Êtes-vous déjà allé à Tokyo ? Dans le quartier Shibuya, il y a une attraction touristique tout à fait unique : des milliers de touristes se rendent tous les jours se filmer entre eux en train de traverser la rue. En théorie, on dit que c’est le passage pour piétons le plus achalandé au monde, mais si on enlève les touristes, ça devient un coin de rue pas mal plus ordinaire dans une région métropolitaine de 37 millions d’habitants.

Nous avons à Montréal une telle infrastructure qui aurait le même potentiel d’attractivité touristique si elle était mise en valeur : le RÉSO souterrain.

La semaine dernière, La Presse nous apprenait qu’un étudiant de McGill avait pris l’initiative d’y améliorer la signalétique du REM et cela a mis en lumière la gouvernance ou l’obscure gouvernance de ce concept souterrain.

Pendant les huit ans que j’ai passés à la Place Bonaventure, je passais tous les jours dans ces couloirs et je ne compte pas les fois où j’ai aidé des touristes perplexes à trouver la ville souterraine en leur disant : « Vous y êtes déjà »… pour ensuite tenter de leur expliquer comment se rendre du square Victoria au Centre Eaton en passant par la Place Bonaventure, la gare Centrale et la Place Ville Marie sans mettre le nez dehors.

Il m’arrivait souvent de partir de mon bureau en plein hiver pour me rendre en veston au Palais des congrès, à la Place des Arts ou même au Centre de conférence de la rue Sherbrooke en restant au chaud, sans prendre le métro.

Le RÉSO a été conçu et développé en 2003 par le designer Jules Bélanger pour faciliter les déplacements dans le Quartier International. Avec l’aide de la Ville de Montréal, Jules Bélanger avait réussi à convaincre les propriétaires immobiliers du centre-ville de participer au financement de la signalétique de ce réseau souterrain qui fait maintenant 33 kilomètres.

Attraction touristique

Vingt ans plus tard, le concept est resté tel quel et une mise à jour s’impose. Les outils technologiques qui n’existaient pas à l’époque permettraient d’en faire un lieu mieux connu des Montréalais, mais surtout une attraction touristique qui pourrait développer son plein potentiel.

D’un point de vue local, on a du mal à comprendre pourquoi on viendrait de loin se promener dans des couloirs pour se rendre aux mêmes magasins que l’on trouve dans tous les centres commerciaux de l’Occident, mais n’oublions pas que le RÉSO demeure la plus grande galerie commerciale au monde !

Pour des touristes, cette balade intérieure un jour de pluie ou de grand froid peut devenir une expérience qu’ils pourraient relater sur les réseaux sociaux. Mais pour l’instant, la plupart du temps, on les voit tenter de s’orienter en regardant la carte.

Une mise à jour s’impose, mais la gouvernance du RÉSO est en hibernation, pour dire les choses poliment. En réalité, personne ne semble être responsable de la pérennité du concept et de la question fondamentale du financement de tout projet d’amélioration.

S’il vient des gens par milliers à Tokyo tous les jours pour en regarder d’autres traverser la rue, il doit y avoir moyen d’en attirer autant pour se vanter d’être passés du Vieux-Montréal à la rue Sherbrooke en février en chaussures sans avoir besoin d’une boussole !

* Philippe Schnobb publiera à l’automne Sans compromis, la biographie de Louise Harel, aux Éditions La Presse.

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