J'ai voulu faire ma contribution au débat en me présentant à l'assemblée générale de l'association facultaire des étudiants en sciences humaines de l'UQAM.

Ce qui saute aux yeux dès les premières minutes du débat, c'est le contrôle total d'un parti, celui de la lutte contre la hausse, sur tout le débat. Il a le contrôle de l'association, de ses revenus, de ses moyens de communication. Il contrôle l'agenda de chaque réunion, et tous les intervenants sont des purs et durs de son option unique.

Après quatre interventions totalisant plus d'une heure de martelage toujours dans le même sens, où toutes les propositions en sens contraire sont rejetées, une plénière donne la parole à tous. Officiellement. Mais dans les faits, la pression est si grande à l'encontre des dissidents, que personne, sauf ceux qui sont du «bon bord», n'ose parler.

Rapidement, le débat quitte la question des droits de scolarité pour se concentrer sur de nombreuses revendications contre la droite, contre le monde des affaires, contre les politiciens. On parle d'un complot pour «mercantiliser» l'éducation, lui retirer son côté public, en restreindre l'accès. On exalte le malheur de ceux «qui se lèvent chaque matin pour aller se faire battre à coup de matraque, se faire briser un genou, ou perdre un oeil». On s'enflamme dans un exercice de «légitimisation» de la violence (on a même parlé de légitime défense, en prononçant le lapsus de «légitime violence» !) On s'émeut dans une série de beaux sentiments portant sur la qualité de la société à laisser à nos enfants, sur la justice, sur l'importance de l'éducation, etc. Sentiments que je partage et qui, je crois, sont partagés par l'immense majorité de la société, mais qui n'ont rien avoir avec le débat.

Dans cette assemblée, personne n'a parlé des faits:

- L'éducation a et aura toujours un coût;

- Ce coût ira toujours en augmentant;

- On demande aux étudiants de ne payer que 17% des coûts de leur propre éducation;

- Il est difficile, parce qu'inéquitable, de faire payer encore davantage les contribuables, qui, pour la majorité, ne feront jamais les salaires de ces universitaires.

Personne n'a parlé de ces faits. Mais ces faits demeurent. On ne peut les éluder en n'en parlant pas. Et ça, il se pourrait bien que la population du Québec l'ait compris; elle appuie le gouvernement à hauteur d'environ 60%. Un gouvernement qui est pourtant si impopulaire! Même les étudiants rejettent la grève à plus de 60%!

Pendant ce temps, le noyau de l'association qui rassemble les plus radicaux, les mieux organisés et les mieux financés (ils ont la totalité des cotisations obligatoires des étudiants) font tout pour garder leur pouvoir. Ils luttent contre le vote démocratique reconnu mondialement: le vote secret, à l'abri de toute forme d'intimidation.