Depuis le début de la guerre en Ukraine, les dépenses du ministère de la Défense nationale (MDN) font périodiquement les manchettes, soulignant, entre autres, un manque de volonté du gouvernement à atteindre 2 % de son produit intérieur brut en dépenses militaires, même s’il s’était formellement engagé à le faire auprès de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

Le gouvernement arguant qu’il contribue plus que sa part au sein des opérations de l’OTAN, en comparaison de ses autres membres, et que les annonces récentes de ses investissements majeurs dans la Défense démontrent bien qu’il cherche à maintenir une capacité militaire crédible auprès de ses alliés.

Un débat qui fait oublier que le Canada, depuis la fin de la guerre froide, cherche toujours à engranger les bénéfices d’une victoire occidentale, en minimisant ses dépenses militaires au profit, entre autres, de ses programmes sociaux.

Mais voilà, là où le bât blesse, l’après guerre froide n’a pas généré la stabilité anticipée, la fin de l’histoire, comme plusieurs le prédisaient.

Et, même si le contexte international s’est transformé sous l’effet d’une mondialisation qui ne cesse d’intensifier l’interdépendance, l’engagement de nos militaires tant à l’étranger qu’en sol canadien s’est graduellement accru avec des budgets réduits, et des ressources limitées des plus vieillissantes.

Rappelons les années 2000 où le Canada s’engageait militairement en Afghanistan avec des équipements et armements inappropriés. Ce n’est qu’en réalisant leur inefficacité, accompagné de lourdes pertes, que l’on faisait l’acquisition d’un arsenal répondant à cet environnement de guerre, avec, entre autres, un habillement adéquat ainsi que des véhicules, tels que des chars.

Si nos militaires avaient été équipés adéquatement dès le début du conflit, le nombre de pertes de vie, 158, et de blessés, on en comptait 1442 en 2012, aurait été, sans doute, moindre.

On pourrait s’attendre à ce que nos élus aient tiré les leçons appropriées de cette guerre. Malheureusement, la situation perdure.

En plus de mettre en danger nos militaires avec des équipements qui ont dépassé leur vie opérationnelle et qui sont accompagnés de coûts d’entretien qui ne cessent de croître, nos élus ne prêtent guère attention aux besoins réels de nos militaires et à leur sécurité, malgré leurs discours pourtant empathiques.

Comment expliquer qu’en 2023, les militaires doivent acheter leurs brodequins de combat, ceux offerts par le système d’approvisionnement n’étant pas convenables, pour se faire rembourser par la suite ?

Comment expliquer que les recommandations du rapport du Vérificateur général de 2015, endossées par le MDN, sur le logement des militaires tardent toujours à être instaurées ? En juillet 2022, on rapportait que 4500 militaires et leur famille étaient sur une liste d’attente pour un logement, que certains soldats dormaient dans des salles d’instruction et que d’autres demandaient de l’aide à des organismes de charité.

Même le chef d’état-major de la Défense faisait état d’un manque de près de 6000 logements en début de 2023 et qu’il constituait une des ses principales demandes auprès du gouvernement.

Comment expliquer qu’un an après le début du conflit en Ukraine, le MDN réalise que les armements des militaires déployés en Lettonie depuis 2015 sont insuffisants et qu’il faut se procurer rapidement des systèmes d’armes antiaériennes, antichars et anti-drones pour garantir leur chance de survie dans un environnement de guerre conventionnelle ?

Pourquoi nos vétérans sont-ils toujours aux prises avec des services réduits dont les changements fréquents ne font qu’alourdir et ralentir leur accès ? Nos vétérans ne méritent-ils pas un service plus personnalisé, au lieu d’être confrontés à une bureaucratie anonyme, dont les dossiers sont administrés par des sous-traitants ?

On apprenait en mars dernier que le nouveau programme de services instauré à l’automne 2022 avait été chaotique auprès des vétérans et nécessita des changements majeurs pour sa poursuite. Une situation qui ne fut pas sans créer beaucoup de détresse chez les vétérans et leurs proches.

Peut-être que le taux de suicide, d’itinérance et d’insatisfaction serait moins élevé chez les vétérans si les périodes d’attente pour l’obtention d’une aide méritée étaient conformes aux engagements pris par le gouvernement ?

Actuellement, l’attention de nos élus est de s’assurer que les FAC soient plus représentatives de notre démographie et que la culture militaire reflète pleinement les valeurs canadiennes. En effet, tout doit être fait pour s’assurer que le comportement de chaque militaire en soit le reflet quotidien. Après tout, ne sont-ils pas tous des ambassadeurs, lorsqu’en uniforme ?

Mais toute cette énergie et les ressources qui y sont consacrées ne devraient pas être au détriment de celles requises pour le bien-être et la sécurité de nos militaires. Ne sommes-nous pas tenus d’accorder à nos militaires un traitement approprié à la hauteur des tâches que le Canada exige d’eux, souvent au risque de leur vie ?

Nos militaires et leur famille ne devraient pas être perçus comme des citoyens d’une classe inférieure, mais bien avec toute l’admiration qu’ils méritent pour leurs sacrifices et leurs engagements pour la sécurité de l’ensemble des Canadiens et des Canadiennes.

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