal, j’ai l’honneur de contribuer à l’amitié qui unit depuis des décennies mon pays d’origine et mon pays hôte.

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